Rebondissement/ Article 35: Alassane Ouattara veut chasser Francis Wodié, président du Conseil constitutionnel, hostile à la modification de l'article 35 de la constitution

Par IVOIREBUSINESS - Refus de modification de la l'article 35 de la constitution par le Conseil constitutionnel. Alassane Dramane Ouattara veut se séparer de Francis Wodié.

Pr Francis V. Wodié et Alassane Ouattara, chef de l'Etat. 20 ans du Conseil Constitutionnel.

Rien ne va plus entre Alassane Dramane Ouattara, chef de l'Etat, et Francis Wodié, président du Conseil constitutionnel.
Le torchon brûlerait entre les deux hommes comme le rapporte notre confrère LG Info en sa Une de ce mardi 03 février 2015.
En cause, la modification de l'article 35 de la constitution afin de rendre le chef de l'Etat éligible, pour qu'il puisse se maintenir au pouvoir en 2015.
Selon les informations en notre possession, le chef de l'Etat aurait reçu une fin de non recevoir de la part du Président du Conseil constitutionnel., qui s'oppose à toute modification de l'article 35 de la constitution par l'Assemblée nationale.
Cette décision est jugée anticonstitutionnelle par Francis Wodié.
Il l'avait déjà dit en 2013 après qu'il fut consulté par le chef de l'Etat.
Pour ce dernier, toute modification de l'article 35 de la loi fondamentale ivoirienne ne peut que se faire par Referendum, et non via l'Assemblée nationale.
Cette position du Professeur émérite de Droit Francis Wodié a le don d'irriter le chef de l'Etat et de le mettre hors de lui, surtout que dans la conquête du pouvoir contre le Président Laurent Gbagbo, les deux hommes étaient alliées, voire complices.
Mais depuis, de l'eau a coulé sous le pont entre les deux hommes. Francis Wodié n'étant pas prêt à brader sa réputation de professeur émérite de Droit pour un allié fut-il chef de l'Etat, qui ne respecte rien.
Au moment ou des voix s'élèvent partout dans le monde contre les modifications des constitutions par les chefs d'Etats africains pour se maintenir au pouvoir, après la chute brutale de Blaise Compaoré au Burkina après avoir tenté de se maintenir au pouvoir, les partisans d'une modification de l'article 35 de la constitution en Côte d'Ivoire se font de plus en plus rares.
Le premier à sonner la charge contre les modifications des constitutions en Afrique fut le Président français François Hollande, qui apporta même son soutien au peuple Burkinabé pour sa révolution démocratique. On se souvient aussi du mauvais quart d'heure passé par Alassane Ouattara le 04 décembre 2014 à l'Elysée, où il lui fut exigé le respect de la constitution, la reforme de l'armée, l'organisation d'élections libres, démocratiques, transparentes, ouvertes à tous, et dont les candidatures ne devaient pas dépendre de Ouattara, allusion à peine voilée à l'Appel de Daoukro.
Puis ce fut au tour de Barack Obama, le Président américain, de recadrer vertement le Président Joseph Kabila de la République démocratique du Congo, après le soulèvement populaire contre la modification de la constitution par ce dernier qui voulait se maintenir au pouvoir en 2016 (http://www.state.gov/r/pa/prs/ps/2015/01/236290.htm).
Barack Obama a même félicité le peuple congolais pour s'être opposé à toute modification de la loi électorale par Kabila.
Enfin samedi dernier au sommet de l'Union africaine à Addis Abeba en Ethiopie, Ban Ki Moon, secrétaire général de l'ONU a mis en garde les chefs d'Etats africains contre les modifications de leurs constitutions afin de s'accrocher honteusement au pouvoir (http://www.lemonde.fr/afrique/article/2015/01/30/robert-mugabe-est-le-no...): " J'appelle les dirigeants africains à ne pas s'accrocher au pouvoir et à quitter leurs fonctions à l'issue de leur mandat. Les changements de Constitution non démocratiques et les vides juridiques ne devraient pas être utilisés pour s'accrocher au pouvoir ", a-t-il expliqué, trois mois après la chute du président burkinabé Blaise Compaoré, chassé par la rue après vingt-sept ans au pouvoir parce qu'il tentait de modifier la Constitution pour briguer un nouveau mandat.
Puis Ban Ki Moon d'apporter son soutien aux peuples africains: « Les dirigeants modernes ne peuvent se permettre d'ignorer les vœux et aspirations de ceux qu'ils représentent », a-t-il poursuivi.
Même au sein de la coalition RHDP (RDR + PDCI) au pouvoir, on s'oppose désormais ouvertement à toute modification de l'article 35 de la constitution.
Me Faustin Kouamé, ancien ministre de la Justice et Conseiller juridique de Konan Bedié, a encore déclaré il ya deux jours dans le quotidien Le Belier (01/02), "que la modification de l'article 35 de la constitution était impossible". Ouattara devait donc selon lui en tirer les conséquences et retirer sa candidature à l'élection présidentielle de 2015 car il ne remplissait pas les conditions d'éligibilité".

Nous y reviendrons.

Eric Lassale