TRIBUNE: DE NOMBREUX AFRICAINS DISENT NE RIEN ATTENDRE DE FRANÇOIS HOLLANDE

Le 12 octobre 2012 par Correspondance particulière - Instruits par le passé, de nombreux Africains disent ne rien attendre du successeur de

François Hollande et Yayi Boni du Bénin.

Le 12 octobre 2012 par Correspondance particulière - Instruits par le passé, de nombreux Africains disent ne rien attendre du successeur de

Nicolas Sarkozy que l’hebdomadaire français Marianne qualifiait à juste titre de “voyou de la République ” tant il est vrai que le “rétablissement de la démocratie ” en Côte d’Ivoire et en Libye n’était pour lui qu’un prétexte pour faire main basse sur “les ressources naturelles de certains pays du continent africain afin d’assurer le bien-être d’une caste de capitalistes et des membres du CAC 40 ”. Peut-être n’ont-ils pas tort car, parvenu au pouvoir en 1981, le socialiste Mitterrand ne mena pas une politique différente de celle de la droite alors qu’on s’attendait à ce que la politique africaine de la France change, à ce que les relations d’État à État prennent le pas sur les relations personnelles. En effet, malgré les dénégations et gesticulations de Juppé, Védrine et Cie choqués d’apprendre que leur pays a une très grande responsabilité dans le génocide rwandais, Patrick de Saint-Exupéry révèle que la France a fourni “pour un million d’euros d’armes en 1991, pour près de trois millions d’euros en 1992, pour plus d’un million d’euros en 1993”, que la présidence rwandaise a reçu “un Falcon 50 pour dix millions d’euros, facture payée par le ministère de la Coopération”. Pour le journaliste français, Mitterrand ne s’est pas borné à livrer armes et munitions à son “ami” Habyarimana pour exterminer les Tutsis. D’après lui, l’ancien président français a dépêché des soldats français sur place pour former les génocidaires. Quant à son fils, Jean-Christophe, en plus d’avoir promis en octobre 1990 d’“envoyer des bidasses au petit père Habyarimana pour que cette affaire soit terminée en trois mois ”, il était plus préoccupé par l'argent et les cadeaux des enfants Eyadema, Bongo et Habyarimana que le sort des opposants traqués ou injustement emprisonnés. Le comble, c’est que F. Mitterrand n'hésita pas à limoger Jean-Pierre Cot, ministre de la Coopération, qui voulait que la France cesse d'être complaisante avec les régimes africains corrompus et peu respectueux des droits de l'homme.
Quand Hollande est arrivé au pouvoir, nous avons estimé qu’il serait injuste de le juger avant qu’il n’ait agi. Mais les premiers actes posés par le nouveau locataire de l’Élysée nous poussent à penser que gauche et droite françaises, c’est bonnet blanc, blanc bonnet, c’est-à-dire que Hollande et Sarkozy ont en commun le mensonge, l’hypocrisie, la duplicité, le mépris du Noir et la convoitise des richesses dont regorgent le sol et le sous-sol africains. Car à peine a-t-il été élu que l’ancien secrétaire du Parti socialiste n’a pas tardé à accueillir à l’Élysée Alassane Ouattara, Ali Bongo, Blaise Compaoré et d’autres dirigeants africains qui incarnent incontestablement des régimes sanguinaires et autoritaires, corrompus et liberticides, et qui, pour cela, mériteraient d’aller à la CPI. Qui plus est, le maintien de la base militaire française à Abidjan lui semble quelque chose de normal au moment où la France a besoin de faire des économies.
Avant son départ pour Kinshasa, Hollande a déclaré que l’absence de démocratie, la persécution de l’opposition et le non-respect des droits de l’homme en RDC étaient des choses inacceptables. Pourra-t-il le redire à Joseph Kabila sur place? Pourra-t-il surtout faire le même reproche à Ouattara, Bongo, Compaoré, Deby, Biya et Sassou Nguesso?

Une contribution de Jean-Claude DJEREKE, auteur de L’Afrique et le défi de la seconde indépendance, Paris, L’Harmattan, 2012, 166 p.