Résolution de la crise en Côte d’Ivoire: la solution se trouve dans les mains de Bédié, de Gbagbo et de Ouattara, autour d’une table
Le 21 août 2012 par IVOIREBUSINESS - La côte d'ivoire est en ce moment dans une situation de tension extrême. La raison, elle connait une série d’attaques ciblées de camps militaires, de gendarmeries et de commissariats. Ces attaques presque
Le 21 août 2012 par IVOIREBUSINESS - La côte d'ivoire est en ce moment dans une situation de tension extrême. La raison, elle connait une série d’attaques ciblées de camps militaires, de gendarmeries et de commissariats. Ces attaques presque
quotidiennes sont le fait de personnes non identifiées selon la hiérarchie militaire, abondamment reprise par la presse nationale et internationale. Bien avant ces attaques, une ambiance de ni paix ni guerre prévalait déjà à cause de l’insécurité et de la fracture sociale, résultats de la crise postélectorale.
Le Gouvernement accuse, de façon mécanique, les pro-Gbagbo et à travers eux, le Front Populaire Ivoirien (FPI), dont le siège au Deux Plateaux, a été violemment attaqué par des personnes non identifiées le samedi dernier. Dans la logique actuelle, le FPI a naturellement accusé les Pro-Ouattara.
Avec l’arrogance et la suffisance habituelles des membres du Gouvernement ivoirien, qui ont en charge les questions de sécurité, tout parait rationnel et toujours sous contrôle, dans la forme, mais, dans le fond, tout le monde sait que, petit à petit, les conditions d’une grande guerre meurtrière avec un soubassement interethnique, sont en train de se réunir, sous les yeux de la CEDEAO, de l’UA, de François Hollande qui, dans un communiqué laconique, appel à l’apaisement et à la réconciliation nationale. Sous les yeux, naturellement d’Alassane Dramane Ouattara qui, quant à lui, fait le tour du monde à la recherche, dit-on, d’investisseurs, on se sait pour quel pays, (l’insécurité règne en Côte d’Ivoire) et peut être aussi, à la recherche d’une légitimité internationale.
En principe, le Président ivoirien devrait avoir cette légitimité internationale puisse qu’il a été installé par la France, l’Angleterre et les Etats Unis, mais malheureusement pour lui, la vérité sur ce qui s’est réellement passé en Côte d’Ivoire, en 2010, commence à sortir au grand jour, depuis le départ inattendu de Nicolas Sarkozy de l’Elysée.
La légitimité nationale non plus, il ne pourra jamais l’avoir, compte tenu du contentieux électoral qui a été mal géré par ses parrains et l’ONUCI. Sur ce sujet, dans la tête de 52% des Ivoiriens, le Président légitime de la Côte d’Ivoire, reste Laurent Gbagbo, selon un sondage récent de la Licorne.
Ouattara comme le héros chasseur Djergbeugbeu dans le Didiga, l’impensable
La situation actuelle de la Côte d’ivoire fait penser au Didiga. Vous le savez certainement, le grand dramaturge ivoirien, le Professeur Zadi Zaourou, est le concepteur du Didiga. Selon lui, c’est une esthétique qui se décline au plan artistique, comme le récit des prouesses d'un héros chasseur nommé Djergbeugbeu et au plan philosophique comme l'art de l'impensable.
Depuis 1993, Alassane Dramane Ouattara se battait pour devenir Président de la Côte d’Ivoire. Il a utilisé tous les moyens, on peut le dire, il a fait des prouesses inimaginables, comme le héros chasseur Djergbeugbeu dans les règles de l’art, pour atteindre son objectif, s’asseoir dans le fauteuil d’Houphouët Boigny, le père de la Nation ivoirienne qui, en son temps, avait refusé de façon catégorique de signer son décret de naturalisation.
Sur ce point précis, Henri Konan Bédié, avec son concept d’ivoirité, mal maitrisé par ses suiveurs, on se rappelle, a maintenu le cap, en lançant un mandat d’arrêt international contre Alassane Dramane Ouattara, une fois arrivé au Palais présidentiel. Pour lutter contre Bédié, Laurent Gbagbo et Djéni Kobena ont créé le Front Républicain. Il y a eu aussi le boycott actif en 1995. Ce sont des faits importants qu’il faut signaler.
Un autre fait important, l’arrivée de Laurent Gbagbo, l’opposant historique, dans le bureau d’Houphouët Boigny, dans des conditions calamiteuses, comme il aime souvent à le dire lui-même. Il n’aura même pas le temps de mettre en chantier son programme de gouvernement. Vous connaissez du bout des doigts toutes les étapes du 19 Septembre 2002, de Marcoussis, de Kléber, d’Accra, de Pretoria de Ouagadougou et du coup d’Etat du 11 Avril 2010, perpétré par Nicolas Sarkozy et l’ONUCI.
Ce qui est intéressant ici, c’est que l’histoire de la Côte d’Ivoire, ces vingt dernières années et celle de son héros actuel, au plan philosophique et même métaphysique, sans dénaturer le concept du Professeur Zadi Zaourou, nous conduisent dans les méandres du Didiga, dans les pistes sinueuses et sombres de l’impensable.
Le Président Bédié, fils spirituel d’Houphouët Boigny, Baoulé, a été proprement chassé du pouvoir en 1999 par Alassane Dramane Ouattara dont Houphouët Boigny a refusé entre temps, de signer le décret de naturalisation. La raison, le natif de Daoukro, la connait. Il l’a mentionnée dans son livre « le chemin de ma vie »
Le Didiga, c’est que, mettant entre parenthèse son concept d’ivoirité, Bédié très rancunier contre son jeune frère, on saura un jour la vraie raison, s’est mis avec Alassane pour combattre Laurent Gbagbo, un Bété qui, entre-temps, l’a fait venir d’exil pour les causes de la réconciliation nationale après la transition militaire de Guéi Robert, un Yacouba. Laurent Gbagbo était en droit de le poursuivre, au nom de la Côte d’Ivoire, pour ses nombreux détournements de deniers publics.
Le Didiga, c’est que Laurent Gbagbo qui a gagné les élections de 2010 et qui a autorisé, il faut le préciser, sous la pression de la communauté internationale, Alassane Dramane Ouattara, à être candidat à la présidentielle, par conséquent, qui l’a fait national ivoirien, est aujourd’hui en prison à la Haye, pour dit-on, crimes contre l’humanité alors que Ouattara lui-même, Soro Guillaume et les Chefs de guerre bien connus qui ont tué et bu le sang des ivoiriens, sont en liberté.
Le Didiga, c’est qu’Alassane a même refusé le recomptage des voix, alors que la résolution d’un contentieux électoral, comme celui qu’a connu la Côte d’Ivoire, devrait nécessairement passer par le recomptage des voix ou par l’organisation d’un autre deuxième tour, dans de meilleures conditions sécuritaires dans le nord du pays. Il a préféré faire la guerre et s’asseoir en héros, avec force, dans le fauteuil présidentiel, avec une armée tribale appuyée par des forces étrangères. Le problème est que le parcours a été très long, plusieurs stratégies ont été utilisées et les conséquences sont énormes et difficiles à gérer.
Le Didiga, c’est que le héros actuel comme Djergbeugbeu, dans ses prouesses artistiques, digne d’un grand metteur en scène, a réussi à dresser, le Nord contre le Sud, les Chrétiens contre les Musulmans, les Bété contre les Baoulé, les Bété contre les Dioulas, les Dioulas contre les Baoulé, les Wè contre les Dioulas, les Attié contre les Dioulas, disons, toutes les autres ethnies contre les Dioulas. Il a gankami le pays, (il a mélangé le pays). Il faut remarquer que dans toutes les villes du Sud et du centre, il y a des Dialabougous, c'est-à-dire, des quartiers entièrement occupés par les Dioulas. Ce qui n’est pas le cas pour les autres ethnies dans le Nord du pays.
Le Didiga, c’est qu’avec la politique de rattrape ethnique d’Alassane Dramane Outtara, la fracture sociale et tribale s’est énormément agrandie. La coexistence pacifique entre les Ivoiriens, est aujourd’hui, un lointain souvenir.
Rappelons, en passant, que des milliers de planteurs Baoulé ont été accueillis dans le Grand Ouest Krou. Au-delà des slogans politiques du genre « la terre appartient à celui qui la met valeur » Le Président Houphouët l’a voulu ainsi, dans le fond, pour favoriser un brassage interethnique.
Dans le même ordre d’idées, sur ses instructions, tous les fonctionnaires du groupe Krou, notamment Bété étaient systématiquement affectés dans les pays Baoulé et Sénoufo et vice versa. Cette pratique était valable pour toutes les autres ethnies du pays. Le Président Houphouët tenait au brassage interethnique et croyait fermement en la complémentarité des valeurs traditionnelles des grands groupes sociologiques dans la construction de la Nation ivoirienne.
Revenir sur terre, dans le domaine du pensable et engager le dialogue, l’arme des forts.
Pendant vingt ans, les racines fondamentales de cette Nation ont été détruites et le mal est profond. Ceux qui sont au pouvoir aujourd’hui et ceux qui y étaient hier, doivent forcement s’asseoir autour d’une table pour parler franchement des vrais problèmes de la Côte d’Ivoire. C’est un passage obligé, il faut arrêter de faire la politique politicienne, il faut laisser de côté les orgueils inutiles et les avantages éphémères de positions sociale tout aussi éphémères, pour engager le dialogue qui est l’arme des forts et non des faibles, selon Le Président Houphouët Boigny.
Les vertus du dialogue et de la concertation mutuelle ne sont plus à démontrer. Un dialogue direct Gouvernement (RDR et PDCI) FPI et ses alliés pourrait mettre fin à tous les malentendus, incompréhension et autres paramètres liés aux revendications de l’opposition, ceci autour d’une table. Une telle prédisposition à se mettre autour d’une table, entre frères, et à tracer dans le respect et dans l’humilité, un cadre serein et responsable, pour régler les problèmes de la Côte d’Ivoire, attesterait sans aucun doute, de la crédibilité du régime Ouattara.
Il doit s’engager pleinement et sans retenue sur la voie du dialogue, passage obligé et civilisé pour la résolution des problèmes du pays et pour la prise en charge effective des revendications de l’opposition. L’initiative appartient au parti au pouvoir et le futur de la Côte d’Ivoire dépendra de la manière dont il gèrera les revendications de son opposition politique significative. Il faut se rendre à l’évidence, et arrêter de dire que la réconciliation nationale est possible en Côte d’Ivoire, sans Laurent Gbagbo, le troisième maillon de la chaîne, au sommet de la pyramide que constitue la Nation ivoirienne.
Alassane Dramane Ouattara mal conseillé par Nicolas Sarkozy a fait une très grosse erreur en faisant déporter Laurent Gbagbo à la CPI, une véritable nébuleuse politico-juridique à la solde des puissants de ce monde. Il faut trouver par conséquent une solution polico-juridique avec ses avocats pour le libérer, si, tant est qu’on veut vraiment la paix en Côte d’Ivoire. S’il est libéré la tension baissera forcement au pays notamment dans le camp de ceux qui se réclament de lui, les militaires FDS et combattants sur place et en exil que le Front Populaire Ivoirien (FPI) ne contrôle pas, comme d’ailleurs, le Gouvernement ne maitrise pas les FRCI et les Dozos qui ont accompagné Ouattara au pouvoir.
Ce sont des situations extrêmement complexes et il est impérieux qu’un vrai dialogue commence maintenant, entre le RHDP et le FPI et ses alliés pour une paix durable dans notre pays ceci, pour le bonheur des ivoiriens à qui le Président Houphouët a laissé cette pensée historique :
«Rien ne changera tant que les hommes d’État n’auront pas fait de la recherche de la paix autre chose que l’habillage de leur politique. Tout changera lorsque, cette recherche de la paix sera devenue l’objet essentiel, réel, de leurs préoccupations et leur seconde nature. Les intérêts qu’ils défendaient jusqu’alors leur paraîtront à ce moment-là, bien dérisoires et pervers. La paix, ce n’est pas un mot, c’est un comportement
Une contribution de BEN ZAHOUI DEGBOU
Géographe & Journaliste Spécialiste de Géopolitique et de
Médiation Institutionnelle