Transfèrement de Simone Gbagbo hier à Odienné: Les dessous d’un enlèvement. Récit d’une soirée mouvementée

Par IvoireBusiness - Transfèrement de Simone Gbagbo hier à Odienné.

Hier 08 mai, contre toute attente, l’ex-Première dame Simone Ehivet Gbagbo, transférée la semaine dernière 02 mai à Abidjan pour raisons médicales, était enlevée par des hommes en tenue et en civil armés vers une destination inconnue. Puis l’agence France presse (AFP) confirmait que Simone Gbagbo avait été transférée à Odienné (nord-ouest) où elle est arrivée à 16H00 (locales et GMT) escortée par l'ONU et des soldats FRCI jusqu'à la résidence qui lui sert de prison. Selon nos informations, elle a été accueillie par le maire d’Odienné, en tenue d'hospitalisation. Une tenue totalement inappropriée pour un tel voyage, et pour une personnalité de son rang, sans avoir reçu des soins médicaux adéquats comme nous le verrons plus loin.
Il s’agit bien d’un enlèvement confirmé par son avocat Me Rodrigue Dadjé: "Ni les avocats ni la famille ne savent l'endroit où elle a été emmenée".
Dans un communiqué, son avocate parisienne, Me Habiba Touré, a également dénoncé cet enlèvement : "C’est transfert effectué dans la précipitation" selon elle, précisant qu’il s’agit là d’un cas flagrant « de graves violations des droits de l'Homme ».

Les dessous de cet enlèvement. Récit d’une soirée mouvementée

Hier après-midi, des hommes en tenue et d’autres civils armés, font irruption dans la chambre qu’occupe l’ex-Première dame Simone Ehivet Gbagbo, vice-présidente du FPI et ex-présidente du groupe Fpi à l’assemblée nationale, à la polyclinique internationale la PISAM, en plein centre d'Abidjan. Ces hommes, selon nos informations, sont des soldats FRCI et des éléments de la DST, agissant pour le compte du régime.
Une fois face à Simone Gbagbo, ils lui font savoir qu’ils doivent la faire partir des lieux sur le champ pour Odienné. L’ex-Première dame, qui recevait la visite d’une de ses sœurs, refuse d’obtempérer, demandant à voir un document officiel autorisant un tel départ précipité, sans qu’au préalable ses avocats n’en soient informés.
Ces derniers affirment alors agir sur ordre direct des ministres de la Justice et de l’Interieur, et que leur décision est exécutoire. Ils la prennent donc de force pour l’emmener. Très affaiblie, elle se débat quand même. C'est alors que son professeur traitant propose à ses ravisseurs une solution machiavélique.

Le Professeur Bana Abdoulaye entre en scène avec un plan digne de machiavel

C’est à ce moment-là qu’entre en scène le professeur Bana Abdoulaye qui se transforme en barbouze, oubliant qu'il est assermenté, et propose ses services aux FRCI et aux membres de la Dst.
Son plan est dignes des plus grands polars ou des films de James Bond et d’espionnage.
Il explique, pince sans rire, aux forces de l'ordre présentes qu’il a prévu d'administrer des soins en fibroscopie à l’ex-Première Dame, ce qui nécessite qu’il l’endorme. Il leur propose de patienter afin qu’il l’endorme, et de l’enlever ensuite, sans les soins fibroscopiques.
Il fait alors descendre sa patiente et exécute sa sale besogne. C’est une Simone Ehivet Gbagbo groggy, inconsciente, et en tenue d’hôpital, qui est enlevée et embarquée à bord d’une ambulance, puis pour Odienné par avion. Inutile de dire qu’elle n’a pas eu le temps de prendre ses effets personnels restés pour le coup à la Pisam. Encore moins que les égards dus à son rang d’ex-Première dame n’ont à aucun moment été respectés. La banalité de son extraction se le dispute même à sa vulgarité, où des professeurs de médecine oublient leur serment d’hyprocrate et se mettent à la disposition d’un régime politique, en faisant enlever une ex-Première dame en tenue totalement inappropriée, et sans lui avoir auparavant fait subir ses indispensables soins de fibroscopie.
Nous y reviendrons.

Eric Lassale