Réponses de Banny aux questions des journalistes - “Le problème du Fpi, c’est que Gbagbo est leur ancêtre”
Le 15 septembre 2010 par le Nouveau Réveil - Suite à la déclaration faite à la presse,
le premier ministre Charles Konan Banny a accepté volontiers de répondre à trois questions.
Le 15 septembre 2010 par le Nouveau Réveil - Suite à la déclaration faite à la presse,
le premier ministre Charles Konan Banny a accepté volontiers de répondre à trois questions.
Vous avez eu hier (Ndlr lundi) une rencontre avec le président Bédié qui a déclaré qu'il va vous envoyer en mission à l'ouest. Est-ce à dire qu'il n'y a plus de nuage entre vous, que vous allez vous engager dans sa campagne ?
La réponse est oui. Oui, ces temps-ci, on ne s'est pas toujours compris, c'est le moins qu'on puisse dire. Vous savez, la force du Pdci-Rda, et je souhaite d'ailleurs que ce soit la force des Ivoiriens, c'est qu'il n'y a pas de famille, aucune famille au sens nucléaire du terme, où il n'y a jamais de problème. Les familles qui sont fortes sont celles qui ont la capacité de résoudre leurs problèmes et de surmonter les questions qui peuvent amener des malentendus ou même des divergences. En l'occurrence, même s'il n'y en a pas eu, l'impression qui a été donnée, on ne peut pas le nier, c'est que ce n'était pas la grande symphonie ou la grande harmonie. Maintenant, la force du Pdci, c'est d'avoir la capacité de surmonter cela grâce à des hommes ressources, à des références. Et je souhaite d'ailleurs que dans tous les partis, il y ait des ancêtres C'est important les ancêtres. Il y a quelqu'un qui m'a dit que le problème au Fpi, c'est que leur ancêtre, c'est Gbagbo. Gbagbo est jeune, il est moins âgé que moi. L'ancêtre, c'est important. Plus un ancêtre est âgé, mieux ça vaut. Nous avons des ancêtres et c'est avec eux qu'on règle ces questions et c'est tant mieux. Donc, ma réponse est oui et je l'ai dit dans mon texte, je prendrai part à la campagne. Mais vous savez, quand on veut être efficace et cela fait partie de la personnalité, il faut travailler dans la transparence. S'il y a des choses qu'on ne comprend pas, il faut essayer de les comprendre. Il faut voir cela dans ce cadre. Nous allons travailler pour que nous soyons le plus efficace pour remporter les élections de manière démocratique et fraternelle.
Y a-t-il eu un deal, monsieur le premier ministre ?
Il n'y a pas de deal. Je vais vous dire une chose, je veux faire la politique autrement. Les deals, les marchandages, ça se fait toujours au détriment de quelqu'un. On ne fait pas la politique pour des individus. On fait la politique pour l'ensemble. La seule chose sur laquelle on peut dire qu'on s'est mis d'accord, c'est de travailler pour la victoire du Pdci et pour le bien du plus grand nombre des Ivoiriens. Faire la politique autrement, c'est toujours mettre au centre de ses préoccupations, l'intérêt du plus grand nombre. C'est comme cela que je vois les choses. Cela peut passer aussi par des sacrifices de soi- même.
A Yamoussoukro chez vous, lors de la célébration du 20e anniversaire de la Basilique, vous avez posé avec le Chef de l'Etat. Sans vouloir faire de mauvais esprit, que devons- nous comprendre avec cette photo ? Est-ce qu'il y a une arrière- pensée ?
Les arrière- pensées, je les laisse à tous ceux qui veulent en avoir. Je vais vous raconter le film de cette photo. Le président Gbagbo s'y trouvait en tant que président de la République. Des citoyens ivoiriens et d'autres, des travailleurs de la Basilique, ont été distingués par sa sainteté le Pape Bénoit XVI. Les premiers ont pris une photo avec le président de la République. Un second groupe a pris des photos avec le cardinal Agré qui a remis les diplômes. Les derniers, il s'agit du recteur de la Basilique et son diacre, le recteur a demandé au président de venir prendre la photo avec lui et a souhaité que je vienne me joindre à eux pour la photo. C'est une reconnaissance. Voilà le film. Evidemment, j'étais surpris, il a insisté et je n'ai pas vu d'opposition de la part du président Gbagbo. Pourquoi s'opposerait-il à ce que nous figurions sur la même photo ? Je ne vois pas. Je sais que nous sommes des hommes politiques, qu'il y aura des interprétations. Libre à ceux veulent interpréter mais les choses sont aussi simples que cela. Je ne sais pas de quoi demain sera fait, mais aujourd'hui, on s'est retrouvé dans la maison de Dieu. Quand on va à l'église, il y a un moment où on s'embrasse. N'avez-vous pas remarqué que Gbagbo et moi, on s'est embrassé ? Pourquoi ils n'ont pas pris la photo ? (Rires). Chaque fois qu'on se voit en public, même en dehors de l'église, on se donne l'accolade. Parce que finalement, nous sommes tous frères. Ça aussi, il faut le comprendre. On n'est peut -être pas du même parti, on n'a pas la même opinion des choses, mais il faut rassembler. La photo n'a pas d'autre explication que cela. Comprendra qui veut comprendre. Interprétera qui veut interpréter. Mais les choses sont franchement aussi simples que cela. Je ne vais pas rejeter le fait que dans la maison du Dieu, un frère me porte l'accolade. Ça a été fait au moment de la messe. Il m'a donné l'accolade, j'ai donné l'accolade à d'autres Ivoiriens. Ça s'est prolongé par cette photo, il n'y a rien d'autre.
Propos recueillis par Paul Koffi