Situation sociopolitique : Les Frci en colère contre Ouattara
Publié le vendredi 1 juillet 2011 | Le Temps - Yopougon, autoroute du nord, un car en provenance de l’intérieur du pays stationne à un barrage des Frci. Un combattant qui procédait au
Publié le vendredi 1 juillet 2011 | Le Temps - Yopougon, autoroute du nord, un car en provenance de l’intérieur du pays stationne à un barrage des Frci. Un combattant qui procédait au
contrôle de routine demande aux occupants du car «qui est Lmp ?» Evidemment tout le monde prend peur mais une dame réussit à vaincre sa crainte pour se designer .Elle est suivie par quelques occupants qui descendent du car. Le reste, visiblement des militants Rhdp, manifestent une joie qui sera de courte durée, car on leur exige chacun la somme de 2000F, à leur grand étonnement. La lune de miel a pris des allures très amères. Ecoutez plutôt ce combattant des Frci. «Nous sommes venus ici à cause de vous, maintenant que vous êtes au pouvoir, vous ne voulez plus donner notre argent. C’est vous qui allez payer». Cette scène parait banale, mais elle dénote de l’état d’esprit qui règne actuellement au sein des hommes que Ouattara a baptisé lui-même «Forces républicaines de Côte d’Ivoire» au plus fort de la crise postélectorale. Dans son bunker du Golf hôtel, un décret a été pris dans ce sens. Il donnait ainsi le signal que ce sont ses hommes qui allaient remplacer les Fds, une institution qui date de la période de Houphouët. Les recrutements ont donc été dans toute la Côte d’Ivoire avec la promesse ferme d’intégrer la nouvelle armée. Certains ont en plus reçu l’assurance d’être payés cash une fois qu’ils seraient venus à bout de Gbagbo. Depuis le 11 avril dernier cela fait trois mois que la France, aidée par les Frci, est venue à bout du Président Gbagbo. Chacun est donc en droit d’attendre son butin de guerre qui tarde à venir. Mais les nouvelles qu’ils reçoivent ne sont pas faites pour les rassurer. Il désormais question de les faire partir des postes qu’ils occupent sans rien leur proposer en contre partie. Alors que tous ont risqué leur vie dans les combats. L’armée française et l’Onuci commises pour la tâche y vont souvent avec les moyens forts comme s’ils traquaient encore des combattants pro-Gbagbo. «L’armée française arrive ici aux «Toits rouges» dans leur traque des Frci. Ils se mettent le plus souvent non loin du commissariat ou sont les éléments des Frci. Chaque fois nous avons peur en pensant au traumatisme que nous venons de vivre», explique, la peur au ventre, un habitant de ce quartier de Yopougon. C’est le même cas dans le secteur de Niangon ou les Frci jouent à cache avec la Licorne et les force onusiennes aux différents barrages qu’ils occupent. «C’est foutaise, nous on s’est battu pour eux. Ils ne peuvent pas nous chasser comme ça», se lâche de se faite, un combattant qui continue de tenir certains à Yopougon. Pour la plupart c’est d’ailleurs le seul moyen de se faire car aucun d’entre eux n’est payer. En clair chacun se paye sur le terrain comme il le peut. A ce niveau bonjour donc les dégâts et les exactions de toutes sortes. C’est par exemple le cas pour les régions où des éléments Frci chassés par la Licorne se sont réfugiés, kalache au poing. Les populations civiles ont de ce fait fuit les villages à cause des exactions qu’ils subissent. «Sous la menace des armes ils font payer tout aux paysans. C’est comme à l’époque coloniale», témoigne un jeune cadre de la région. C’est pratiquement le même danger que court les populations d’Abobo, la commune, où posseder une arme, la chose la plus normale. Au camp commando aux mains des Frci la menace est réelle. Des combattants commencent à réclamer leur butin sous la menace des armes. «Beaucoup commencent à fuir avec les armes. Ils se disent déçu du pouvoir qui les traîtent comme des indésirables après les avoir utilisés lors des combats», révèle un habitant d’Abobo qui vit dans les environs de ce camp. Ils ne veulent plus quitter les postes qu’ils occupent après gouté aux faveurs du treillis qu’ils portent. A Yopougon c’est pratiquement le même cas. Certains responsables locaux des Frci tentent des opérations de charme auprès des populations en leur proposant des manifestations de soutien, histoire de montrer que leur présence est salutaire dans la cité. Et donc que, les faire partir serait une erreur de les faire partir des commissariats et autres points qu’ils occupent. Evidemment, le manège a du mal à prendre, il s’agit quand même de Yopougon. Entre temps, la colère continue de monter chez un bon nombre qui se voit ainsi payer en monnaie de singe.
Guehi Brence
Bruits de botte et frustrations…
Publié le vendredi 1 juillet 2011 | Le Temps
Ouattara parviendra t-il à mettre les Frci et les ex-Fds dans un même panier pour constituer la nouvelle armée ivoirienne ? Rien n’est moins sûr. Les forces régulières estiment que ce serait leur faire injure que d’intégrer des hommes dans leurs rangs, sans leur faire subir la formation indiquée, avec le niveau requis. De leur côté, les éléments des Frci affectés dans les commissariats et les brigades de gendarmerie se plaignent déjà qu’’’on ne les paye pas’’. Ils sont frustrés de ce que ‘’les ex-Fds touchent leurs salaires à la fin du mois alors que ceux qui ont installé le nouveau pouvoir n’ont rien’’. Quant à la nouvelle configuration de l’état –major et la haute hiérarchie de la nouvelle armée, c’est une autre paire de manche. Quels seront les nouveaux chefs de l’Armée ? Certains observateurs craigne que Ouattara ne se retrouvé devant un panier à crabe. Une bombe de frustration qui pourrait exploser à tout moment. En attendant que les nombreux problèmes qui minent l’armée ivoirienne soient résolus. Dont le retour des Fds en exil.
K.K.M
Constitution de la nouvelle Armée : Une bombe à retardement
Publié le vendredi 1 juillet 2011 | Le Temps
Le pouvoir en place a le sommeil troublé par la question de la nouvelle Armée ivoirienne dont les contours restent assez flous. Entre les exigences des Frci et la situation des ex-Fds, il faut craindre que les choses ne dégénèrent.
Les difficultés du pouvoir en place ont un nom sur le terrain militaire : Les Forces républicaines de Côte d’Ivoire (Frci) qui ne sont autres que les ex-rebelles transfuges des Forces nouvelles (Fn). Des gens en armes qui doivent, selon le plan de Ouattara, être intégrés en partie à la nouvelle armée en perspective. Une armée dont les contours restent des plus flous pour l’heure, en dépit des promesses qui l’entourent quant à l’intégration des uns et des autres, en fonction de leur statut. A ce niveau, les choses auraient pu être plus simples, si le processus de paix n’avait pas été stoppé par ceux qui voulaient vaille que vaille abattre Laurent Gbagbo. Car, le dialogue militaire, entamé par le régime de la Refondation et les Fn dans le cadre du dialogue direct qui a débouché sur l’Accord politique de Ouaga (Apo), avait déjà entamé les grand axes de la redéfinition de la Nouvelle Armée ivoirienne. Le quota d’intégration des ex-combattants à la gendarmerie, à la police, aux Fanci, aux eaux et forêts et aux douanes avaient été établi. La question des grades des Forces armées des forces nouvelles pressenties pour faire partir de la nouvelle armée avait été réglée et les effectifs étaient bien connus. Mais Ouattara en a promis plus à ses hommes. Plus que de raison. Aujourd’hui, dans le cadre de la mise en place de la nouvelle armée, ces promesses posent problème.
Des promesses mirobolantes
En effet, aussi ahurissant que cela puisse paraître, les «forces pro Ouattara» avaient reçu de leurs employeurs la promesse ferme qu’ils remplacaient systématiquement les Forces de défense et de sécurité de Côte d’Ivoire, présenté pendant la crise postélectorale comme des «forces pro Gbagbo». Ainsi, tout ceux qui tenaient un fusil en main étaient sûrs de faire partie de l’Armée ivoirienne nouvelle formule. Qui, dans le corps la gendarmerie nationale, de la police, des douanes et des eaux et forêts. Il s’agissait donc pour le nouveau pouvoir de faire table rase des ex-fds, pour installer les ‘’môgos’’. Du moins, c’est ce qu’on a fait croire aux Frci. Car, Ouattara et ses lieutenants étaient bien conscients que ces promesses étaient impossibles à réaliser. Aujourd’hui, le torchon brûle entre les «blakoro» et leurs chefs. Ceux-ci ont compris qu’on les a menés en bateau et exigent leur part du gâteau. Sommés de déposer les armes, ces derniers font de la résistance.
3000 éléments pressentis sur 9000 Frci
Si bien que la force Française Licorne prépare des plans et s’apprête à en finir avec les récalcitrants. Aux dire de l’Etat –major des dites forces républicaine , seulement 9000 éléments seraient des ‘’vraies Frci’’, sur 27.000 combattants enregistrés. Il va donc falloir se débarrasser de17.000 «éléments incontrôlés» pour ne retenir que 9000 cas, selon nos sources. Mais le problème n’est pas pour autant réglé. Car les 9000 ‘’vraies Frci’’ n’auront pas la chance de faire partir de la nouvelle armée. A en croire les indiscrétions, seulement 3000 éléments seront retenus, au terme des recrutements qui se feront, en fonction de critères bien établis. Les exigences d’une république digne de ce nom ne permettant pas que la nouvelle armée ivoirienne soit un four tout où n’importe quel truand peut trouver sa place, les frustrations qui s’annoncent au sein de Frci risquent de dégénérer en explications serrées entre Ouattara et ses hommes.
L’Armée régulière en ‘’embuscade’’
Pour ceux des Frci qui entreront dans les corps sus-cités, quels seront le mode de recrutement et la formation à suivre ? On sait que le nouveau pouvoir a fait annuler tous les concours cette année. Sous le prétexte que les stagiaires et les admis sont des partisans de Laurent Gbagbo. Suffira t-il pour les ex-combattants Frci de faire du footing tout les matins dans les rue d’Abidjan pour prétendre intégrer les et corps de défense et de sécurité et la nouvelle armée ? Pour leur part, les ex-Fds, ralliées ou non, se tiennent dans leur coin et observent. Les gendarmes et policiers attendent de reprendre leur place dans les brigades de gendarmerie et les commissariats de police, une fois que ceux-ci seront réhabilités. La communauté internationale exigant que Ouattara les réhabilite, afin qu’ils puissent assurer la sécurité dans le pays. Forts donc de leur légitimité, ils n’entendent pas être traités sur un pied d’égalité avec des ex-combattants qui n’ont reçu aucune formation. Quant aux militaires, ils se demandent bien à quoi ressemblera cette nouvelle armée dans laquelle ils seront mêlés à des ex-rebelles qui sont loin d’avoir intériorisé toutes les vertus républicaines de la grande muette. Pis, il court le bruit que des avantages liés à certains corps pourraient être supprimés. Des rumeurs qui ne sont pas faites pour rassurer les uns et les autres, au milieu de tous ces grincements de dents.
K. Kouassi Maurice