Réconciliation: La colère des USA monte contre Alassane Dramane Ouattara
Le 28 juin 2012 par Aujourd’hui - Justice des vainqueurs, blocage de la réconciliation… : La colère des États-Unis monte contre Alassane Ouattara
Le 28 juin 2012 par Aujourd’hui - Justice des vainqueurs, blocage de la réconciliation… : La colère des États-Unis monte contre Alassane Ouattara
Processus de réconciliation en panne sèche, justice des vainqueurs, corruption dans l’administration, etc. Autant de raisons de la colère exprimée par le diplomate américain Phillip Carter III et de l’administration Obama contre le régime d’Alassane Ouattara qui ne fait rien pour améliorer la situation chaotique en Côte d’Ivoire.
Par G. Bertrand KUYO
gkuyo@yahoo.fr
Fini le temps où l’ambassadeur des Etats-Unis en Côte d’Ivoire, Phillip Carter III conduisait le président de la Commission électorale indépendante ivoirienne (CEI), Youssouf Bakayoko, à l’hôtel du Golf, quartier général du candidat Alassane Ouattara pour y lire des résultats de l’élection présidentielle de novembre 2010 qui l’opposait au président Laurent Gbagbo. La lune de miel a fait finalement long feu face au peu d’empressement du régime Ouattara à aller à apporter ‘’les solutions’’ aux réels problèmes de la Côte d’Ivoire. La réconciliation nationale bloquée, la corruption, la justice des vainqueurs, etc. sont autant de maux qui heurtent les autorités américaines. Le périodique ‘’La Lette du continent’’ s’est fait l’écho du froid qui règne désormais entre Washington et Abidjan. Et le diplomate américain en poste à Abidjan ne décolère plus contre « le blocage du système judiciaire et la corruption installée sur la lagune Ebrié», qu’il n’hésite plus à dénoncer. Depuis plus d’un an, de nombreuses personnalités ivoiriennes proches de lex-chef de l’Etat, Laurent Gbagbo ont été arrêtées et écrouées dans des prisons dans le nord du pays. Les premières charges retenues ‘’d’atteinte à la sûreté de l’Etat’’ tendent à se muer en ‘’crimes économiques et vol en réunion’’ et autres. La justice ivoirienne ne semble pas pressée d’ouvrir les dossiers pour ouvrir les procès des prévenus. Mieux, la patronne de la commission chargée d’apporter les éclairages sur les massacres et crimes commis à l’occasion de la crise post-électorale, Mme Loma Cissé, est désormais en charge de la justice sans que les choses aillent de l’avant. La justice est plombée et aucune personne proche du régime en place n’a encore jamais été inquiété jusqu’à ce jour. Sur la réconciliation, Charles Konan Banny, patron de la Commission dialogue, vérité et réconciliation (CDVR) dont un des conseillers, Karim Ouattara, a finalement poussé un coup de gueule dernièrement sur les embûches dressées par les autorités ivoiriennes contre leur mission, n’est pas plus heureux. Aucun moyen pour la CDVR qui a une mission capitale si ce ne sont les 2 milliards de nos francs débloqués en 2011 par la Commission de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA). Au point où Charles Konan Banny après une tentative vaine de récolte de fonds à Paris, s’est vu dans l’obligation de renoncer presque. Le coup de colère des autorités américaines remonte aussi aux faibles avancées dans le pays qui ont contraint à l’abandon d’un projet de 700.000 dollars pour la réhabilitation des tribunaux ivoiriens dépourvus d’équipements. Finalement, la Côte d’Ivoire se présente comme un pays avec une justice peu fiable que les autorités américaines ne veulent aucunement conseiller à leurs ressortissants. Et personne ne s’étonne vraiment que les officiels américains prennent de la distance et ne veulent plus s’accoquiner d’une certaine classe politique ivoirienne qui a bénéficié de leur soutien à un moment crucial mais qui ne montre aucune volonté de tourner la page de la crise. Comme nous l’avions annoncé à cette page, la représentante permanente des Etats-Unis aux Nations-Unies, Susan Rice, avait refusé de recevoir Guillaume Soro qui avait manifesté le désir de la rencontrer. En effet, l’ambassadrice américaine était en mission avec une délégation du Conseil de sécurité des Nations-Unies dans trois pays de la sous-région ouest africaine dont la Côte d’Ivoire pour se faire une idée de l’avancée du processus de réconciliation. Le constat a été amer. Dans leur rapport rendu public quelques jours après son retour au siège de l’ONU à New York, la délégation du Conseil de sécurité avait constaté que « des trois pays (NDLR : Côte d’Ivoire, Liberia, Sierra Leone), de nombreux membres de la mission ont estimé que la Sierra Leone avait fait des progrès significatifs en termes de réconciliation et de Développement du Secteur de la Sécurité, tandis que le Libéria et la Côte d’Ivoire avaient encore beaucoup à faire. » Avant de marquer sa préoccupation : « certains membres du Conseil sont particulièrement préoccupés par la lente progression de la DDR (…), en particulier en Côte d’Ivoire, il y avait peu de signes de réussite dans ce domaine. » De quoi mettre en rogne les Etats-Unis dont la secrétaire d’Etat, Hillary Clinton, a boudé le nouveau président de l’Assemblée nationale ivoirienne récemment alors qu’il était présent aux Etats-Unis. Pour les Etats-Unis, les chefs de guerre proches du régime d’Abidjan doivent répondre de leurs actes devant la justice internationale. Ce n’est pas totalement l’avis d’Alassane Ouattara qui entretient l’impunité dans son camp.
L’Essentiel
Le contexte : L’administration Obama ne cache plus son aversion envers le régime ivoirien qui piétine les droits humains et entretient l’impunité dans son camp vis-à-vis des chefs de guerre soupçonnés de crimes.
L’enjeu : Après le départ de Nicolas Sarkozy et l’arrivée de François Hollande qui se fait toujours attendre par les autorités ivoiriennes, la colère de Washington isole davantage Alassane Ouattara qui a besoin de moyens pour faire face à la grogne des populations.
La mission du Conseil de sécurité avait rencontré les autorités politiques et sociales
La mission du Conseil de sécurité présente en Côte d’Ivoire le 20 mai et conduite par l’ambassadeur français Gérard Araud et son homologue togolais Kodjo Menan avait rencontré les autorités politiques ivoiriennes et les couches sociales pour se faire une idée de l’avancée du processus de réconciliation.
Phillip Carter III, homme de main du régime Ouattara
Il a été au four et au moulin pour le candidat Alassane Ouattara contre le président sortant Laurent Gbagbo à l’occasion de la présidentielle d’octobre-novembre 2010. Avec son homologue français Jean-Marc Simon, il fournissait les occupants de l’hôtel du Golf, quartier général d’Alassane Ouattara en vivres et non vivres. C’est par eux que le scandale des résultats hors délai de la CEI est venu.
Source: Aujourd’hui