Procès de Gbagbo et Blé: Déclaration n°1 u FPI relative à l’ouverture du procès de la honte à La Haye

Par IvoireBusiness - Procès de Gbagbo et Blé. Déclaration n°1 u FPI relative à l’ouverture du procès de la honte à La Haye.

Laurent Akoun (président délégué du FPI), et KONE Boubakar (secrétaire général du FPI). Image d'archives.

1. Ouvert le Jeudi 28 Janvier 2016, après le surprenant délai supplémentaire accordé à l’Accusation pour « insuffisance de preuves » suivi de bien de reports dilatoires, le procès du Président Laurent Gbagbo et du Ministre Charles Blé Goudé s’annonce, au regard de l’acte d’accusation même et des incidents de procédure, plutôt comme celui du régime Ouattara et de ses parrains.

2. Avant tout commentaire ou prise de position par rapport à un évènement dont le caractère hautement historique n’est plus à démontrer, le Front Populaire Ivoirien, parti socialiste fondé par Laurent Gbagbo en 1982 et dirigé aujourd’hui par lui-même, tient à exprimer son infinie gratitude :
• Aux avocats de la défense de Laurent Gbagbo et Blé Goudé, conduits respectivement par Me Emmanuel Altit et Me Alexander Knoop, ainsi qu’aux avocats et juristes ivoiriens et africains aux côtés du président Laurent Gbagbo ;
• A Leurs Excellences Mesdames et Messieurs les anciens Chefs d’Etats et de Gouvernements africains ;
• A Leurs Excellences Mesdames et Messieurs les Chefs d’Etats et de Gouvernements africains en fonction ;
• A l’Union Africaine ;
• Aux Hommes politiques français et en particulier à Messieurs Jean-Luc Mélenchon et Pierre Laurent, respectivement président du Front de Gauche et Secrétaire Général du Parti Communiste Français ;
• A Monsieur Traoré Harouna, Porte-parole du Comité d’organisation du voyage à la Haye des Ressortissants burkinabè ;
• Aux personnalités politiques et leaders d’opinion à travers l’Afrique et le Monde ;
• Aux diplomates, parlementaires et négociateurs qui oeuvrent dans la discrétion ;
• Aux partis et organisations politiques, ONG, associations de défense des droits de l’Homme et organisations de la société civile ;
• Aux Universitaires de toutes disciplines, hommes de culture, écrivains, artistes, musiciens de tous horizons ;
• Aux journalistes de tous médias, aux internautes et blogueurs de toutes obédiences;
• A tous les panafricanistes, aux démocrates, patriotes, humanistes, à tous les militants et sympathisants des diasporas ;
• Aux associations et divers mouvements de soutien au Président Laurent Gbagbo à travers l’Afrique et le Monde ;
• Aux Gouvernements et aux peuples de tous les pays frères qui ont accueilli nos compatriotes en exil ;
• Aux partis politiques et mouvements alliés, aux syndicats, aux organisations d'élèves et d’étudiants;
• Aux "parlements", "agoras" et consultants;
• Aux Rois, Hommes religieux, Chefs coutumiers, Chefs de terre;
• A toutes celles et tous ceux qui, à travers l’Afrique et le monde, manifestent quotidiennement pour réclamer la libération du Président Laurent Gbagbo et du Ministre Blé Goudé.

3. Le FPI est fier de constater que le vaste courant de sympathie pro-Gbagbo qui se manifeste depuis le 05 décembre 2011, date de sa première comparution devant la CPI, est loin de faiblir et qu’au contraire, les rangs des Indignés grossissent au fur et à mesure que la CPI aligne contradictions sur contradictions, supercheries sur supercheries, mensonges sur mensonges, méprises sur méprises. En effet :
• Alors qu’elle assure que cette affaire pénale n’a rien de politique, le procureur Fatou Bensouda indique que Laurent Gbagbo poursuit depuis 30 ans, un plan qui l’a amené à créer le FPI dans la clandestinité ;
• Elle clame également qu’il n’est pas question de parler de qui a gagné l’élection présidentielle de 2010, pendant qu’elle bâtit son argumentaire sur le fait que le Président Laurent Gbagbo aurait commis des crimes pour s’accrocher au pouvoir après avoir perdu ladite élection ;
• Alors que le Président Laurent Gbagbo est détenu arbitrairement à La Haye pour des faits à lui reprochés pendant qu’il était Président en exercice, Dame Bensouda prétend le poursuivre en tant que simple individu ;
• L’accusation affirme également qu’à l’époque des faits, Monsieur Charles Blé Goudé était le chargé de Communication et porte-parole du Président Laurent Gbagbo, alors que ces deux fonctions étaient assurées respectivement par Messieurs Sylver Nébout et Gervais Coulibaly ;
• Il a été également avancé par l’accusation que des gendarmes, après avoir arrêté des femmes lors d’une manifestation, les ont conduites à la Préfecture de police où ils les ont violées par la suite.

Cette affirmation comporte de graves méprises, à savoir que :
• La gendarmerie ne dépose pas dans les locaux de la police, les personnes qu’elle arrête ; en outre, les gendarmes n’ont pas accès aux locaux de la police pour y exercer quelques actions que ce soit et vice-versa ;
• Lorsqu’elle dit vouloir ouvrir plus tard le procès du camp Ouattara, Madame la procureure croit faire ainsi preuve d’équité, d’équilibre et d’impartialité alors qu’en réalité, elle prend en otage le Président Laurent Gbagbo et les siens, le temps que le clan Ouattara au pouvoir et ses alliés fassent disparaitre les preuves, pillent la Côte d’Ivoire et y installent un régime dictatorial ;
• Lorsque l’accusation affirme que la chaine de commandement de l’armée au temps du Président Laurent Gbagbo était constituée par des hommes de son ethnie, c’est un premier gros mensonge. En vérité, sous le Président Laurent Gbagbo :
- Le général Philippe Mangou de l’ethnie Ebrié était le chef d’état-major des Armées ;
- Le général Edouard Kassaraté de l’ethnie Kroumen était le commandant supérieur de la Gendarmerie Nationale ;
- Le général Marc Kodjo Aka, un Agni, commandait l’Armée de l’air ;
- Le général Firmin Detoh Letho, un Wan, commandait les Forces terrestres ;
- Le Vice-Amiral Vagba Faussignaux, un Bété, commandait la Marine Nationale ;
- Le Général Dogbo Blé, un Bété, commandait la Garde Républicaine ;
- Le général M’Bia Brindou, un Agni, était le Directeur Général de la Police Nationale ;
- Le général Djè Bi Poin, un Gouro, commandait le C.E.C.O.S ;
De cette tentative de travestir la réalité de la chaîne de commandement de l’Armée sous le Président Laurent Gbagbo et le fonctionnement des forces de sécurité, le constat est net que le procureur Fatou Bensouda donne raison à l’opinion qui l’accuse de diaboliser Laurent Gbagbo dans le plus pur style du RDR, le parti de Ouattara, en exhibant l’idée farfelue d’une haine de l’ancien chef d’Etat ivoirien Laurent Gbagbo et de son ethnie, le peuple Bété, à l’encontre des Dioulas ou nordistes musulmans. Mme Bensouda suggère en outre l’existence, dans les communes d’Abidjan et des autres villes de la Côte d’Ivoire, de “quartiers dioulas“ en proie à l’adversité des partisans du Président Laurent Gbagbo.

Ces autres affirmations sont un tissu de mensonges de plus pour plusieurs raisons :

a) L’histoire et la sociologie ivoiriennes indiquent qu’il n’y a pas en Côte d’Ivoire un Nord habité exclusivement par des musulmans face à un Sud avec uniquement des chrétiens ; selon le Recensement général de la Population et de l’Habitat (RGPH) réalisé en 1998, en Côte d’Ivoire, il y a plus de musulmans dans le Sud que dans le Nord ! ;

b) Dans les villages comme dans les quartiers des villes de Côte d’Ivoire, dont certains sont appelés « Dioulabougou », cohabitent quasiment autant de Dioulas que de non-Dioulas (Gagnoa, Daloa, Abengourou, Divo, Yamoussoukro, etc.)

c) De toutes les régions forestières, Gagnoa, la ville natale du président Laurent Gbagbo, est l’une des villes qui abrite une forte colonie de musulmans avec à sa tête, la famille de Yacouba Sylla, l’une des plus anciennes et des plus prospères du pays. Dans la famille même du président Laurent Gbagbo, comme dans la plupart des familles du Sud de la Côte d’Ivoire, il y a des Malinkés et des Sénoufos musulmans qu’on appelle abusivement Dioulas. Le Président Laurent Gbagbo est lui-même issu de la multi-culturalité qui fonde la Côte d’Ivoire. A Mama, son village, localité de son enfance, les Bétés et les Dioulas cohabitent en bonne intelligence ;

d) Arguer que Laurent Gbagbo et les Bétés persécutent les Dioulas/musulmans/nordistes, c’est répéter, comme un perroquet, les accusations irresponsables dirigées contre le PDCI d’Henri Konan Bédié, par Alassane Ouattara à la fin des années 1990, pour faire entrer le mensonge dans les esprits, et de façon pernicieuse : « C’est parce que je suis Dioula et musulman du Nord que le PDCI m’empêche de devenir président de la République», avait en effet clamé Ouattara. Une déclaration qui n’était en réalité que le repli pernicieux et identitaire d’un homme qui n’avait aucun argument objectif.

4.Que dire de l’évocation par le procureur du soi-disant « discours meurtrier de Gbagbo à Divo » ? Le 27 Aout 2010 à Divo, le président Laurent Gbagbo a présidé la cérémonie d’installation de la caserne de la 3ème Compagnie Républicaine de Sécurité (CRS-3) de la Région de Divo où sévissaient de grands malfrats contre la population et principalement les acteurs de la filière café/cacao. Au cours de cette cérémonie, le chef de l’Etat ivoirien a prononcé un discours que la CPI considère comme une composante de la preuve du Plan d’extermination des Dioulas. Or, voici en substance ce qu’a dit le Président Gbagbo : « Chers amis Policiers, chers frères, vous, Policiers, que nous installons aujourd’hui, n’êtes pas des Policiers ordinaires. Vous n’êtes pas Policiers ordinaires, qu’on affecte dans un commissariat pour tenir, la main courante. Non, vous n’êtes pas cela ! Vous êtes la Compagnie Républicaine de Sécurité. C’est-à-dire que votre rôle, c’est de faire en sorte que la République vive ! Votre rôle, c’est de faire en sorte que l’autorité du préfet de région s’applique sur toute la région ; que l’autorité des Préfets de départements s’applique sur toute la région ; que l’autorité du sous-Préfet s’étende sur toute la Sous-Préfecture. Votre rôle, c’est de faire en sorte que l’autorité républicaine vive ! Vous avez pour ennemis, je n’ai pas dit pour adversaires, tous ceux qui sont contre la République ! Vous avez pour ennemis, tous ceux qui sont contre la paix en Côte d’Ivoire ».
Ce discours n’est nullement dirigé contre une ethnie ou une catégorie socioprofessionnelle. C’est tout simplement un discours d’ordre régalien. Il a tous les traits d’un discours républicain, comme celui que fit le Général De Gaule lors de la création des CRS en France. Et le Président Laurent Gbagbo d’expliquer : « En 1944 quand De Gaulle voulait assurer la sécurité des institutions républicaines, il a créé la CRS pour se battre en ville ; pour se battre contre le désordre ; pour se battre contre les malfrats. Et, depuis 1944, la CRS est là. Quand il y a des moments difficiles, c’est la CRS qui prend les devants en France ».

5- Les prétendues tueries lors du soit disant bombardement du marché d’Abobo et de la marche sur la R.T.I. Le R.D.R, comme à son habitude, a fabriqué des faits se rapportant à des soit disant tueries commises par des éléments des Forces de Défense et de Sécurité, le 17 mars 2011, au marché d’Abobo et le 16 décembre 2010, lors de la marche sur la R.T.I. Ces faits inventés par le R.D.R constituent deux des quatre chefs d’accusation sur lesquels se fonde la procureure Fatou Bensouda pour maintenir le Président Laurent Gbagbo et le ministre Blé Goudé à La Haye. Les éléments des F.D.S, arrêtés et mis en cause dans le soit disant bombardement du marché d’Abobo ont été tous relaxés purement et simplement par le Tribunal Militaire d’Abidjan pour délits non-constitués. Le Tribunal Militaire d’Abidjan a donc mis à nu le gros mensonge du R.D.R ; mensonge sur lequel la C.P.I se fonde pour continuer de poursuivre le Président Laurent Gbagbo et le ministre Blé Goudé.
Pour ce qui est de la marche sur la R.T.I, autre mensonge du R.D.R, ce sont les rebelles de Messieurs Ouattara et de Soro, retranchés à l’Hôtel du Golf qui, sous le fallacieux prétexte d’aller installer de force Monsieur Brou Aka Pascal comme directeur de la R.T.I, se sont mis dans une foule de jeunes avec sous le manteau, des armes blanches et à feu en vue de faire un carnage sur des innocents et mettre cela sur le compte des Forces loyalistes. C’est ce plan macabre du R.D.R déjoué par les F.D.S qui continue de servir de chef d’accusation pour le R.D.R et pour le procureur Fatou Bensouda contre le Président Laurent Gbagbo et le ministre Blé Goudé.

6-Au vu de ce qui précède, le Front Populaire Ivoirien :

 Observe que la déportation du Président Laurent Gbagbo à La Haye procède d’un complot ourdi par le système politico-financier dominant ;
 Constate que l’accusation, à partir des officines du RDR et des visées manipulatoires d’Alassane Ouattara et ses alliés, bâtit son argumentaire sur des affirmations mensongères, fallacieuses et dangereuses ;
 Réalise que la Représentante des victimes reconnait que la notion de « l’Ivoirité » qui serait un des fondements de la crise est une création d’Henri Konan Bédié qui n’engage pas la responsabilité du président Laurent Gbagbo. D’autre part, elle reconnait qu’il y a une multitude d’ethnies en Côte d’Ivoire et que, par conséquent, on ne saurait s’en tenir à un dualisme entre les « Dioulas » au Nord et les Bété au Sud comme le soutient de manière tendancieuse l’accusation ;
 Constate que l’accusation veut faire passer le ministre Blé Goudé pour le Général des Forces Armées de Côte d’Ivoire à la place des vrais chefs de la chaîne de commandement des Armées ivoiriennes à l’époque des faits. Certains parmi eux sont présentement ambassadeurs, loin des geôles de la C.P.I ;
 Voit confirmer sa conviction que le dossier d’accusation est vide et comprend par conséquent que les multiples refus de la mise en liberté provisoire du président Laurent Gbagbo, procèdent de manœuvre politique pour le tenir loin de son pays et de son peuple, en arguant malicieusement de sa popularité ;
 Reste confiant et serein parce que convaincu que ce procès n’est pas seulement le procès du Président Laurent Gbagbo et de Blé Goudé mais bien celui du peuple souverain de Côte d’Ivoire, des peuples africains, des panafricanistes et des progressistes du monde entier ;
 Note qu’en organisant ce procès, le système politico-financier dominant et ses suppôts locaux mettent à nu toute leur capacité de nuisance et toute leur laideur morale ;
 Puisqu’il y a une crise et qu’il faut connaître la vérité, le FPI demande fortement que les autres antagonistes, à savoir Alassane Ouattara et les siens, soient appelés maintenant à la CPI au même titre et dans les mêmes conditions que le Président Laurent Gbagbo et ses proches.
Le FPI réitère ses sincères remerciements à toutes les personnes physiques et morales mobilisées à travers l’Afrique et le monde autour du président Laurent Gbagbo dans cette épreuve.
Le FPI félicite le peuple de Côte d’Ivoire en général et ses militants en particulier, pour leur fidélité constante au Président Laurent Gbagbo et les invite à rester toujours mobilisés pour le triomphe de la vérité et de la justice.

Fait à Abidjan, le 31 janvier 2016

Pour le Front Populaire Ivoirien
Le Secrétaire Général,
Porte-parole par intérim
KONE Boubakar