Tribune - Candidature de Ouattara en 2015 : Dr Boga Sacko Gervais écrit au Conseil Constitutionnel

Par Correspondance particulière - En 2015, M. Ouattara ne sera pas rééligible ! Sauf si…

A Mesdames et Messieurs les Membres du
Conseil Constitutionnel de Côte d’Ivoire.

Objet : La question de la candidature de M. Alassane Dramane Ouattara à la
présidentielle de 2015. (Lettre ouverte.)

Mesdames et Messieurs les Membres du Conseil Constitutionnel,

Nous apprenons par voie de presse, qu’à la faveur d’une interview qu’il vient
d’accorder à l’hebdomadaire « Jeune Afrique » paru le 29 avril 2013, l’actuel Chef de
l’Etat ivoirien, M. Alassane Dramane Ouattara, a annoncé sa probable candidature à
la prochaine élection présidentielle d’octobre 2015.
En attendant que le concerné ne traduise en acte sa volonté le moment venu, je me
permets, en tant que citoyen Ivoirien, jouissant de la liberté de pensée et d’opinion,
ainsi que du droit de voter, tels que garantis par la Constitution ivoirienne du 1er août
2000, d’émettre des réserves devant ce projet et d’attirer votre respectable attention.

En effet, à la lumière de notre Constitution actuelle, je m’interroge sur la possibilité et
la validité d’une nouvelle candidature annoncée de M. Alassane D. Ouattara à
l’élection présidentielle de 2015.

1. Depuis les élections présidentielle et législative du quinquennat 2000-2005,
pour lesquelles la candidature de M. Ouattara avait été rejetée par la Cour
Suprême de Côte d’Ivoire alors présidée par M. Tia Koné, au motif de sa
« nationalité douteuse », qu’est-ce qui a bien pu changer dans les origines du
prétendant ou dans la (même) Constitution actuelle du pays ? RIEN !

2. Il est juste de rappeler que si M. Ouattara a pu être autorisé à faire acte de
candidature à la présidentielle de 2010, c’est uniquement grâce au bon vouloir
de SEM Laurent Gbagbo, Président de la République démocratiquement élu
en 2000, qui a fait usage, au nom de la Paix, de l’article 48 de la Constitution.
(Ce que nous avions publiquement dénoncé à cette époque.)

3. Or, dans l’état actuel de la situation politico-juridique de la Côte d’Ivoire,
l’actuel Chef de l’Etat apparaît très mal placé pour user de l’article 48 afin de
s’autoproclamer éligible à l’élection présidentielle à venir. Car, non seulement
ce n’est pas l’objet de cet article ; mais en plus, un tel acte devrait se qualifier
de coup d’Etat contre la République.

4. Dès lors, par principe d’équité et de justice entre tous les citoyens, nous ne
devrions nous fier qu’à la stricte application de l’article 35 de notre
Constitution pour apprécier toutes les candidatures déclarées.
Ce qui risquerait, on s’en doute bien, de nous ramener à la case de départ de
la crise ivoirienne, dont la cause malheureuse a été la prise des armes par les
partisans et sympathisants de M. Ouattara pour combattre, disaient-ils,
l’exclusion et l’ivoirité. IL NOUS FAUT EVITER CE TRISTE SCENARIO !
Dès lors, que faire ?
Pour ma part, considérant qu’il est objectivement impossible d’organiser en ce
moment un référendum crédible visant à modifier la Constitution, seules les voies
politiques restent explorables pour permettre à M. Ouattara d’être rééligible en 2015 !
Comme par le passé, avec les Accords de Linas Marcoussis et Kléber de 2003 et
ceux de Pretoria I et II de 2006, qui ont demandé la candidature de tous leurs
signataires, il serait temps que les leaders politiques ivoiriens et ceux de la Société
civile se retrouvent (par exemple, à la Fondation Félix Houphouët Boigny pour la
Recherche de la Paix de Yamoussoukro), afin de trouver une issue à cette question.
Mais avant, et toujours pour la Paix, il serait indispensable que le Chef de l’Etat
accède à l’exigence de la libération de tous les prisonniers politiques et du retour
facilité de tous les exilés.
En espérant vivement que cet autre appel à la Paix sera entendu, je vous prie de
croire, Mesdames et Messieurs les Membres du Conseil Constitutionnel de Côte
d’Ivoire, à l’expression de mes sentiments les plus distingués.

Fait à Paris, le 29 avril 2013

Une contribution de Dr BOGA SAKO GERVAIS
•Enseignant-Chercheur à l’Université de Côte d’Ivoire ;
•Membre de la Commission Nationale des Droits de l’Homme
de Côte d’Ivoire (CNDHCI) ;
•Président de la Fondation Ivoirienne pour
Les Droits de l’Homme et la vie Politique (FIDHOP) ;
•Auteur du livre publié à L’Harmattan en 2007 : « Les Droits de l’Homme à l’épreuve :
cas de la crise ivoirienne du 19 septembre 2002 » et de
« LA GUERRE D’ABIDJAN n’aurait jamais dû avoir lieu », avec pour sous-titre : « Et si M.
Sarkozy avait trompé le monde entier sur la crise ivoirienne de 2010 ? » paru en Italie en 2012.
En EXIL en Europe.

Fondation Ivoirienne pour les
Droits de l’Homme et la vie Politique
SECTION-EUROPE
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