TORTURES ET MALTRAITANCES DES PRISONNIERS POLITIQUES: Témoignage accablant d’une victime "J'AI ETE TORTURE PENDANT 3 SEMAINES A LA DST ET ....AU CAMP DE KONE ZACHARIA"

Le 10 novembre 2012 par Notre voie - Ceci est le témoignage d’un prisonnier du régime actuel que nous avons pu obtenir par écrit. Nous l’avons depuis plusieurs jours et nous étions en

train de chercher sous quelle forme il fallait l’exploiter quand, suite au communiqué d’Amnesty international, des ministres du gouvernement ivoirien ont nié toute torture dans les lieux de détention. Celui qui parle ici n’est pas un simple témoin, c’est une victime qui n’est pas sorti d’une quelconque imagination. Pour des raisons de sécurité, nous avons juste masqué l’identité de notre témoin, le récit étant tout à fait authentique. On l’appellera donc Gbaza Yougouli. Mais nous ne sommes pas naïfs, nous savons
que les personnes impliquées dans ces séances de maltraitance ne tarderont pas à le retrouver. Quiconque tentera de l’intimider ou de lui faire subir, à nouveau, des tortures sera immédiatement dénoncé.
«J’ai été arrêté le 10 août 2012 à 11h30 à Yopougon par les éléments Frci de Koné Zakaria et conduit chez Chérif Ousmane à la base navale où j’ai été détenu jusqu’à 19h le même jour avant d’être conduit au domicile du ministre Hamed Bakayoko qui m’a auditionné en personne. Il m’accuse des attaques de Yopougon et du camp d’Akouédo et donc il voudrait que je lui donne les noms des ministres Fpi qui financent, selon lui, les actes visant à renverser le pouvoir actuel. Je lui ai dis que je reconnais avoir combattu pendant la crise postélectorale mais que je n’étais pas impliqué dans les projets de déstabilisation du pouvoir en place et que je ne connais aucun ministre Fpi. Suite à cette audition, j’ai été conduit au camp génie de Koné Zakaria où j’ai trouvé beaucoup de militaires détenus accusés d’être des pro-Gbagbo. J’y ai subi deux jours durant des tortures que je ne peux décrire. Je porte encore les séquelles d’une blessure au crâne causée par les coups de crosses de kalachnikov. J’y suis resté du 10 au 17 août 2012. Avant d’être conduit à la préfecture de police où j’ai passé quatre jours puis transféré au tribunal au Plateau pour être inculpé d’atteinte à la sûreté nationale. J’ai été écroué à la
Maca, le 21 août 2012. Contre toute attente, la DST est venue m’extraire de la Maca, le 28 août, pour me conduire dans leurs locaux pour m’y interroger et torturer pendant trois semaines et 4 jours par le commissaire N’Gadi de la DST avant de me ramener à la Maca, le 20 septembre.
N.B : Le directeur de la DST et le commissaire N’Gadi m’ont fait les propositions que voici :
- Dénoncer des autorités du régime Gbagbo, civils et militaires ;
- Un numéro matricule et un salaire de 250.000 fcfa équivalent au salaire d’un sergent-chef
-Une somme d’un million fcfa pour me loger
-Travailler avec Koné Zakaria sur le terrain pour procéder à l’arrestation des pro-Gbagbo. Toutes ces propositions ont buté sur mon refus catégorique parce que je ne reconnais aucun projet de déstabilisation. C’est cela qui a motivé ma torture tout le temps à la DST. »

Présenté par
Augustin Kouyo

ENQUÊTES/DÉPORTÉS PAR LE RÉGIME OUATTARA: COMMENT LES PRISONNIERS POLITIQUES DE SEGUELA SONT PERSÉCUTÉS

Extraits de leurs différentes cellules à la Maison d’arrêt et correction par des éléments des Forces républicaines de Côte d’Ivoire fin octobre, les prisonniers politiques déférés manu militari à Séguéla vivent dans des conditions extrêmement difficiles, celles que dénoncent à longueur de journée les organisations des droits de l’homme. Incursion dans la prison de Séguéla.
Dès qu’ils ont été débarqués dans la prison de Séguéla par les éléments Frci qui les y ont convoyés, les prisonniers politiques militaires et civils parmi lesquels se trouvent l’amiral Vagba Faussignaux, ancien commandant des forces maritimes, ont vu tous leurs objets (matelas, ventilateurs…) confisqués sur ordre du lieutenant Diomandé Ayouba. Ce qui les a obligés à passer la nuit sur des cartons dans la chaleur et les piqures de moustiques. C’est deux jours plus tard que le commandant Frci de Séguéla se résout à redonner aux détenus les matelas avec lesquels ils ont été déportés dans la prison de la ville. Mais leur interdit le ventilateur, voire les visites, jusqu’à fin novembre. Dans une cellule de 5m2 habituellement utilisée pour 6 personnes, ce sont 15 prisonniers politiques que le commandant Diomandé Ayouba a enfermés. Au lendemain de leur arrivée dans l’un des goulags du nord, les détenus du régime Ouattara ont reçu la visite du préfet et du procureur. La première personnalité citée a indiqué qu’elle était là pour une visite de courtoisie, quand la dernière a rappelé à l’amiral Vagba Faussignaux et à ses codétenus que, bien qu’étant dans sa zone de compétence, sa juridiction n’a pas en charge leurs dossiers. L’affaire relève directement des Frci qui tiennent leurs ordres du ministre délégué à la Défense, Paul Koffi Koffi, lequel prend directement ses consignes auprès d’Alassane Ouattara.
Le commandant Diomandé des Frci ne perd donc pas de temps pour annoncer les couleurs. Il prive d’abord de médicaments les prisonniers dont l’état de santé nécessite un traitement régulier. C’est le cas de l’amiral Vagbao Faussignaux, du sergent-chef Boblai Jean qui a une discopathie lombaire (un mal de la colonne vertébrale) et du sergent Kouassi Jean-Michel trainant d’atroces douleurs dentaires. Pis, les prisonniers politiques sont complètement coupés du monde. Pas d’accès aux informations par l’interdiction de se procurer les journaux, un poste radio… Le commandant Diomandé Ayouba, selon une source proche de l’administration pénitentiaire, n’a pas manqué d’avertir ses captifs en ces termes : «S’il y a un moindre mouvement d’attaque des FRCI chez nous, dans le but de vous libérer, je me chargerai d’abord de vous exécuter avant de croiser le fer avec les envahisseurs».
Cinq détenus politiques croupissent depuis un an et demi dans la prison de Séguéla Les ex-pensionnaires de la Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan les y ont trouvés. Il s’agit de Yao Hountalley Jean-Michel, Simondé Koabo Anderson, N’Guessan Badia Simon Pierre, Tapé Landry et Alain Okou Wilfried. Ces jeunes pro- Gbagbo ont été enlevés et torturés par les Frci à San Pedro avant d’être conduits dans la prison de Séguéla dans la brutalité. Leurs parents, jusqu’à ce que Le Nouveau Courrier retrouve leurs traces, n’avaient aucune nouvelle de l’endroit où ils ont été conduits par les hommes d’Alassane Ouattara.

SOURCE LE NOUVEAU COURRIER