Rififi dans la nouvelle armée: Échange de tirs entre éléments des FRCI, Un soldat blessé, Les raisons du clash

Publié le jeudi 11 août 2011 | L'Inter - Des éléments des Forces républicaines de Côte d'Ivoire (FRCI) se sont tiré dessus hier mercredi 10 août 2011 à Marcory Zone 4, au domicile de Alini

Patrouille des FRCI à Abidjan.

Publié le jeudi 11 août 2011 | L'Inter - Des éléments des Forces républicaines de Côte d'Ivoire (FRCI) se sont tiré dessus hier mercredi 10 août 2011 à Marcory Zone 4, au domicile de Alini

Marwan, opérateur économique vivant en Côte d'Ivoire. Quand nous sommes arrivés sur les lieux hier, le domicile de M Marwan était occupé par des hommes en treillis, armés de kalachnikov. Sa famille et ses connaissances trouvées sur place étaient encore sous le choc. La peur se lisait sur tous les visages. « On vit une situation d'insécurité totale dans un pays où la justice n'arrive pas à s'exprimer », lâche amer, Soudan Rohan, fils de Soudan Ghassan, associé à Alini Marwan dans la gestion d'une grande entreprise privée de la place. Il nous raconte en quelques mots ce qui s'est passé chez eux. « Courant février, Soudan Fayez (associé à Soudan Ghassan et Alini Marwan, actionnaires majoritaires) instruit une action en justice contre M Marwan pour l'arrêter. Ainsi, il pourra convoquer une réunion du Conseil d'administration pour mettre la main sur la société. Comme son action n'a pas marché, il a intenté une autre action civile pour obtenir la nomination d'un administrateur provisoire. Cette action a été déboutée le 29 juillet dernier à la Cour d'appel », nous confie-t-il, avant de poursuivre: « depuis près de trois mois, ils (Fayez et les actionnaires minoritaires que sont Soudan Rafik et Sabré Rafik) ne cessent d'intenter des actions contre nous pour obtenir qu'on soit mis en prison, ne serait-ce que 20 jours, pour convoquer une réunion du Conseil d'administration dans le but de nous spolier de notre entreprise ». Aux yeux de Soudan Rohan, les associés de son père ne cessent de les accuser de détournement sans apporter de preuve. « Aujourd'hui (NDLR: hier), nous voyons débarquer chez nous des éléments de la Police judiciaire (PJ) accompagnés d'une cinquantaine d'éléments des FRCI appartenant à l'unité du « Commandant » Sansan, en possession d'un mandat d'emmener sans convocation. Ils n'avaient qu'une liste comportant des noms », a-t-il soutenu. La descente des FRCI et des éléments de la PJ au domicile de M Marwan laisse des traces. Nous découvrons des impacts de balle sur le mur de la maison, preuve que des tirs ont été libérés sur les lieux. Nous découvrons également un élément des FRCI, prénommé « Robot », blessé à la tête à la suite d'un échange de tirs entre les éléments du Commandant Koné Zakaria, qui patrouillaient dans la zone et ceux du « Commandant » Sansan sur les lieux. « Ils (éléments de Sansan) ont emporté deux ordinateurs portables, cassé des caméras de surveillance, vidé les poches du fils de Marwan et emporté 5 millions de FCFA », soutient Soudan Rohan. Au domicile de M Marwan, nous nous entretenons avec des éléments des FRCI venus en renfort de l'état-major. Selon l'un deux, qui a préféré garder l'anonymat, lorsque les éléments de Sansan sont arrivés sur les lieux, Koné Zakaria, informé et dans la zone, est intervenu également. Il sera rejoint par l'ambassadeur de la Palestine en Côte d'Ivoire, « qui est un ami de la famille », selon les informations recueillies sur place. Plus tard, débarquent au domicile de M Marwan, « le Commandant » Zanga de l'état-major, lui aussi accompagné de M Soudan Fayez et de Rafik Soudan, les adversaires de Marwan Alini et Ghassan Soudan. Tous sont embarqués, avec l'adjoint de Sansan, en l'occurrence M Assalé pour le palais présidentiel. « Il (Zakaria) a interpellé les éléments de Sansan et de la police qu'il a embarqués pour la Présidence », nous a déclaré un élément des FRCI au domicile de M Marwan. Des éléments de Sansan, nous a-t-on confié, invités à se rendre à l'état-major pour clarifier cette situation, s'opposent. A une trentaine de mètres du domicile de M Marwan, les éléments du « Commandant » Sansan refusent de bouger et bloquent la circulation. Le nommé Robot, dont nous parlions plus haut et qui appartient à l'unité de Koné Zakaria, s'énerve. Il veut forcer les éléments de Sansan à obtempérer. Manque de pot pour lui, un élément de Sansan libère des tirs de kalachnikov pour l'effrayer. Robot sort également son arme pour répliquer. Des échanges de coups de feu éclatent, obligeant les riverains à se terrer chez eux aux environs de 15h30. « Robot » frôle la mort, puisqu'une balle lui frôle la nuque. Ensanglanté, il est immédiatement conduit dans une clinique de la place non loin des lieux. Il est soigné et rejoint aussitôt le domicile des Marwan. Nous l'avons aperçu avec un tee-shirt imbibé de sang, assisté d'un médecin. Quelques instants plus tard, des éléments de l'Onuci débarquent, puis repartent aussitôt. Pour éviter qu'un autre affrontement ne se reproduise, Koné Zakaria a laissé quelques uns de ses éléments sur place. En quittant le domicile des Marwan, ceux-ci veillaient au grain, déterminés à empêcher une autre descente des éléments du « Commandant » Sansan, lui-même placé sous l'autorité du Commandant Wattao.

Y. DOUMBIA