Scandale/Sénatoriales, Ordonnance - Les Députés très en colère contre Ouattara:« Il nous a doublés ».« On l’attend au tournant »

Par Linfodrome - Scandale/Sénatoriales, Ordonnance - Les Députés très en colère contre Ouattara « Il nous a doublés ».« On l’attend au tournant ».

Députés ivoiriens à l’Assemblée nationale. Image d’illustration.

Les députés ivoiriens ont piqué une grosse colère contre le chef de l’État, Alassane Ouattara, à la suite d'une ordonnance de « contournement » de l'Assemblée nationale, qu'il a prise, dans le cadre des élections sénatoriales prévues pour le 24 mars 2018.
Ceux des députés qui nous ont joint, hier vendredi 2 mars 2018, en milieu de journée, ont laissé exploser leur fureur et leur frustration à l'encontre de l'Exécutif et de son chef, le président Alassane Ouattara. Ils ont dénoncé « une véritable ruse » de la part de l'Exécutif. La requête des députés visant à l’augmentation d'un (1) million de Fcfa de leur indemnité mensuelle, semble avoir viré, entre le gouvernement et l'Assemblée nationale, en une guerre de tranchée. En effet, les députés ivoiriens, après avoir, très discrètement, négocié avec le gouvernement, une augmentation de leurs émoluments, à hauteur d'un millionde Fcfa, ont virtuellement obtenu une rallonge de 500 000 francs Cfa. Contre mauvaise fortune, ils ont fait bon cœur.
Ces négociations, selon nos sources, avaient été menées par Mamadou Sanogo, l’ex-ministre de la Construction, qui préside la commission des affaires économiques et financières du Parlement. Les nouveaux salaires de deux millions six cent soixante cinq mille francs Cfa (2,665 millions), devraient commencer à être versés dès la fin janvier 2018. Mais depuis, point d’augmentation, et leurs émoluments sont restés en l'état. Évoquant certains, une ‘’duperie’’ et d’autres, une ‘’supercherie politique’’. Les députés qui nous appelé, n'ont pas caché leur colère contre le chef de l’État, et n'hésitent pas à voir dans la prise de cette ordonnance, ‘’une volonté’’ de celui-ci de les contourner. Et, ils en donnent les raisons : « nous avons été pris de court. Lorsque nous votions le budget 2018, avant d'aller en vacance parlementaire, le problème du Sénat avait été soulevé.
Les députés, dans leur ensemble, ont estimé qu'ils sont payés au ‘’black’’, c'est-t-à-dire que nous sommes mal payés. Quand on regarde dans la sous-région, les députés ivoiriens, sont dans la catégorie des députés les moins bien payés. Comparés aux salaires des députés du Sénégal, c'est le jour et la nuit. Au Sénégal, les députés touchent près de 6 millions de Fcfa. Les députés ont estimé que si le Sénat doit être mis en place, il faut procéder à une augmentation des salaires des députés. Nous sommes présentement en vacance parlementaire. La rentrée est fixée au 1er avril 2018. Comme le chef de l’État sait que nous sommes en vacance parlementaire, il a profité de cela pour prendre son ordonnance. Parce qu'il sait que quand nous allons reprendre le travail, et que s'il vient avec la loi organique dont le projet a été adopté en décembre 2017 à Yamoussoukro, devant les députés, ça va être compliqué pour lui. C'est pourquoi, il a décidé de nous court-circuiter. Le chef de l’État craint qu'on ne bloque. C'est pourquoi, il a pris un raccourci, en utilisant une ordonnance. Si on bloque, ça va être une grosse déconvenue politique pour lui. Sachez que ce sont les députés, toutes tendances politiques confondues, qui, à l'unanimité, ont réclamé cette hausse de nos indemnités. Nous avions demandé une augmentation d'un million de Fcfa. L'Exécutif a donné son accord. Mais, depuis, rien. Janvier, février, nous n'avons rien vu sur nos salaires, et voilà où nous en sommes aujourd'hui. Et le gouvernement a fait diversion, pour nous contourner, en optant pour une ordonnance. Il a eu peur que les députés ne bloquent cette loi. Dans tous les cas, le débat reviendra à l'Assemblée. Et, il risque d'avoir blocage, à la ratification, parce qu'une ordonnance a une durée de vie. A un moment donné,il va falloir ratifier cette ordonnance. Et c'est là que les choses vont se gâter pour l'Exécutif. Nous attendons donc, de pied ferme, l'Exécutif à l'Assemblée nationale. La ratification de cette ordonnance nous sera soumise, pour prendre la loi organique. S'il y a autant d'argent, pourquoi ne pas nous payer correctement, comme nos collègues de la sous-région. Nous attendons le chef de l’État et ses ministres à l'Assemblée nationale », ont martelé nos interlocuteurs.
Signalons, par ailleurs, qu'avant l’examen de la loi de finances 2018, les parlementaires avaient exigé, en pure perte, que le budget de l’Assemblée nationale, de 23,6 milliards de francs Cfa, soit réévalué à 34 milliards. La guerre est ainsi déclarée entre l'Exécutif et le Législatif...

Armand B. DEPEYLA

NB: Le titre est de la rédaction.