Stéphane Kipré (Président de l'Union des Nouvelles Générations), à propos de l'article 35 de la constitution ivoirienne : "2015 et 2010 ne s'écrivent pas de la même façon"
Par La Dépêche d'Abidjan - Stéphane Kipré "2015 et 2010 ne s'écrivent pas de la même façon".
Stéphane Kipré, le président de l'Union des Nouvelles Générations était l'invité de la section FPI de Milan, à l'occasion de la commémoration de la fête de la liberté initiée par le parti fondé par Laurent Gbagbo.
Arrivé en Italie à la tête d'une forte délégation composée des membres de son cabinet, Stéphane Kipré était attendu dans la capitale de la Lombardie pour animer une conférence qui avait pour thème : Libertés publiques et développement, quels liens pour la reconstruction d'un État en situation post-crise ?
La rencontre a eu lieu le 22 février 2014 à l'auditorium de Cologno Monzese, en présence de plusieurs élus de la ville de Milan.
D'entrée de jeu, le conférencier a situé son auditoire sur les raisons qui l'ont emmené à accepter cette invitation : "Quand on parle du FPI, on parle du combat des libertés. Quand on parle du FPI, on parle des marches démocratiques, on parle de la lutte pacifique (…).
Le conférencier a poursuivi pour faire un bref historique de la naissance de LA FÊTE DE LA LIBERTÉ : " On m'a demandé de venir intervenir à LA FÊTE DE LA LIBERTÉ. Cette fête a été instaurée en 1991 par le FPI pour commémorer le retour au multipartisme arraché de haute lutte par ce parti. La Fête de la liberté est donc l'incarnation de la victoire que le FPI a remporté à travers la rue avec Gbagbo Laurent. Il est donc important pour vous, en tant que section du FPI, de commémorer cet acte qui a donné la liberté de parole aux Ivoiriens", a déclaré le président de l'UNG.
Selon le conférencier, le développement est indissociable des libertés publiques. Il a étayé son assertion par l'exemple du pays hôte. De fait, a-t-il fait remarquer, l'Italie du Nord est nettement plus développée que l'Italie du Sud. Cela parce que les libertés publiques ne s'appliquent pas de la même façon sur l'ensemble du pays : "L'Italie est un pays qui est divisé en 20 régions. Mais ce qui est frappant, c'est l'existence de deux types d'Italie. Celle du Nord et celle du Sud. La différence entre ces deux parties est grande. L'Italie du Nord est une zone industrielle, une zone syndiquée où la liberté d'expression est exercée. Dans cette partie du pays, il y a trois villes qui ont le PIB le plus élevé en Europe. Il s'agit de Milan, Turin et Venise. Comparée à la zone du sud, on se rend compte qu'il y a un problème. L'Italie du sud est pauvre. Mais cette partie du pays est pauvre parce que le respect des droits et des libertés y est relatif."
Prenant le cas de la Côte d'Ivoire, le conférencier a fait noter que les libertés publiques y sont étouffées depuis l'installation du dictateur Alassane Ouattara au pouvoir par la France . "Pouvons-nous dire aujourd'hui que la Côte d'Ivoire est un pays où s'exercent les libertés publiques ?", s'est-il interrogé, avant de poursuivre : "Aujourd'hui, la liberté d'expression est bafouée. Quand le maire d'Abobo décide d'interdire un meeting du FPI dans sa commune, c'est bien la preuve que la liberté d'expression est piétinée. Nous savons tous que beaucoup de personnes sont emprisonnées en Côte d'Ivoire pour leur opinion politique. Certaines sont enfermées depuis longtemps, sans jugement. Il existe encore plus de 700 personnes qui sont emprisonnées avec le motif vague d'atteinte à la sûreté de l'État. Quand un individu ne peut pas aller ou sortir de son pays librement, il y a là une violation de la liberté de circuler. On vous fait sortir de prison, mais vous ne pouvez pas sortir du pays. Cela veut dire que vous êtes dans une prison de 322 mille km2", a-t-il ironisé.
Au total, concernant les libertés publiques en Côte d'Ivoire, le conférencier a peint un tableau pas du tout reluisant.
C'est pourquoi il a vivement souhaité la libération du Président Laurent Gbagbo, le père du retour au multipartisme en Côte d'Ivoire. "demander la libération de Laurent Gbagbo n'est pas un simple slogan. La Côte d'Ivoire est malade. Et la solution pour la guérir, c'est Gbagbo Laurent", a-t-il dit en substance.
Poursuivant son propos, le président de L'UNg s'est prononcé sur l'actualité, notamment sur la question de l'éligibilité d'Alassane Ouattara : "Il nous faudra des arrangements politiques. Il nous faudra résoudre des questions politiques, telle que l'inéligibilité d'Alassane Ouattara. Il (Ouattara) ne peut plus être éligible. On doit donc s'asseoir et régler ça politiquement. Gbagbo Laurent a utilisé l'article 48 de la constitution pour faire de lui un candidat exceptionnel. S'il veut toucher à l'article 35, il faut qu'il passe par le referendum. Il ne faut pas qu'il se trompe. Il a l'intention de faire un forcing politique, mais 2015 et 2010 ne s'écrivent pas de la même façon", a martelé Stéphane Kipré, qui a appelé à l'union de tous les partis et mouvements engagés dans le combat pour la libération de Laurent Gbagbo et pour la souveraineté de l'Afrique.
Axel Illary