Thomas Hollande sur Valérie Trierweiler : François Hollande trinque encore

Le 13 juillet 2012 par Nouvelobs.com - Après Valérie Trierweiler, au tour de Thomas Hollande de créer la polémique. Le fils du président s'est

confié à une journaliste du "Point". Des propos qui ont fait sensation et que l'avocat de 27 ans a tenté de rattraper comme il pouvait. Trop tard. Surtout pour François Hollande, dont l'image en prend un sacré coup. Décryptage de Philippe Moreau-Chevrolet, consultant en communication.
Valérie Trierweiler et Thomas Hollande (montage AFP)

Valérie Trierweiler et Thomas Hollande (montage AFP)

Le 13 juillet 2012 par Nouvelobs.com - Après Valérie Trierweiler, au tour de Thomas Hollande de créer la polémique. Le fils du président s'est

confié à une journaliste du "Point". Des propos qui ont fait sensation et que l'avocat de 27 ans a tenté de rattraper comme il pouvait. Trop tard. Surtout pour François Hollande, dont l'image en prend un sacré coup. Décryptage de Philippe Moreau-Chevrolet, consultant en communication.
Valérie Trierweiler et Thomas Hollande (montage AFP)

Valérie Trierweiler a "fait basculer la vie privée dans la vie publique". Une petite phrase. Une petite phrase à 100% politique, dont tout le sel vient de ce qu'elle a été prononcée par... Thomas Hollande.

La saga dramatique continue

Reprocher publiquement à sa belle-mère de médiatiser la vie privée du président de la République, quand on est soi-même son fils, ce n'est pas le moindre des paradoxes dans cette affaire, qui prend les dimensions d'un drame shakespearien. Une belle-mère détestée qui a pris le pouvoir sans légitimité et s'attaque à une mère idéalisée, mais battue. Un père qui est en ménage avec la première. Mais qui soutient toujours la seconde.

Où doit aller la fidélité du fils ?

"Ça m'a fait de la peine pour mon père, explique Thomas Hollande au "Point". Il déteste tellement que l'on parle de sa vie privée. Ça a détruit l'image normale qu'il avait construite (...) Je savais que quelque chose pouvait venir d'elle un jour, mais pas un si gros coup. C'est hallucinant."

Hallucinant, c'est le mot.

Un manque de maîtrise ahurissant

Jouer d'une façon aussi désinvolte avec l'image d'un président en exercice, en pleine crise, en pleine multiplication des plans sociaux, c'est totalement irresponsable. Interrogé sur l'avenir de Ségolène Royal, Thomas Hollande la voit "ministre". En lui conférant par anticipation une légitimité démocratique que Valérie Trierweiler n'a, certes, jamais eue, mais que Ségolène Royal a bel et bien perdue.

La "normalité" du président Hollande avait explosé en vol avec le tweet de Valérie Trierweiler (lire mon analyse sur cette affaire). Elle est enterrée sans fleur ni couronne par Thomas Hollande. Fin de séquence.

Les journaux s'emparent de l'affaire. Ils la comparent, vidéo à l'appui, à un "soap opera".

L'opinion est sidérée (Lire sur Le Plus les billets de Bruno Roger-Petit et Dom B.). Les Français pensaient en avoir fini avec le "bling bling". On leur sert un psychodrame.

Les enfants du président refusent désormais de parler à la "première dame" qui n'accepte pas ce titre, et règle ses comptes par Twitter. Une "première dame" qui veut continuer son travail de journaliste, mais l'exerce depuis... des bureaux à l'Elysée. Bureaux attribués par le fait du prince, aucun texte ne le prévoyant. Tout cela commence, il faut bien le dire, à faire sérieusement désordre.

Naïveté, maladresse, manque d'expérience ? Ou les 3

Thomas Hollande, sans doute guidé par l'Elysée, tente de faire du "damage control". En clair, de réparer les dégâts. Il explique que ses propos publiés dans Le Point ont été "déformés" et tenus "lors d'une conversation informelle". A une époque où tout le monde sait que le "off" a disparu, l'argument ne convainc pas.

D'autant que Thomas Hollande n'a cessé d'alimenter les médias avec des déclarations plus ou moins maîtrisées. A deux mois de l'élection, il n'hésite pas à déclarer que la campagne de son père ne suscite "pas la même ferveur qu'il y a cinq ans" - sous-entendu lorsque sa mère était candidate.

Le soir de l'élection, le 6 mai, il se prête à une séquence de "politique réalité" sur France 2, où il félicite son "papa" en direct devant plus de 10 millions de téléspectateurs. Une séquence qu'il juge lui-même, et à raison, "ridicule" quelques jours plus tard. On lui rappellerait volontiers cette citation d'Hamlet : "Pense avant de parler et pèse avant d'agir".

François Hollande doit réagir, et vite

Les ministres, à qui l'on demande d'être prudents sur Twitter, dont on contrôle la moindre annonce ou le moindre déplacement, doivent apprécier la situation. Situation absurde où la parole politique légitime - celle du président et du gouvernement - est effacée. Une situation où, les médias ayant horreur du vide, la parole politique anecdotique fait la Une.

Cette affaire prouve une chose : on ne peut plus contrôler la communication aujourd'hui comme on le faisait sous Mitterrand ou sous Jospin. Tout le monde a accès aux médias. Le off n'existe plus. Le rythme n'est plus donné par la "grand messe" télévisée du 20h, qui était bien pratique.

Il faut adopter ce que j'appelle une "communication agile". Il faut, d'urgence, réinventer la communication élyséenne. Il faut réinventer la communication gouvernementale. Il faut utiliser, pourquoi pas, Twitter d'une façon différente. Pour créer de la proximité. En parallèle, il faut clarifier le rôle de la première dame. Lui donner un statut officiel, c'est-à-dire des droits et des devoirs. Faute de quoi, elle est trop exposée.

Restaurer son autorité, un défi majeur

Il faut aussi savoir réagir, fermement, quand la situation l'exige. Dans le bon tempo. François Hollande aurait dû mettre un terme beaucoup plus tôt à la polémique, en condamnant le dérapage de Valérie Trierweiler dès qu'il est intervenu. Il ne l'a pas fait. Donc les journalistes ou ses proches l'ont fait pour lui - son fils l'a décrit comme "ahuri" par la nouvelle. Ce qui n'est pas une bonne chose. Et il se retrouve à devoir en parler... lors de son intervention du 14 juillet. La pire des configurations pour lui.

Comment peut-il s'en sortir ? Dire a minima qu'il a eu une explication avec son fils et sa compagne. Et a maxima que cela ne se reproduira plus. Il faut que ce soit une intervention courte et efficace. Qu'il ne s'attarde pas dessus. On en a déjà trop parlé. Mais le sujet ne peut pas non plus être évacué. En clair, il faut qu'il restaure son autorité de chef de famille et de chef de l'Etat. Ce n'est pas une mince affaire.

Qu'on se le dise. Dans la communication aussi, le changement, c'est maintenant.

Par Philippe Moreau Chevrolet
Profession Communicant

http://leplus.nouvelobs.com/contribution/592180-thomas-hollande-sur-valerie-trierweiler-francois-hollande-trinque-encore.html