Présidentielle/ La Centrale syndicale DIGNITE met en garde Ouattara: « Les conditions de l’élection sont loin d’être démocratiques et apaisées, les Travailleurs sont inquiets »
Par IvoireBusiness - La Centrale syndicale DIGNITE met en garde Ouattara concernant la tenue de l'élection présidentielle « En l’état actuel, les conditions de l’élection sont loin d’être démocratiques et apaisées, les Travailleurs et les Travailleuses sont inquiets ».
DECLARATION LIMINAIRE DE LA CENTRALE CONFERENCE
A SA PRESSE DE PRESSE DE CE JEUDI 16 OCTOBRE 2015
1. Mise au point
Le Comité Exécutif de la Confédération Ivoirienne des Syndicats Libres (CISL-DIGNITE), dans son programme d’action, a prévu d’informer régulièrement ses militants, et de façon générale, la population ivoirienne, à travers conférences et points de presse, sur la vie socio-économique au regard des préoccupations des travailleurs.
Il convient d’entrée de jeu de faire une précision relativement à la Une du quotidien “Le Sursaut” dans sa parution du 14 octobre 2015, donc au lendemain de la tenue de la table ronde organisée par la Direction Centrale de Campagne du RHDP.
Cette Direction Centrale invitait à cette table ronde toutes les Centrales Syndicales pour faire chacune une communication sur le thème : « Quelle contribution des syndicats dans une Côte d’Ivoire émergeante à l’horizon 2020 ».
La CISL-DIGNITE s’est alors réjoui de cette occasion à elle offerte par le RHDP pour faire comprendre à tous sa démarche lors de ses différentes sorties. En abordant les questions des Travailleurs, la CISL-DIGNITE s’est toujours voulue très critiques sur les questions d’ordre politique relatives à la stabilité du pays sans laquelle aucun développement, aucune émergence n’est possible.
C’est pourquoi la CISL-DIGNITE, à la table ronde, a réitéré ses revendications en ce qui concerne la libération des prisonniers politiques, le retour des exilés politiques, des refugiés. Elle a appelé au respect du droit de la propriété privée, cher aux investisseurs.
Certes, la CISL-DIGNITE fut surprise au lendemain de cette déclarationde voir barrée la Une de ce quotidien par ce titre : “Scrutin du 25 octobre : UGTCI, FESACI, DIGNITE…choisissent leur camp.”
Mais, elle salut le journaliste, auteur de l’article, pour son objectivité dans le traitement de la question en citant la CISL-DIGNITE parmi les Centrales Syndicales qui ont plutôt fait des doléances que d’apporter leur soutien à un candidat.
C’est le lieu d’indiquer qu’en tant qu’organisation syndicale, structure apolitique, la CISL-DIGNITE s’évertue à défendre essentiellement les intérêts professionnels et moraux des travailleuses et des travailleurs. Aussi, s’oblige-t-elle à prendre position sur les problèmes cruciaux du pays.
2. Préoccupations des Travailleurs
C’est dans cette perspective que nous voudrions encore dénoncer la non- satisfaction des dossiers des travailleurs d’IRHO LAMÉ, de la société ASH et des ex-travailleurs de SICOGI qui attendent depuis plusieurs années un dénouement. Exténués et rongés par la misère, ces ex-travailleurs ne font l’objet d’aucune attention de la part des gouvernants.
Dans le même ordre d’idée, la CISL-DIGNITEnote que le kilogramme de cacao bord champ qui a déjà été payé aux planteursà 1100F dans un passé récent sous l’ancien régime a connu une chute brutale avant de remonter ces derniers jours à 1000F/kilogramme.
La CISL-DIGNITE appelle tous les planteurs à se joindre à elle pour veiller au moins au strict respect et au maintien de ce prix à son niveau actuel.
La CISL-DIGNITE espère que ce prix n’est pas un prix de campagne, donc sans lendemain.
Par ailleurs, depuis 2011, il n’est de secret pour personne que le prix du kilogramme de l’hévéa a connu une chute vertigineuse passant de 1000F/kilogramme en 2010 à 280F/kilogramme à ce jour.
D’autre part, la CISL-DIGNITE fait remarquer que le stock des arriérés relatif au paiement partiel des salaires dû aux fonctionnairesde près d’un montant de 240 Milliards ne fait l’objet d’aucune attention depuis plusieurs années.
Il faut noter que pour permettre à notre pays d’atteindre le point d’achèvement de l’initiative PPTE, les Travailleurs ont consenti beaucoup de sacrifices en signant avec l’Etat un protocole d’accord d’une trêve sociale. Au partage des dividendes, les Confédérations Syndicales, porte-voix de tous les travailleurs ont été purement et simplement ignorés par le présent gouvernement. Quel est cet Etat qui veut aller à l’émergence sans l’appui des forces de production ?
Aussi,c’est avec désolation que la CISL-DIGNITE constate que, pour les grèves des enseignants menées l’année scolaire écoulée (2014-2015), des responsables syndicaux de poids, sur indication de certains Directeurs Régionaux de l’Education Nationale et de l’Enseignement Technique (DRENET), ont été mutés sans autre forme de procès, dans le seul souci naturellement de décapitation de la lutte syndicale. Le corollaire de ces mutations arbitraires est la fermeture de certains établissements secondaires.
Desdémarches ont été menées auprès du Directeur des Ressources Humaines(DRH) du Ministère de tutelle (MENET), M.BARO Mamadou, de même qu’auprès du Directeur de Cabinet Adjoint du MENET, M.KONE Raoul, afin d’aboutir à l’annulation desdites décisions de mutation.
Confirmant nos appréhensions, le Directeur de Cabinet Adjoint du MENET, sans ambages et sans fioriture, a affirmé que ces décisions de mutation ont été prises pour fait de grève.
Face à cette situation, il sied de noter qu’un tel aveu constitue une grave entrave à la liberté syndicale et viole ainsi de façon flagrante, les conventions N°87 et N°98 de l’Organisation Internationale du Travail (OIT), conventions pourtant ratifiées par l’Etat de Côte d’Ivoire.
C’est pourquoi, la CISL-DIGNITE, sur le fondement de ces instruments juridiques internationaux qui s’imposent à la République de Côte d’Ivoire, demande l’annulation pure et simple de ces décisions illégales de mutation, l’arrêt des poursuitesà l’encontre des Secrétaires Généraux.
Il est bon de préciser également que les syndicats de la Fonction Publique subissent pour leur part une mesure de suspension des précomptes, c’est-à-dire la suspension par le gouvernement, des prélèvements à la source des cotisations syndicales, pour mieux affamer ces syndicats et les soumettre à leurs dictats.
La CISL-DIGNITE exige l’annulation de ces décisions de mutation,de suspension des précomptes et la libération sans conditions des Secrétaires Généraux injustement arrêtés.
Elle lance par la même occasion un appel à tous les syndicats pour une mobilisation totale et entière en vue de faire face à la forfaiture visant à briser les revendications et l’élan syndical.
3. Préoccupations socio-politiques
La CISL-DIGNITE exhorte la classe politique de façon générale et le Président de la République en particulier,à la création des conditions idoines en vue d’une élection présidentielle sans risques et préjudices dans l’intérêt de la population de façon générale et des Travailleurs de façon particulière.
C’est le lieu de rappeler qu’en prévision de ces risques et préjudices éventuels, la CISL-DIGNITE, lors de la fête du 1er mai 2015 et à sa Conférence de presse du 18 septembre 2015, n’a eu de cesse d’interpeller les autorités ivoiriennes, en particulier le Président de la République afin d’œuvrer au renforcement de la démocratie par des élections justes et transparentes, gages de la stabilité politique et de la prospérité de notre pays.
Aussi, avions-nous fait remarquer à plusieurs occasions l’absence de consensus autour de la Commission Electorale Indépendante (CEI) par la classe politique et toute la société civile.
Malheureusement, notre appel n’a pu encore trouver d’écho favorable à ce jour.
Ce qui a eu pour conséquencele retrait pur et simple de certains candidats à la prochaine élection présidentielle, faussant du coup le jeu démocratique que nous appelons de tous nos vœux.
C’est pourquoi, la CISL-DIGNITE demande une fois de plus au Président de la République, pour l’amour qu’il a pour son peuple et l’intérêt qu’il accorde à son pays, de s’asseoir avec toute la classe politique sans aucune exception, pour un consensus autour desdites élections.
Faire un forcing pour se maintenir au pouvoir reviendrait à accentuer des blessures déjà très profondes qui n’ont pas été pansées par une réconciliation nationale véritable que les populations ivoiriennes attendent depuis 2011. Les milliers d’exilés ivoiriens vivants dans des conditions très précaires hors de notre pays. Les milliers d’autres ivoiriens détenus arbitrairement dans les prisons ou autres cachots clandestins et la détention à la Haye du Président Laurent GBAGBO et du Ministre Charles BLE GOUDE constituent des problèmes qui ont besoin d’être réglés par leur retour et libération afind’apaiser les cœurs et les esprits dans notre pays.
Oui, nous voulons des élections justes et transparentes où le vainqueur sortira grandi, avec un pouvoir politique consolidé. Ce qui nous permettra de travailler dans un environnement sain et favorable à liberté syndicale.
Mais, en l’état actuel des conditions d’élection qui sont loin d’être démocratiques et apaisées, les Travailleurs et les Travailleuses de notre pays,sous le choc du traumatisme des évènements de 2010 sont inquiets à cette veille du scrutin présidentiel.
C’est pourquoi la CISL-DIGNITE réitère son appel au Président de la République de prendre toutes les dispositions pour créer les conditions de l’apaisement. Je vous remercie !
Fait à Abidjan, le 16 octobre 2015
Pour la CISL-Dignité
Boga Dago
Président