RIZ, VIANDE, POISSON, BANANE, IGNAME, CUBE MAGGI...: LES PRIX EXPLOSENT SOUS OUATTARA

LE 28 Février 2012 par NOTRE VOIE - L’inflation galopante et la cherté de la vie ont été un grand sujet de débat depuis 2008 et pendant la campagne électorale des présidentielles de 2010. Alassane Ouattara et ses partisans

Bananes.

LE 28 Février 2012 par NOTRE VOIE - L’inflation galopante et la cherté de la vie ont été un grand sujet de débat depuis 2008 et pendant la campagne électorale des présidentielles de 2010. Alassane Ouattara et ses partisans

fustigeaient le Président Gbagbo et son équipe d’être incapables de juguler ce fléau et d’être responsables de la paupérisation des Ivoiriens.
Depuis le 11 avril 2011, Alassane Ouattara a été installé au pouvoir en Côte d’Ivoire par l’armée française. Plus de 10 mois après, il dit avoir redémarré tous les chantiers arrêtés pendant la crise postélectorale et relancé l’économie du pays sans citer les initiateurs de ces projets. Qu’en est-il de la cherté de la vie en Côte d’Ivoire aujourd’hui?
Déjà au mois de juin 2011 la situation était préoccupante, l’inflation était galopante. On assistait à une hausse vertigineuse des prix des produits de première nécessité, comme le riz, l’huile, la viande de bœuf, le savon et bien d’autres ingrédients. Sur plusieurs marchés aussi bien à Koumassi, Marcory qu’à Yopougon, le sac de 5 kg de riz est passé de 3.000 (sous Laurent Gbagbo) à 3500 FCFA (+16.6%), le kg de viande de bœuf de 1.800 (sous Gbagbo) à 2.000 ou 2100 FCFA (entre +11.1 et +16.6%). Le savon de lessive et le savon de toilette connaissaient une hausse qui varie entre 30 FCFA et 75 FCFA, quels qu’en soient la marque ou le poids.
La situation est pareille en ce début de l’année 2012. Le prix du kg de viande reste élevé (entre 2000 et 2100 FCFA), la boîte de sardine qui coûtait 350 FCFA passe maintenant à 400 FCFA (+14.3%), le prix du litre d’huile est désormais à 1200 FCFA contre 900 F sous Gbagbo ; le kg de pomme de terre tourne autour de 500 FCFA contre 400 FCFA sous Gbagbo, le paquet de couscous coûte 1.000 FCFA contre 850 F avant Ouattara. La tendance haussière des prix touche également le secteur des légumes dont l’aubergine, la tomate, l’ail. Ainsi, le kg de tomate est à 500 FCFA contre 350 FCFA avant Ouattara, le kg d’oignon continue de coûter entre 300 et 500 FCFA selon la variété. Le poisson fumé ou frais sont devenus aussi hors de prix sur le marché. Même le Cube Maggi est passé de 25 F CFA les deux cubes à 25 FCFA chaque cube sous Ouattara. Mais, les hausses les plus spectaculaires concernent le riz, surtout que cette denrée est devenue l’aliment de base de toute la population. Les derniers relevés de prix sur les différents marchés d’Abidjan indiquent que le prix du sac de riz Uncle Sam (25 kg) est de 17.500 FCFA contre 14.500 F sous Gbagbo les brisures ou toute autre qualité sont à 11000 FCFA le sac de 25 kg contre 8.500 sous Gbagbo ; le sac de 50 Kg oscille entre 21 et 25.000 FCFA contre 17.500 F sous Gbagbo, alors que les sacs de 15 Kg coûtent 8000 FCFA contre 6.500 F sous Gbagbo. Le sac de riz à 25.000 FCFA c’est le plus grand cauchemar des familles en ce début d’année.
La flambée des prix et l’accélération de l’inflation en Côte d’Ivoire sont évidentes, personne ne peut les contester. Même au niveau macroéconomique, le taux d’inflation se situerait au dessus de la norme communautaire ; il serait de 4.9% avec un niveau de plus de 10% pour les produits alimentaires. Il convient à présent d’analyser les conséquences sur les populations, ses origines et l’apparente impuissance des autorités ivoiriennes à l’endiguer.

Des effets sociaux dévastateurs

La situation actuelle de forte inflation a des effets dévastateurs sur les populations et sur l’économie. Le premier effet c’est la baisse du pouvoir d’achat, pouvant aller jusqu’à l’exclusion de certains ménages/agents économiques de la consommation de biens devenus trop onéreux. La traduction concrète c’est la hausse de la popote quotidienne : « le marché » pour une famille de 5 personnes pour 1 jour à Abidjan était de 2.000 FCFA avant le 11 avril ; il est passé à au moins 3.000 F en juin (plus 1/2 par rapport à mars 2011), et se situe entre 4.000 et 5.000 FCFA en janvier 2012 (plus 2/3 par rapport à juin 2011, plus du double par rapport à mars 2011). Dans ces conditions certains repas sont supprimés. C’est ainsi que dans de nombreuses familles, seuls les enfants de moins de 10 ans sont concernés par le petit déjeuner et ont droit aux trois repas par jour. Les autres membres de la famille se débrouillent et se contentent du seul repas du soir difficilement suffisant.

Les prix montent, la mort frappe

L’augmentation de la morbidité et de la mortalité en est une conséquence. La baisse du pouvoir d’achat des Ivoiriens intervient dans un contexte de licenciements massifs (plus de 2.500 personnes jetées à la rue, à ce jour, par Ouattara), de suspensions de salaires et de gel des avoirs de plus de quatre cent personnes depuis l’avènement de Ouattara, assombrissant encore d’avantage la situation.
Au plan macroéconomique l’inflation galopante réduit le taux d’intérêt réel et le revenu disponible pour l’épargne, les besoins de consommation absorbant une part croissante des revenus. De même, la dévalorisation induite des actifs financiers se traduit par une forte tendance à la thésaurisation et par une demande croissante d’actifs réels (terrains, bâtiments, or, etc.), réduisant ainsi fortement l’épargne monétaire et financière. Or, sans épargne conséquente dans un pays, pas d’investissement pour induire une croissance forte. L’inflation galopante est donc dommageable à la fois pour l’économie entière et pour les agents économiques pris individuellement. Il faut la combattre. C’est d’ailleurs un des critères de convergence de l’UEMOA et un objectif central de la politique monétaire des pays de la Zone Franc. Mais pour se faire, il faut bien en connaitre les causes.
L’inflation que la Côte d’Ivoire connait aujourd’hui est tirée par les produits alimentaires, le coût de l’énergie et la pression de la demande étant atone. La flambée des prix des produits alimentaires importés (essentiellement les céréales, les protéines et les légumes qui en sont une composante importante) ne semble pas être la conséquence d’une hausse des cours mondiaux. En effet, selon la FAO, les prix des produits alimentaires ont enregistré une hausse moyenne d'environ 2% entre décembre 2011 et janvier 2012, sa première augmentation depuis juillet 2011. Les prix de tous les groupes de denrées ont affiché des gains le mois dernier, les huiles en tête, suivies de près par les céréales, le sucre, les produits laitiers et la viande. A son nouveau niveau de 214 points, l'indice des prix des produits alimentaires demeurait toutefois inférieur de 7% à celui de janvier 2011. On sait également que les cours du pétrole sont restés stables en dessous de 100 dollars le baril jusqu’à fin janvier 2012. Toutefois, la dépréciation de l’euro (12.5% par rapport à son plus haut) et sa perspective négative peuvent avoir joué à la hausse sur les prix d’importation hors zone euro. On voit bien que les évolutions du marché international n’expliquent pas à elles seules les fortes hausses de prix observées en Côte d’Ivoire, surtout au niveau du riz.

Le peuple appauvri au profit d’une poignée

Les principales causes de ces hausses pour les produits importés doivent être recherchées au niveau de la non maîtrise des circuits d’importation (caractérisée par une forte concentration des importations entre les mains de quelques importateurs) et de commercialisation, l’indiscipline des intervenants de la chaîne de distribution, à savoir importateurs, transporteurs, grossistes, commerçants détaillants. Il y a également les pratiques spéculatives. Une vendeuse de riz confie aux enquêteurs que les revendeurs qui enlèvent souvent le produit par lot de 25 sacs se retrouvent avec seulement 20 sacs pour le même montant dépensé (soit -20%). Ils sont donc obligés d’augmenter à leur tour les prix pour récupérer les fonds engagés.

Le racket des FRCI,
un sale facteur

Il y a enfin l’incapacité du gouvernement à réguler tous les segments du marché des produits alimentaires importés.
Les produits alimentaires locaux contribuent pour une fois à cette inflation. Ceci est la conséquence de l’insécurité et du racket croissant. L’insécurité impacte la production et les activités post-récolte car elle se traduit par le ralentissement des activités agricoles du fait d’une réduction de la fréquence des travaux champêtres (pour éviter les droits de passage institués et infligés par les FRCI dans toutes les régions, les paysans vont moins fréquemment aux champs), d’une réduction des heures ouvrées (les paysans rentrent au village bien avant la tombée de la nuit). L’insécurité et le racket affectent la commercialisation des produits alimentaires et l’approvisionnement des marchés par l’intensité des tracasseries subies pour l’évacuation de produits de la brousse, pour leur transport (taxes sauvages, frais de route), et sur les marchés (taxes sauvages et violence). Tout ceci réduit l’offre des produits tout en accroissant les coûts de transaction, conduisant à une hausse des prix.
Face à cette situation catastrophique, le gouvernement devrait prendre des mesures concrètes effectivement appliquées.
- En s’attaquant d’abord résolument au problème de l’insécurité endémique, qui est le fait des FRCI et des dozos, forces supposées être sous son contrôle ;
- En engageant ensuite des actions concrètes au-delà des effets d’annonce. En effet, on nous dit qu’il y a une intensification des opérations de recensement et de relevé des prix par les services du ministère du Commerce, en vue d’une meilleure lisibilité sur les prix des produits de grande consommation tels que le poisson, la viande, le riz, la tomate, le lait, l'huile, le pain, le sucre et le gaz. Mais les résultats concrets de ces opérations et les mesures correctives prises sur cette base ne sont pas perceptibles ;
- En engageant enfin des actions de formation et d’encadrement des opérateurs qui interviennent dans la commercialisation et la distribution des produits alimentaires. Sinon, la passivité du gouvernement face à la vie chère risque de lui créer de mauvaises surprises.

Où sont donc passés nos défenseurs ?

C’est le lieu de relever l’incompréhensible immobilisme des syndicats et des associations de défense des consommateurs (défense du pouvoir d’achat) devant l’explosion des prix actuelle. En effet, la dégradation rapide des conditions de vie des travailleurs et des ivoiriens en général devait interpeller ces organisations, dont la pression sur le gouvernement peut aider ce dernier à se réveiller. Au demeurant, ces actions font partie de leurs missions. La société civile toute entière et les partis politiques devraient également interpeller le gouvernement sur sa responsabilité pour garantir le bien être des ivoiriens et veiller à préserver les ressorts de la croissance et de la prospérité du pays.

Une contribution de Jean Charles TIEMELE Economiste Financier

Règlement de la dette intérieure : Le Trésor public prend des "mesures courageuses"

Publié le mardi 28 février 2012 | Le Nouveau Réveil - Pour la gestion 2012, le Trésor public s’engage, conformément au programme économique et financier, à ne pas accumuler de nouveaux arriérés et à privilégier l’apurement de la dette flottante. Il est

important d’indiquer que les paiements se feront selon les critères de transparence et d’équité conformément à l’orthodoxie comptable", a notifié le directeur général du Trésor et de la Comptabilité publique, Koné Adama. Cette information "capitale" qui vient rassurer davantage les fournisseurs de l’Etat qui attendent un lendemain meilleur a été communiquée lors de la rentrée budgétaire 2012 que présidait le ministre de l’Economie et des finances, Diby Koffi. Koné Adama, rappelle-t-on, multiplie les actions pour répondre au mieux aux attentes des usagers de cette régie financière. Au nombre des innovations : l’écoute client, l’observatoire de l’éthique et de la déontologie (Oed-tp), une meilleure coordination des opérations d’apurement de la dette intérieure. Aussi, des initiatives sont-elles entreprises pour la mise sur pied une plate-forme de collaboration avec les fournisseurs et les prestataires de l’État. L’objectif : rassurer et instaurer une plus grande transparence en élaborant un mode opératoire consensuel de paiement des mandats. Par ailleurs, organe de veille permanent, l’Oed-tp se prononcera sur les cas de manquements aux règles d’éthique et de déontologie et contribuera par la sensibilisation et l’information au développement de l’éthique et au respect du Code de déontologie des agents du Trésor public. Il reçoit les plaintes et entend les usagers/clients, victimes des manquements aux règles d’éthique et de déontologie par les services du Trésor. Il reçoit aussi les plaintes et entend les Agents victimes des manquements aux règles d’éthique et de déontologie. Il est également chargé de mener toutes les investigations pour s’assurer de la véracité des faits portés à sa connaissance. En outre, il suit, en relation avec les services concernés, la mise en œuvre des réponses données aux préoccupations exprimées par les usagers/clients. Enfin, il recueille les cas de satisfaction avérés exprimés par les usagers/clients. Il a été également créé par décision n°3733/Mef/Dgtcp/demo du 05 octobre 2011, un Comité de suivi de la dette intérieure (Cosdi) qui centralise les états des restes à payer transmis par les postes comptables, élabore un plan d’apurement de la dette intérieure, s’assure de la disponibilité des ressources nécessaires à la couverture des dépenses inscrites au plan d’apurement. Le Comité veille également à une meilleure allocation de la trésorerie disponible en s’assurant de l’utilisation judicieuse des approvisionnements reçus. En outre, il veille au respect des principes d’antériorité et de priorité, œuvre à la non accumulation de nouveaux arriérés. Il dégage enfin des priorités dans le règlement des dépenses. Un point est fait chaque semaine sur le reste à payer. Rappel : sur 182,8 milliards de F que l’État restait devoir aux fournisseurs et autres prestataires de service à fin 2010, le niveau d’apurement en 2011 a été de 139,8 milliards de F, soit un taux d’apurement de 76,5 %. A fin 2011, le niveau des restes à payer se situe à 141,7 milliards de F, composé de 43,0 milliards de Fcfa de reliquat sur le stock à fin 2010 et 98,7 milliards de F de dette flottante.

P Tadjau