TRIBUNE : “Banana Republic” du Dr Dramane Ouattara à la Recherche d’un Modèle Economique Cohérent

Le 20 mars 2013 par Correspondance particulière - “Banana Republic” du Dr Dramane Ouattara.

Dans le souci d’apporter ma contribution au Chef d’Etat de Banana Republic of Côte d’ivoire mise à mal depuis le 11 avril 2011 par des décisions économiques incohérentes.

J’estime qu’il est indispensable de faire un véritable état des lieux de l’économie tel que perçu par les opérateurs économiques, investisseurs et par l’ensemble des ivoiriens, en vue de dégager des pistes et solutions pour aider la “ Banana Republic” du Dr Dramane Ouattara.

Nos amis sur le terrain ont entrepris une tournée dans les villages et quelques grandes villes de l’intérieur pour non seulement toucher du doigt les contraintes ainsi que les réalités économiques et sociales vécues par la population ivoirienne et les operateurs économiques mais, aussi et surtout recueillir leurs propositions pour l’ amélioration de la situation. Il va s’en dire qu’en hommes de terrain, ils sont les mieux à même de suggérer les solutions les plus appropriées.
Le chef de l’état ivoirien a annoncé le mercredi dernier à Abidjan, une forte croissance qui sera supérieure en 2013 à 9%, avec des effets qui seront ressenties par les populations dans les prochains mois. Il affirma que “La Cote d’Ivoire vise une croissance à deux chiffres avant la fin de l’année 2014 et aspire devenir un pays émergeant a l’horizon 2020”. Au dire du Dr Ouattara la population Ivoirienne devra attendre que la croissance atteigne 10% pour qu’elle puisse bénéficier des retombées de celle ci. En Clair le chef de l’état nous explique que les retombées de la croissance de 8% ont été exportées et les caisses de l’état de Cote d’ivoires sont vides.
Le diagnostic de l’économie ivoirienne qui est présenté dans les lignes qui suivent est sans complaisance de la situation économique et sociale du pays. Nos chercheurs ont constaté l’état de délabrement généralisé du tissu économique mais aussi d’affirmer qu’au regard des potentialités, la Cote d’Ivoire dispose des moyens pour sa reconstruction et sa relance avec tous ses fils et filles sans exclusion. Cette relance devrait partir de l’intérieur du pays. Elle passe nécessairement par la consolidation de la paix et de la sécurité , l’assainissement de l’environnement institutionnel et réglementaire , et la priorité à accorder à l’agriculture, à l’élevage et à la pêche , à l’élargissement de l’assiette fiscale, à la réhabilitation des infrastructures, à la disponibilité de l’énergie électrique , au soutien aux initiatives privés , aux petites et moyennes entreprises, au développement et au maintient des structures de financement et non à la privatisations de ces structures.

Propositions pour amorcer cette relance

La consolidation de la paix et de la sécurité sans les lesquelles aucune activité économique durable ne peut être déployée, et la réconciliation nationale avec l’abandon de la politique de rattrapage. Les conditions difficiles de vie, l’indiscipline des FRCI et des Dozos sont également cause d’insécurité pour la population que pour les entreprises.
La société civile, comme les entreprises en général, doivent fonctionner selon les principes de droit.
Le cadre juridique, judiciaire, administratif et réglementaire ivoirien se doit d’opérer des ajustements nécessaires pour s’adapter à l’évolution du contexte international s’il veut attirer les investisseurs et promouvoir le développement économique et social.
La priorité à accorder à l’agriculture, l’élevage et la pêche pour couvrir les besoins alimentaires de la population dont le déficit au niveau de plusieurs produits (maïs, manioc, riz, igname, sucre, haricot, poisson, viande…etc.) est de plus important.
Permettre l’approvisionnement des industries en matière première et soutenir ainsi, au regard de l’avantage comparatif de chaque région, la dynamique de relance et développement.
Les infrastructures physiques (routes, rails, ponts, bacs …etc.) doivent être réhabilitées afin de faciliter les échanges entre les milieux ruraux et urbains et permettre aux paysans d’avoir accès aux intrants et autres services nécessaires qui concourent à l’augmentation de la production agricole et à l’acquisition des produits manufacturés. Et aussi aux entreprises privées qui y opèrent, d’améliorer la performance de leurs investissements, notamment la réduction du coût de l activité économique.

La desserte en énergie électrique doit être qualitativement et quantitativement augmentée pour faire face aux besoins des ménages et des entreprises. La situation de déficit de l’énergie est encore plus grave dans les centres urbains et ruraux desservis en énergie d’origine thermique, du fait de la vétusté des équipements. Par ailleurs, l’électricité fournie est de mauvaise qualité. Elle se caractérise par des chutes brutales de tension, des coupures intempestives et des délestages. Cette situation cause des préjudices importants aux fonctionnements normaux des entreprises.
Le Chef de l’Etat devrait favoriser des partenariats avec les entreprises étrangères mieux structurées, pour faire bénéficier aux entreprises locales du savoir faire, des compétences, et la technique. De même que les ouvrir à d’autres marchés qui requièrent des exigences plus pointues. Après plus de 150 voyages effectués par le Dr Dramane Ouattara, je me demande combien de partenariats de création d’entreprises a-t-il signé, d’autant que le taux de chômage qui avoisine 60% ne présente aucun signe de réduction, et la population ivoirienne à des difficultés à se procurer un repas par jour.

Aucun développement économique durable ne peut être envisagé sans le soutien des structures de financement. La relance de l’économie nationale passe obligatoirement par l’amélioration du système financier national, qui est la condition essentielle de base pour permettre aux banques nationales de remplir efficacement leur fonction, notamment celle d’encourager l’épargne et octroyer des crédits (lire mon article: les banques coloniales françaises et le terrorisme bancaire).
Malgré le potentiel agricole de la Cote d’ivoire et sa croissance de l’ordre de 9%, la population Ivoirienne vit dans la pauvreté et le gouvernement du Dr Dramane Ouattara n’a aucune politique économique cohérente pour réduire la pauvreté. La voie à suivre passe par une transformation profonde des zones rurales qui doivent réorganiser et transformer les exploitations traditionnelles. Le Chef de l’Etat Dr Dramane Ouattara doit adopter la stratégie des sept piliers élaboré par l’ ONUDI a savoir : l’accroissement de la productivité agricole ; la mise à niveau des chaines de valeur, l’exploitation de la demande locale, régionale, et internationale, le renforcement des efforts téléphoniques et des capacités d’innovation, la promotion du financement effectif et innovant, l’encouragement de la participation du secteur privé, l’amélioration des infrastructures et de l’accès de l’énergie. Le gouvernement du Dr Dramane Ouattara doit s’inspirer du ‘’ Trickle Down Economy Theory’’ du Président Gbagbo, c'est-à-dire le ruissellement de la richesse vers la population la plus démunie, en permettant aux riches de demeurer riches pour aider la population Ivoirienne.

Une contribution de Nash Kpokou, Ph.D.
Économiste et Représentant du RPCI-AC aux USA