Table ronde des bailleurs de Fonds à Washington/ Charles Diby koffi : «Les seuls efforts de l’Etat restent insuffisants»

Publié le lundi 26 septembre 2011 | Le Temps - Visiblement, le Régime d’Abidjan est sous une forte pression et il lui faut de

Charles Diby Koffi, ministre de l'Economie et des Finances.

Publié le lundi 26 septembre 2011 | Le Temps - Visiblement, le Régime d’Abidjan est sous une forte pression et il lui faut de

l’argent pour honorer ses engagements. Ainsi, en attendant le rendez-vous de
novembre prochain ou le conseil d’Administration du Fonds monétaire
international (Fmi) devra approuver la demande d’Appui au titre des Facilités
élargies de crédits (Fec), pour le financement du dispositif macro-économique
couvrant la période jusqu’à 2014 et évalué à 614 millions de dollars, environ 300
milliards de Fcfa sur environ 4 ans. l’argentier ivoirien a exposé au pool des
bailleurs de fonds de la Côte d’Ivoire, le samedi dernier à Washington, les efforts
faits en interne pour relancer l’économie ivoirienne. Ce dans la période de la crise
post-électorale qui a été marquée par des difficultés et dysfonctionnements dans la
quasi-totalité des secteurs économiques et sociaux. A cet égard, «le Gouvernement
s’est fixé pour objectifs, de créer les conditions de consolidation de la paix et de
reprise des activités , de renouer les relations avec la communauté financière
internationale et de revenir à une dynamique de croissance dès 2012.S’agissant de
la consolidation de la paix, après son investiture le 21 mai 2011, le Président de la
République a créé une Commission Dialogue, Vérité et Réconciliation et a procédé
à la nomination des responsables et membres de cette structure, en vue de conduire
le processus de réconciliation nationale. Dans ce même cadre, le Gouvernement a
procédé à l’unification de l’Armée et entamé le déploiement progressif des Forces

de Police et de Gendarmerie» a indiqué le Ministre Diby Koffi Charles. Avant de
préciser que pour ce qui est de la reprise des activités, le secteur privé devrait y
jouer un rôle clé. Aussi, le Gouvernement a-t-il décidé de l’accompagner dans ses
efforts de relance de l’appareil productif. «A cet effet, a-t-il ajouté, le gouvernement
ivoirien a consenti un soutien financier direct de 12 milliards de Fcfa aux
entreprises, en plus des allègements fiscaux. Pour aider à la reconstitution des
fonds de roulement, un effort exceptionnel a été réalisé pour assurer le paiement
base cash de 144 milliards, sur le stock des arriérés à fin décembre 2010 d’un
montant de 182 milliards de F cfa. Le Gouvernement a également décidé de ne
plus accumuler de nouveaux arriérés intérieurs. Le cadre de concertation secteur
privé–secteur public a été réactivé, en vue d’instaurer un échange permanent avec
les opérateurs économiques.» S’agissant des perspectives, il a expliqué que le
Gouvernement ivoirien ambitionne de placer la Côte d’Ivoire sur une trajectoire de
croissance durable, de nature à en faire un pays émergeant à moyen terme. Il
convient de noter à cet effet que le gouvernement ivoirien table sur une
croissance forte dès 2012. A cet égard, les premiers signes après la reprise sont
encourageants et dénotent de la pertinence des mesures et actions initiées par le
Gouvernement.

En effet, la poursuite du regain d’activités consécutif aux efforts du gouvernement
pour relancer les travaux de réhabilitation des voiries, de réduction des arriérés
intérieurs, permettrait de réduire l’impact de la crise, avec un taux de croissance de -
5,8%, contre -6,3% projeté initialement. «A partir de 2012, l’économie enregistrerait
une croissance de 8,5% et une moyenne de +6% entre 2013 et 2014. Ce retour à
la croissance serait impulsé par un relèvement notable de l’investissement public,
qui passerait de 3% du Pib en 2010 à 7% en 2014. Cette hausse de l’investissement
public s’impose pour combler le déficit d’entretien et de construction des
infrastructures depuis plus de dix ans, en réponse aux besoins sociaux de base et
à l’exigence de compétitivité. Selon la Banque mondiale, le rattrapage du retard
en matière d’infrastructures en Côte d’Ivoire, nécessite un investissement de 2,4
milliards de dollars par an pendant 10 ans, soit environ 1200 milliards Fcfa. Les
seuls efforts de l’Etat restent toutefois insuffisants, pour atteindre ce niveau, voire
celui des années 1996-1998, où le taux d’investissement était d’environ 17% du
Pib.» A-t-il avoué. Un objectif qui n’est réalisable qu’avec une hausse substantielle
des allocations budgétaires de l’Etat destinées aux investissements, la mobilisation
de financements extérieurs importants et l’implication du secteur privé à travers
des mécanismes innovants. Face aux besoins immenses en financement, le ministre
ivoirien de l’Economie et des Finances sollicite l’appui de la Banque mondiale et
de la Banque africaine de développement, ainsi que celui des autres partenaires.

Terminant son plaidoyer, Charles Diby Koffi a dit que leur soutien à la Côte d’Ivoire est nécessaire et même indispensable, pour aider le secteur privé, durement affecté par la situation de crise, à jouer pleinement son rôle dans la relance économique post-conflit. Pendant que le gouvernement pour sa part, va jouer son rôle d’encadrement et d’accompagnement, tout en créant les conditions propices à l’activité économique.

Bamba Mafoumgbé (bamaf2000@yahoo.fr)