Tribune – Côte d’Ivoire: "Qui a gagné l’élection du 28 novembre 2010?"

Par IvoireBusiness - Le taux de participation, un enjeu décisif du scrutin.

Déjà durant la campagne du second tour, l’une des inconnues jugées les plus décisives pour l’issue du scrutin par les observateurs les plus avertis était quelle serait l’affluence dans les bureaux de vote le jour de l’élection. Et la question se posait dès lors de savoir à qui allait bénéficier une éventuelle diminution du taux de participation. C’est ainsi que Kesy B. Jacob s’en faisait l’écho le 28 novembre dans le quotidien Nord Sud :

« Les leaders d’opinion du camp Bédié ont été sollicités pour traduire en résultat le soutien du PDCI. L’annonce de la désignation d’un Premier ministre de l’ancien parti unique participe de cette offensive. Cette stratégie repose, à l’évidence, sur un quasi-maintien du taux de participation. Ce qui permettrait au désormais candidat du RHDP de séduire 60% de la cible-PDCI. Une éventuelle baisse importante du taux de participation pourrait donc réduire les chances du candidat Ouattara. Dans cette hypothèse, l’on pourrait conclure que les électeurs de Bédié n’ont pas pu surmonter leur déception ou ne se sont pas sentis liés par l’appel de leur leader à voter Ouattara. Pour Gbagbo, il était important de briser le lien entre Bédié et ses électeurs. »

Or, le premier enseignement que les observateurs ont tiré du scrutin du 28 novembre c’était un taux de participation nettement inférieur à celui du premier tour qui était d’environ 83%. Certains ont même essayé de justifier cet état de fait par le couvre-feu qui aurait dissuadé bon nombre d’électeurs.

Puis, dès le lendemain, lundi 29 novembre, la Commission électorale indépendante avait annoncé que le taux était de 70%, ce qui confirmait les observations de la veille. Et l’information a été relayée par toutes les agences d’informations du monde :

France 24:

http://observers.france24.com/fr/content/20101129-tensions-cote-ivoire-laurent-gbagbo-LMP-alassane-ouattara-ADO-RHDP-CEI-Afrique

http://www.france24.com/fr/20101129-cote-ivoire-election-presidentielle-taux-participation-second-tour-cei-gbagbo-ouattara

Africa Times News :

http://www.africa-times-news.com/2010/11/cote-d%E2%80%99ivoire-le-2e-tour-presidentiel-globalement-democratique/

RTS (Radio Television Suisse)

http://www.tsr.ch/info/monde/2737968-presidentielle-ivoirienne-endeuillee-par-3-morts.html

Comment se fait-il donc que l’on ait pu donner, 3 jours après, des résultats faisant état d’un taux de participation de 81% sans que personne ne demande la moindre explication ? Une variation de 1% ou 2% ou à la rigueur, à l’extrême limite, de 5%, pourrait encore être mise sur le compte de la marge d’erreur, comme il en existe dans toute donnée statistique. Mais de 70% à 81%, soit 11% qui, rapportés à 5 725 721 inscrits, donne 629 829 votants en plus qui ne sont sûrement pas allés au profit de Gbagbo, cela mérite une explication !

Il va de soi que ce gonflement artificiel du taux de participation était nécessaire pour combler par de multiples fraudes le manque à gagner résultant de l’abstention des partisans de Bédié qui n’ont pas obéi à la consigne de vote de ce dernier, et pour cause ! Qui étaient les adeptes de l’ivoirité dont a tant souffert Ouattara ? Ce dernier avait-t-il d’ ailleurs, à l’issue de son auto- proclamation, honoré sa promesse de nommer Premier Ministre un membre du PDCI? Comme quoi Balzac avait raison de dire que « la moitié des ingratitudes sont des vengeances ».

En effet, même les chiffres erronés sur lesquels s’appuie la pseudo victoire de Ouattara, en lui attribuant54%, bien moins des 57% représentant la somme des voix recueillies par lui (32%) et Bédié (25%),ces chiffres donc montrent que la consigne de vote donnée par Bédié n’a pas été unanimement suivie. Par contre, Gbagbo a fortement amélioré son score, passant de 38% à 46% malgré la fraude. C’est dire que si abstention il y a eu, et c’est bien le cas comme constaté de manière irréfutable, elle n’a pu provenir que des partisans de Bédié. Or elle est massive, de 30% environ et s’ajoute au nombre de ses partisans qui ont probablement voté Gbagbo. Autrement, ce dernier n’aurait pu obtenir les 46% qui lui ont été attribués, soit 8% de plus qu’au premier tour, supérieur aux 5% obtenus au total le 31 octobre par les candidats autres que le trio en tête du scrutin.

Il est évident que c‘est bien Gbagbo qui est élu puisqu’il convient de déduire des 54% de voix prétendument obtenues par Ouattara le nombre de voix correspondant à l’écart entre le taux de participation de 81% finalement proclamé pour valider la victoire de Ouattara et le taux réel d’ environ 70% constaté par tous les observateurs et initialement déclaré par la Commission Electorale Indépendante.

Il convient donc de rétablir la vérité sortie des urnes et de designer clairement qui a refusé d’accepter sa défaite.

Une contribution de Youssouph Baro