Procès café-cacao / Audition des ex-barons de la filière : Près de 700 millions de FCFA versés à Kabran Appia sans services ni factures

Publié le mercredi 30 janvier 2013 | L`intelligent d`Abidjan - Procès café-cacao.

Les dirigeants de l’ex- Fdpcc (Fonds de développement et de promotion des activités café-cacao) étaient encore, hier, mardi 29 janvier 2013, devant le Tribunal pour répondre des faits infractionnels portés contre eux.

«500 millions de FCFA ont été versés à ‘’Juriste-consult’’ et 177 millions de FCFA à ‘’International Strategie’’ pour des études en vue d’amorcer des réformes dans la filière café-cacao et aucun document n’atteste le paiement de factures par le Fdpcc pour service rendu». C’est ce fait infractionnel que le Procureur Oulaye Fernand a démontré devant le Tribunal du président Coulibaly Ahmed, hier mardi 29 janvier 2013 au Palais de justice d’Abidjan-Plateau. Selon Amouzou Henri, président du comité de gestion du défunt Fdpcc, ces deux structures appartiennent au ministre Kabran Appia. Et le président rétorque qu’il ne s’agit pas de savoir à qui appartiennent les cabinets mais, de la nécessité de l’opération qui a coûté autant d’argent dont le service n’a pas été rétabli. Revenant à la charge, le procureur démontre avec preuves que ce sont plus de 1,5 milliard de francs CFA qui ont été dépensés dans cette opération dont l’étude de faisabilité n’a pas été réalisée. Amouzou Henri et Kouassi Théophile (Secretaire exécutif du Fdpcc) tentent de se défendre, mais n’apportent pas de preuves justificatives. Une autre affaire de convention de 200 millions dont l’objet est tenu secret entre Kouassi Théophile et les contractants a été révélée par le Parquet. Malgré toutes les pressions, l’accusé a refusé de révéler le ‘’secret’’ car pour lui, c’était pour les bons offices de ses bienfaiteurs. Concernant la tournée dont le montant était de 139 millions de francs CFA, l’accusé Amouzou a brandi des photos de juillet 2007 pour justifier que la mission a eu lieu, alors qu’il avait touché l’argent en février 2007. Le don à l’ex-chef d’Etat, le président Laurent Gbagbo en 2005 lors des obsèques de son père, la construction du siège du Fdpcc au Plateau font partie du lot de faits infractionnels reprochés aux anciens barons de la filière café-cacao.. Le procès a été suspendu et reprend ce matin.

M.Ouattara

Procès des ex-dirigeants de la filière café-cacao : 1,6 milliard F Cfa pour une étude sur la réforme de la filière / Le ministre Kabran Appiah fortement cité

Publié le mercredi 30 janvier 2013 | Le Nouveau Réveil

Selon le juge Ahmed Souleymane Coulibaly et le procureur Ferdinand Oulaï, le Fdpcc aurait versé alternativement, en 2006, les montants de 500 millions F Cfa au cabinet "Jurisconsult" et de 177 millions F Cfa à un autre cabinet dénommé "Internationale stratégie", tous les deux dirigés par l’ancien ministre Kabran Appiah. En plus du versement, au même bénéficiaire, d’un autre montant de 1 milliard F Cfa, soit un total de 1,677 milliard F Cfa. Et que cette coquette somme correspondrait, toujours selon l’accusation, aux honoraires perçus par l’ex-ministre Kabran Appiah pour une étude d’évaluation juridique menée par lui sur un projet de reforme de la filière café-cacao. Conjointement appelés à la barre, hier, pour répondre de la question, Henri Amouzou et Théophile Kouassi étaient encore face au juge et au procureur. «C’est excessif pour une simple assistance juridique», s’était écrié le juge, avant de préciser l’accusation : «Je vous rappelle qu’on est dans le cas d’abus de biens sociaux, c’est-à-dire des actes qui ont été contraires à l’intérêt moral des producteurs ou à l’objet social de votre structure de gestion». Réponse d’Amouzou : «Monsieur le président, à cette époque, la Bni ne voulait pas payer cet argent. Mais c’est le ministre de l’Economie et des finances qui a écrit à la Bni pour la menacer de faire le paiement». Question du juge : «Avez-vous trouvé ce montant raisonnable ?» Réponse d’Amouzou : «Oui, monsieur le président, à partir du moment où l’ancien président de la République et son ministre de l’Economie et des finances ont validé ce montant». Réaction du procureur : «Quelle était l’utilité de ce projet d’étude pour le Fdpcc ?» Réponse d’Amouzou : «C’est la revalorisation du prix aux producteurs qui était notre souci principal, puisqu’il y avait une paupérisation inacceptable dans le monde paysan. Les producteurs payaient plus de 40% d’impôts». Réaction du procureur : «Est-ce que cette étude de l’expert Kabran Appiah a apporté une nette amélioration dans la vie des producteurs ?» Réponse d’Amouzou : «Non, monsieur le président, pour la simple raison que l’étude n’a pas pu être mise en œuvre». Réaction du procureur : «La mission du Fdpcc était-elle de faire la reforme de la filière café-cacao ?» Réponse d’Amouzou : «Monsieur le président, je vais vous dire une chose. L’ancien président de la République m’avait invité à un dîner à sa résidence. Un dîner au cours duquel il a discuté avec moi, de minuit à 3H du matin. Il était question que le Fdpcc puisse financer cette étude juridique que devait mener le ministre Kabran Appiah. Il faut donc comprendre que Kabran Appiah nous a été fortement recommandé par l’ancien président de la République. Je vous répète que la Bni avait refusé de payer le premier montant de 500 millions F Cfa, mais que c’est le ministre de l’Economie et des finances de cette époque qui a écrit à cette banque pour la menacer en vue de faire le paiement. L’étude sur la reforme devait être faite dans l’intérêt des producteurs». Question du procureur : «Quels étaient les problèmes de la filière pour susciter une telle étude coûteuse ?» Réponse d’Amouzou : «Monsieur le président, en 2006, le revenu du producteur était bas. Les producteurs ne peuvent pas mener leurs activités et être déficitaires. Sur les prix de vente de ses produits, le producteur ne trouvait pas son compte». Visiblement exténué par cet interrogatoire rude de l’accusation, le prévenu Théophile Kouassi s’est lâché : «Monsieur le président, je suis convaincu que si c’était un expert international, on n’aurait pas dit que ses honoraires étaient chèrement payés. Mais quand il s’agit des experts nationaux, on trouve que ce que nous payons est cher. Mais c’est cher par rapport à quoi ?», avait fait savoir le prévenu. Le procès se poursuit ce matin.

SYLVAIN TAKOUE