Retour de GBAGBO: 17 juin 2021/ 17juin 2022 et l’Espoir renait, Par Pr Raphaël DAGBO
Par Ivoirebusiness - 17 juin 2021/ 17juin 2022 et l’Espoir renait, Par Pr Raphaël DAGBO.
Il y a dans la vie des Hommes comme dans celle des Nations des dates qui
cristallisent des moments d’une force émotionnelle exceptionnelle. Ce
jeudi 17 juin 2021, lorsque son Excellence Le Président Laurent Gbagbo foule
le sol de son pays, c’est un véritable espoir qui s’élève dans le ciel
ivoirien. Il est d’autant plus fort qu’il s’alimente de ce terrible
caléidoscope d’images où se mêlent les souvenirs des hélicoptères
gazelles de l’armée française qui mitraillent impitoyablement la foule de
jeunes ivoiriens aux mains nues sur les ponts de la lagune Ebrié ou encore
les tirs volontairement meurtriers de l’armée française qui fauchent à
bout portant cette même jeunesse assoiffée de liberté devant l’Hôtel
Ivoire… Dans un message de compassion mais plein de réalisme, adressé à
cette jeunesse ainsi meurtrie, le Président Laurent Gbagbo leur avait dit en
substance, qu’il arrive parfois que dans l’édification d’une Nation et
dans la quête de la souveraineté l’on rencontre des épreuves
sanglantes… nous en faisons hélas, avait-il ajouté, l’amère
expérience…mais ces morts mille fois si injustes ne seront pas vaines
avait-il conclu.
Ce 17 juin 2021, est indiscutablement un autre galet blanc sur ce chemin
étroit et si exigeant vers la souveraineté de la Côte d’Ivoire. Obtenir
la réconciliation de ses concitoyens, voici l’objectif immédiat. Mais
dans cet accueil quasi délirant de ses partisans il y a comme une fausse
note. Institutionnelle ; une nouvelle occasion manquée de faire de cette
arrivée un acte fort de la réconciliation. Hélas les autorités ont fait
le choix de ne rien mettre en place pour maintenir l’ordre afin que
l’Homme d’Etat salue au moins les nombreux chefs traditionnels et Rois
venus lui souhaiter la bienvenue en terre natale. M. Nandji Djorogo Sévérin
chef du village d’Anono s’interrogera en ces termes : « Laurent Gbagbo a
été acquitté. Il a décidé de rentrer dans son pays… mais j’ai
l’impression qu’il y a un clan qui ne veut pas de la réconciliation. »
Au siège de son parti où l’attendaient ses compagnons de lutte encore en
vie, le Président Laurent Gbagbo prononcera cette phrase programmatique. «
Je suis heureux de retrouver la Côte d’Ivoire, puis il ajoutera et
l’Afrique ». En effet à cet instant, la Côte d’Ivoire qu’il retrouve
n’est pas simplement la géographie physique des 322000 Km2. C’est aussi
et surtout la nécessité pressante de corriger une erreur politique où
l’on a cru qu’il suffisait de poser des infrastructures, organiser une
économie extravertie pour que la haine installée dans les cœurs et les
esprits par des tueries de masse s’évanouisse comme par enchantement. La
Côte d’Ivoire qu’il retrouve est un véritable champ de bataille encore
fumant de ces demeures incendiées avec leurs occupants à l’intérieur,
des personnes lacérées à la machette avec au moins une tête coupée sans
que personne ne soit inquiétée parmi les tueurs pourtant archiconnus. La
Côte d’Ivoire que Laurent Gbagbo retrouve est celle où l’on confond à
dessein la terreur voulue et installée à dessein à une paix retrouvée.
Cette Côte d’Ivoire a raisonnablement vocation à devenir un champ de
labour où il est urgent d’allumer le calumet de la paix sincère et
librement consentie. Quant à l’Afrique, l’Homme d’Etat Laurent Gbagbo
semble plus que jamais convaincu, qu’à l’heure où se constituent les
grands ensembles géopolitiques (L’Union européenne en réorganisation
pour remuscler la solidarité des états qui la constituent, la Chine et la
Russie entre autres se rapprochent en Asie pour faire face à une alliance
atlantique qui s’érige sans mandat pour faire la police au monde., les
USA, l’Australie et la Grande Bretagne négocient une alliance anglosaxonne
pour peser contre la Chine…), l’Afrique doit enfin devenir une unité
politique qui se construit librement son propre récit stratégique et
devenue plurielle. Laurent Gbagbo le pensait en réalité depuis longtemps
déjà à dire vrai. Cette Afrique qu’il retrouve ce jeudi 17 juin 2021
doit s’inscrire sans délai avec des actes concrets dans ce moment au
risque d’être recolonisée rapidement et définitivement.
Certains bienpensants, toujours les mêmes, se posent étonnamment la
question de savoir qui doit se réconcilier avec qui ? Avec qui étions-nous
fâchés ? A ces amnésiques naufragés volontaires qui ont choisi de
partager dans la négation du réel, nous proposons l’ouvrage de notre
compatriote le journaliste Tra Bi Valeri Douekoué, « la vérité interdite
». D’ailleurs répondant aux journalistes de la Chaine de télévision
France 24, notre compatriote disait ceci : « la crise postélectorale de
2011 a exacerbé les conflits fonciers, communautaires, ethniques voire
religieux… ». Si le régime au pouvoir a lui-même fait condamné à
perpétuité le lampiste OUREMI qui n’a certainement pas tué à lui tout
seul au moins huit-cent WÊ, le moins que l’on puisse dire c’est qu’il
existe quelque raison pour s’asseoir et discuter afin de vider les poches
de ressentiments voire de haine des uns vis-à-vis des autres. Ce jeudi 17
juin 2021 fait sans doute écho à cette décision qui a conduit le
Président Laurent Gbagbo à s’inscrire résolument dans le dialogue direct
même si ceux qui étaient en face ont choisi de trahir la parole donnée
pour servir un agenda caché que nous ne connaissons que trop aujourd’hui.
17 juin 2021/ 17 juin 2022, l’architecte Laurent Gbagbo est de retour.
Cette fois-ci il est indispensable de ne plus se cacher derrière des
expressions fumeuses du genre « la réconciliation est un processus ». La
cinquième phase du dialogue a clairement identifié et défini ce qui peut
ramener la confiance et une vraie paix qui ne soit plus horriblement
l’équivalent d’un silence contraint et de petits chantages distillés
parcimonieusement çà et là.
Raphaël DAGBO
Enseignant-chercheur en relations internationales option défense nationale