Sommet de l’Union africaine sur la crise ivoirienne: Pourquoi Sarkozy a échoué à Addis Abeba?
Le 31 janvier 2011 par IvoireBusiness – C’est peu dire que le Président de la République française, Nicolas Sarkozy, a pris dimanche une douche froide à Addis Abeba où se tenait le 16e sommet
Le 31 janvier 2011 par IvoireBusiness – C’est peu dire que le Président de la République française, Nicolas Sarkozy, a pris dimanche une douche froide à Addis Abeba où se tenait le 16e sommet
des Chefs d’Etat de l’Union africaine (UA), qui avait au menu plusieurs sujets brulants de l’actualité africaine dont les crises ivoirienne, tunisienne et égyptienne. Venu à la tête d’une délégation de 60 personnes pour faire entendre sa voix au sommet, c’est plutôt lui qui a entendu la voix du sommet, apprenant à ses dépens que l’UA n’était pas la Cedeao de ses copains et coquins GoodLuck Jonathan du Nigeria, Abdoulaye Wade du Sénégal et Blaise Compaoré du Burkina Faso. Ce sont d’ailleurs ces trois présidents qui l’ont invité à Addis Abeba au grand dam des autres Présidents africains, lui donnant les assurances que l’UA avaliseraient toutes ses vues concernant le dossier ivoirien. C’était compter sans les dignes fils de l’Afrique comme Jacob Zuma d’Afrique du Sud, Eduardo Dos Santos de l’Angola, Obiang N’guema de Guinée équatoriale, qui apprenant la venue du Président français à Addis ont d’abord cru à une farce. Mais une fois l’information confirmée, des messages diplomatiques ont été envoyés par leurs soins aux conseillers du Président Sarkozy afin que ce dernier renonce à effectuer le déplacement dans la capitale éthiopienne. Déplacement qu’ils voyaient comme une intrusion dans les affaires intérieures du continent et qu’ils assimilaient à une forme de néocolonialisme. Devant pareille levée de boucliers, Nicolas Sarkozy hésita, puis pour ne pas faire aveu de faiblesse devant ses pairs africains, décida de maintenir son arrivée. Une fois là-bas, une seconde salve de notes diplomatiques l'y attendaient. Les dignes chefs d’Etat d’Afrique lui firent savoir qu’ils ne souhaitaient pas qu’il aborde le dossier ivoirien, pour lequel il était pourtant là. Ils le mirent en garde que s’il s’entêtait à le faire, il recevrait une réponse en bonne et due forme publiquement.
Ayant compris qu’il risquait l’humiliation en pleine tribune de l’UA, il se borna à parler de la crise tunisienne et égyptienne. Sur la Côte d’Ivoire, il dira pour sauver la face: «En Côte d’Ivoire, c’est tout un peuple qui voit bafouer le choix qu’il a librement exprimé lors d’une élection qui devait sceller le retour à la paix. La France apporte un soutien résolu aux efforts de l’Union africaine, de la Cedeao et du Secrétaire général des nations unies pour faire prévaloir, dans la paix, le respect du choix des Ivoiriens».
Point de « Le Président élu de Côte d’Ivoire est Alassane Ouattara, Laurent Gbagbo doit lui laisser immédiatement le pouvoir. S’il refuse, la force légitime de la Cedeao sera utilisée contre lui ». Toutes les rhétoriques des réunions de la Cedeao à Abuja, de la France, de la Communauté internationale et de l’Onu, sur une prétendue victoire de Ouattara à l’élection présidentielle ne furent point abordées.
Comme on le voit, Nicolas Sarkozy, Ban Ki Moon et les chefs d’Etat de la Cedeao viennent de prendre une douche froide et une déculottée à Addis Abeba. Leur coup contre la Côte d’Ivoire et son Président vient une fois de plus d’échouer.
La résolution de la crise ivoirienne a été confiée à un panel de 5 chefs d’Etat africains qui chercheront à comprendre les causes de la crise et faire des propositions de sortie de crise.
Le Président équato-guinéen, Obiang N’guema Basogo, a été élu dans la foulée et pour un an, Président en exercice de l’Union africaine.
Ce 16e sommet de l’UA marque le vrai départ dans le règlement pacifique de la crise ivoirienne, là où la Cedeao et la communauté internationale avaient mis la charrue avant les bœufs.
Christian Vabé