TRIBUNE: Dosso Charles Rodel (ex-ministre) «Tout compromis en dehors de la vérité électorale sera une compromission»

Le 02 février 2013 par Correspondance particulière - «Non à tout compromis en dehors de la vérité électorale »

Depuis le 11 avril 2011, date à laquelle l’ex-rébellion a triomphé de la démocratie ivoirienne sous les bombes de l’armée française, nous savions les Droits de l’Homme enterrés. Mais, il ne nous était jamais venu à l’esprit que désormais un animal proche de M. Ouattara avait plus de droit qu’un Homme demeuré fidèle à M. Laurent Gbagbo, Président enlevé par la Communauté internationale et déporté à La Haye. Malheureusement, la terreur qui s’abat sur la population ivoirienne pour la soumettre à Ouattara le laisse croire. Des emprisonnements en masse, des mutilations incapacitantes volontaires, aux exécutions sommaires, tout y passe sous le regard admiratif des parrains du pouvoir ivoirien, la communauté internationale. Chaque Ivoirien vit dans la peur d’un enlèvement pour refus de reconnaitre l’élection à la bombe de M. Ouattara. Un délit désormais qualifié d’atteinte à la sûreté de l’Etat.
Les Ivoiriens résidents au pays, martyrisés et apeurés, plaçaient beaucoup d’espoir dans la lutte initiée par leurs Frères vivant en exil. Ils gardaient espoir que de l’usage de leur liberté d’expression dans leur quête de vérité sur la tragédie ivoirienne naitrait la lumière qui viendrait chasser les ténèbres qui enveloppent notre Nation. Ils ne comptaient pas avec l’audace de l’homme qui a décidé de faire de la Côte d’Ivoire un cimetière à gérer à sa guise sans aucun regard critique. M. Ouattara certain d’avoir réussi à embastiller la Côte d’Ivoire, embrigadé les plus téméraires des Ivoiriens sur leur terre, s’est lancé sans merci à l’assaut des exilés. Objectif, les réduire au silence afin que la vérité sur ses crimes en Côte d’Ivoire ne se sachent jamais. Il a, pour se faire, mobilisé les hommes et les moyens colossaux pour retrouver et apprivoiser les damnés de son pouvoir vivant hors du territoire. Il a jeté son dévolu sur les exilés au Ghana.
La première victime, Charles Blé Goudé. Arrêté le jeudi 17 janvier 2013 à son domicile à Accra, le ministre Charles Blé Goudé a été extradé vers Abidjan le jour suivant. Sur cette extradition, les commentaires vont bon train. Certains l’accusent de deal avec Abidjan, d’autres par contre évoquent une trahison dont a été victime le Président de la galaxie patriotique. Il aurait été livré par d’autres exilés. En attendant que l’avenir nous éclaire, de ces commentaires abondants souvent contradictoires et passionnés, émerge une vérité : Charles Blé Goudé est effectivement une icône de la lutte anti-impérialisme français en Côte d’Ivoire en qui le peuple ivoirien plaçait beaucoup d’espoir pour sa délivrance. C’est à juste titre que son arrestation et son transfert dans le mouroir ‘’Alassaniste’’ a jeté l’émoi dans ce peuple. Le choc est si grand que l’espoir d’un succès dans la bataille contre la représentation française installée depuis le 11 avril 2011 par une pluie de bombes étrangères semble s’amenuiser. Le scepticisme gagne du terrain.
Alors que nous étions à épiloguer sur les conditions, les implications de l’extradition du camarade et l’incidence sur la lutte, le pouvoir d’Abidjan continue d’étendre son filet sans aucune forme de procédure pour nous ramener tous à lui mani-militari afin de nous imposer la réconciliation pour le plaisir de ses mandants étrangers. Une réconciliation armée pour consolider le pouvoir issu de la démocratie des bombes. Ainsi, nul n’est épargné, à l’exception de quelques uns (suspectés de livrer les autres), tous se trouvent être dans leur viseur. C’est devenu un sauve-qui-peut, tous sommes dans une course folle aux cachettes afin de nous mettre à l’abri dans notre pays de refuge. Le scepticisme grossit.
La délivrance de la Nation, nombreux n’y croient plus. Mettant en opposition les promesses divines et l’acuité de la souffrance du moment, ils commencent à mettre en doute la capacité de Dieu à nous délivrer de la mort qui couvre le pays depuis la matinée du lundi 11 avril 2011. Aujourd’hui plus que jamais, nombreux sont ceux qui rêvent à un strict minimum de compromis avec l’ogre d’Abidjan pour avoir la vie sauve. Ainsi, le mensonge aurait triomphé de la vérité, le mal du bien, les ténèbres de la lumière : C’est l’impasse, la délivrance semble devenir un rêve impossible. Les questions fusent :
- Pourquoi des frères d’exil, partageant le même idéal peuvent-ils livrer d’autres ?
- Pourquoi Ouattara prospère-t-il tant dans la méchanceté ? Que fait Dieu? Aurait-il oublié ses promesses ?
A la première question, sans être exhaustif, trois raisons m’effleurent l’esprit.
Primo, ceux qui livrent leurs frères pourraient intégrer un plan glorieux de Dieu pour leurs victimes. Les voies de Dieu étant insondables, par leur méchanceté ces frères pourraient être des instruments divins afin que Dieu démontre la plénitude de sa puissance dans la situation désespérée provoquée. La cupidité de Judas n’a-t-elle pas envoyé Jésus Christ à la croix pour la gloire éternelle ? N’est-il pas vrai que par méchanceté des frères de Joseph l’ont conduit à la royauté ? C’est à juste titre que Christ pouvait dire «Malheur au monde à cause des scandales ! Car il est nécessaire qu’il arrive des scandales ; mais malheur à l’homme par qui le scandale arrive !». Que ceux qui ont des oreilles pour entendre, entendent ce que l’esprit de Dieu dit aux églises.
Secundo, pendant que nous tendons vers la fin du conflit, chaque Ivoirien doit commencer véritablement à intégrer en lui, la dimension spirituelle de la lutte. En ce sens que les partenaires politiques peuvent être des adversaires dans le spirituel. Nous sommes dans une lutte entre deux forces. Celle du mal et celle du bien. Dans le spirituel, il n’est pas exclu que certains des nôtres en dépit de leur engagement soient sous domination spirituelle du pouvoir passager d’Abidjan. Aussi, agissent-ils sous influence de puissance maléfique et aucune raison humaine ne pourrait expliquer qu’ils livrent leurs frères. Nous arrivons au point de séparation distincte entre les deux forces afin que la victoire de Dieu soit sans ambigüité.
Tertio, la raison la plus répugnante, la quête de gloire personnelle dans une lutte pourtant divine où il est claire qu’à terme, Dieu ne partagera sa gloire avec personne. Nonobstant, ce contour divin de ce combat dont Dieu seul en détient le chronogramme, nos ambitions politiques tendent à la transformer en une lutte hégémonique où les uns veulent écraser les autres. La concurrence semble si forte qu’on ne manque pas d’user de nos appuis sur cette terre étrangère pour nuire à nos propres frères. Heureusement que Dieu dans sa souveraineté permet tout cela pour enrichir les témoignages à sa gloire au jour de la délivrance.
Dans tous ces cas, ayons l’assurance que Dieu lui-même suscite l’adversité pour se glorifier. Mais, si nous demeurons fermes, respectueux de sa parole et de ses interdits, la victoire reste nôtre. Cela est d’autant plus vrai que l’Eternel dit en Jérémie1-19 «Ils te feront la guerre, mais ils ne te vaincront pas ; car je suis avec toi pour te délivrer…». Si nous nous retrouvons dans le filet de l’ennemi, ne récriminons pas vainement contre un frère supposé traître. Accordons-lui notre pardon, recherchons dans notre conduite le manquement aux ordonnances de Dieu et fléchissons genoux devant son trône par une repentance sincère et observons s’il lui est impossible de nous délivrer.
A la seconde série de questions relatives à la prospérité de Ouattara dans le mal et la passivité apparente de Dieu, que puis-je dire d’autre ?
Oui, Ouattara prospère dans le mal. Dans le sang de milliers d’innocentes personnes, il est parvenu au sommet de l’Etat. C’est encore dans le sang de cette innocente population qu’il tente de se la soumettre. En dépit de ses crimes dont la puanteur ne laisse personne désormais indifférente, les chancres des Droits de l’Homme, la communauté internationale ne manque pas de l’encenser. Oui, le démon est angélisé tandis que ses victimes sont diabolisées. Comment cela aurait pu être autrement quant on sait Ouattara un simple agent de celle-ci en mission en Côte d’Ivoire. Oui, le tableau est effectivement sombre. Ouattara vole de victoire en victoire dans l’orgueil et l’arrogance face à des adversaires de plus en plus affaiblis. Le cœur endurci dans le mal, Ouattara marche impitoyablement sur nous. Alors que nos forces déclinent face à l’ennemi plus féroce que jamais, les uns murmurent contre Dieu pour son incapacité à tenir parole et d’autres conscients d’être au terme de toute leur possibilité gardent les yeux rivés sur Dieu par foi ou par résignation. C’est donc l’impasse. On commence à ne plus y croire. Notre attachement à Dieu et à ses promesses de délivrance auraient-ils été vains ?
Oh !!! Que non. Peuple ivoire, ton Dieu est au contrôle. Ce qu’il dit, s’accomplit toujours. Ce qu’il a dit sur la Côte d’Ivoire est en accomplissement et celui-ci tend vers son terme. Car, la Bible dit en Daniel 8(23-25) : «… il s’élèvera un roi impudent et artificieux. Sa puissance s’accroîtra, mais non par sa propre force ; il fera d’incroyables ravages, il réussira dans ses entreprises, il détruira les puissants et le peuple des saints. A cause de sa prospérité et du succès de ses ruses, il aura de l’arrogance dans le cœur, il fera périr beaucoup d’hommes qui vivaient paisiblement, et il s’élèvera contre le chef des chefs ; mais il sera brisé, sans l’effort d’aucune main». Au quotidien, Ouattara fait la démonstration de la véracité de cette parole. L’exercice de son pouvoir est résumé en ces quelques versets. Tranquillise-toi, car la parole de Dieu s’accomplit toujours totalement et parfaitement.
L’impasse dans laquelle tu es, est annonciatrice de ta libération, ton miracle. L’orgueil, l’arrogance, l’endurcissement du cœur, les succès apparents de l’ennemi et notre faiblesse sont à la gloire de Dieu. De l’impasse au miracle divin, il n’y a qu’un seul petit pas. Les enfants d’Israël nous en donnent le meilleur témoignage. Le plus grand miracle de leur vie, la division de la mer rouge en deux pour les y laisser passer pour ensuite engloutir l’armée de Pharaon, a été précédé d’une impasse suscitée et entretenue par l’Eternel lui-même selon qu’il a dit à Moïse en Exode 14(1-4): «Parle aux enfants d’Israël ; qu’ils se détournent, et qu’ils campent…en face de ce lieu…près de la mer. Pharaon dira des enfants d’Israël: Ils sont égarés dans le pays ; le désert les enferme. J’endurcirai le cœur de Pharaon, et il les poursuivra ; mais Pharaon et toute son armée serviront à faire éclater ma gloire, et les Egyptiens sauront que je suis l’Eternel…». La suite est connue. Pendant que le désespoir était à son comble chez les élus de Dieu devant la mer rouge alors que l’ennemi semblait avoir le dessus, la gloire de Dieu s’est manifestée. Israël a été délivré et l’armée de Pharaon engloutie.
Il s’agit du même Dieu. Celui pour qui, il n’y a pas d’impossibilité. Côte d’Ivoire, ton histoire est prophétique. Bientôt, tes pleurs seront transformés en sanglots de joie. Il suffit d’y croire. Accroche-toi à la vérité qui guide ta lutte. Dieu n’abandonne jamais les justes. Que le temps n’est point raison de ta soif de vérité sur les résultats de l’élection présidentielle de novembre 2010. Convaincu qu’aucune armée étrangère ne peut vider le contentieux électoral de ton pays sinon que le recomptage des voix, sois patient et persévérant dans ta quête de vérité et tu verras la majesté divine s’exprimée.
Aux politiques encore en quête de compromis guidés par leur intelligence, il me plait de rappeler modestement encore que tout compromis en dehors de la vérité électorale sera une compromission. Dieu est conscient de notre faiblesse. Il a tendu sa main pour nous aider à sortir victorieux de cette injustice à nous faite par la communauté internationale et leurs sbires. Ne la raccourcissons pas par nos jeux d’intelligence. Restons accrochés à notre quête de vérité des urnes et observons la démonstration de sa puissance. Il n’y a aucun lien entre le jour et la nuit, entre les ténèbres et la lumière, entre la justice et l’injustice. Il ne doit y avoir aucun. Soyons forts, dignes dans l’épreuve. Acceptons de subir le courroux du diable aujourd’hui en toute intégrité afin qu’au jour de la vengeance de l’Eternel, qu’il n’ait aucune confusion entre le diable et nous. Surtout que ce jour n’est plus loin.
Que Dieu nous bénisse !

Fait le 30-1-2013

Le ministre Charles Rodel Dosso