ShowBiz: Hommage à Tabu Ley Rochereau, le Roi de la rumba congolaise

Par IVOIREBUSINESS - Hommage à Tabu Ley Rochereau, le Roi de la rumba congolaise décédé samedi 30 novembre à Bruxelles.

Photo: Tabu Ley Rochereau, le père de Youssoupha, est mort (R.I.P).

Tabu Ley Rochereau est décédé samedi 30 novembre à Bruxelles. Il était l’un des rares survivants de la génération à l’origine de la rumba congolaise. Parcours d’un "roi" de la mélodie.

Né dans l’indifférence un 13 novembre 1940 à Bagata (RDC), celui que tout le monde se plaisait à surnommer le "roi" de la rumba, par ailleurs père du rappeur Youssoupha, marquera très certainement, à tout jamais, l’histoire de la musique congolaise. L'artiste estime que son père aurait eu au moins 68 enfants au cours de sa vie.
Le grand public le découvre à travers les titres "Kelya", "Adios Tété" et "Bonbon sucré". Il s'imposé
dans les années 60 comme l'une des stars de la rumba congolaise. Il a été l'un des
principaux ambassadeurs de ce courant à travers le monde. Avec sa formation African Fiesta Flash, il donne une série de concerts à l'Olympia en 1970. Tabu Ley fut en 1970 le premier musicien
africain de renom à se produire à l'Olympia à Paris.
Sa musique est très inspirée par la pop et rythme and blues.

Tabu Ley, surnommé "Rochereau" suite à une blague de potaches, de son vrai nom Pascal Emmanuel Sinamoyi, s’est éteint samedi 30 novembre à l’hôpital Saint-Luc de Bruxelles. Il était considéré, à l’instar de Franco, comme le père de la musique congolaise moderne, précisément de la "rumba mélodique", alors que Franco siégeait sur le trône de la "rumba groove", selon les propos du chanteur Ray Lema, rapportés par Le Monde. Tabu Ley s’intéresse au chant dès son plus jeune âge, dans les chorales d’églises et celles des écoles. Un début de parcours similaire à celui du chanteur de Jazz Ray Lema qui a accompagné "Rochereau" au Festac 77, le deuxième Festival des arts et de la culture négro-africains, à Lagos, en 1977.

C’est en 1956 que Tabu Ley démarre véritablement sa carrière en se faisant recruter par Grand Kallé (Joseph Kabasele), à l’origine du premier tube pan-africain "Indépendance cha cha" (1960). Le "roi" de la rumba congolaise intègre le groupe de Grand Kallé : l’ « African Jazz ». Un air de liberté s’empare alors de "Rochereau" et se met à composer ses premiers titres, dont Kelya, avant de former son propre groupe en 1963, avec le guitariste Docteur Nico : "African Fiesta". Ambiance fête et chant sont au programme avant que le groupe ne se scinde en deux. Place désormais à la danse, Tabu Ley monte un groupe de danseuses appelé "Les Rocherettes". L’une d’entre elles deviendra d’ailleurs l’une des clodette de Claude François.

De la musique à la politique

"Rochereau" poursuit son ascension fulgurante puisqu’il sera le premier artiste africain à se produire sur la scène de l’Olympia, la terre sainte parisienne des artistes dans le monde. C’était en 1969. L’année suivante, Mobutu rebaptise le pays Zaïre, et entreprend la "zaïranisation" forcée du régime. C’est alors que l’artiste se voit contraint d’emprunter un nom authentiquement zaïrois, il se fait appeler Tabu Ley. Son groupe aussi change de nom et devient "Afrisa International".

Mais ce n’est pas le grand amour entre lui et Mobutu avec lequel il se brouille avant de s’exiler aux Etats-Unis, puis en Belgique. « J’ai toujours été en controverse avec lui, déclare le musicien en 2003, lors d’un entretien à RFI, à l’occasion de la sortie de son album Tempelo. Moi, j’étais républicain, eux, conservateurs. On ne s’entendait pas vraiment. J’étais d’inspiration lumumbiste. Du côté, donc, de ceux qu’on prenait – à tort – pour des communistes. J’étais en revanche défenseur des valeurs républicaines et démocratiques. Mes façons de voir, les chansons que je faisais, défendaient ces aspirations, quelque peu contraires à celles de Mobutu. Donc, de temps en temps, on m’arrêtait. J’ai connu la prison politique deux fois »,

Après la chute de Mobutu, le "roi" de la rumba met partiellement de côté la musique et s’investit dans la politique. Il cofonde le Rassemblement congolais pour la démocratie, devient ministre, puis député et, en 2005, vice-gouverneur de la ville de Kinshasa. Mais en 2008, un accident vasculaire cérébral freine les ambitions politiques de "Rochereau". Tabu Ley ne s’en est jamais vraiment remis. Doucement, son état de santé se détériore, jusqu’à ce samedi 30 novembre où il finira par rendre l’âme. Des obsèques officielles auront lieu à Kinshasa.

Son fils Marc Tabu se souvient du père mais aussi de l'artiste. « Je garde le souvenir d'un bon père et aussi d'un grand musicien, on ne
l'a pas seulement apprécié comme papa mais aussi comme un grand artiste de notre continent ». « Il aura droit à des
funérailles officielles, mais comme tout le gouvernement est à Goma, à l’Est du pays
pour un conseil des ministres, nous attendons avant de fixer un programme », a ajouté le beau-fils du
chanteur, précisant que l'artiste sera enterré à Kinshasa.

Mireille (Mimi) Kouamé