Présidentielle américaine: Obama-Romney. Ce soir, c’est le clash

WASHINGTON (AFP) - 06.11.2012 06:13 - Les Américains choisissent leur président. La continuité avec Barack Obama ou l'alternance avec Mitt Romney: plus de 200 millions d'Américains sont appelés mardi aux urnes pour choisir

Barack Obama et Mitt Romney à l'issue du 3e débat télévisé le 22 octobre 2012 à Boca Raton en Floride AFP/Archives - Saul Loeb

WASHINGTON (AFP) - 06.11.2012 06:13 - Les Américains choisissent leur président. La continuité avec Barack Obama ou l'alternance avec Mitt Romney: plus de 200 millions d'Américains sont appelés mardi aux urnes pour choisir

qui, du président démocrate sortant ou de son adversaire républicain, sera leur président dans les quatre années à venir. Après des centaines de millions de dollars dépensés, des dizaines de milliers de kilomètres parcourus, des milliers de mains serrées et des dizaines de discours en un an et demi de campagne acharnée, la parole va revenir aux électeurs avec l'ouverture des premiers bureaux de vote à 11H00 GMT, si l'on excepte le petit village de Dixville Notch (New Hampshire) qui sera, comme traditionnellement, le premier à ouvrir le scrutin, mardi à 00H00 (05H00 GMT) pour sa vingtaine d'électeurs.
M. Romney, 65 ans, ex-gouverneur du Massachusetts (nord-est) et multimillionnaire grâce à sa carrière d'entrepreneur, a centré sa campagne sur la critique du bilan économique du président. M. Obama, 51 ans, s'est quant à lui posé en défenseur de la classe moyenne, toujours affectée par les suites de la crise de 2008.
Jusqu'au bout, les sondages ont donné MM. Obama et Romney au coude à coude au plan national. Mais le dirigeant sortant pourrait davantage profiter d'un mode de scrutin indirect qui met en vedette la dizaine d'Etats sur 50 susceptibles de basculer d'un côté ou de l'autre.
Le territoire dont les résultats seront observés de très près mardi soir, sera l'Ohio (nord). Aucun républicain n'a réussi à s'installer à la Maison Blanche sans l'avoir remporté, et M. Obama y a dominé dans tous les sondages récents, même si l'écart semble faible.
Les premiers résultats tomberont après 23H00 GMT, mais dans un pays s'étalant sur six fuseaux horaires, de la côte Est à Hawaii, le nom du vainqueur pourrait rester inconnu pendant une partie de la nuit si le scrutin est serré.
En revanche, l'arithmétique électorale est telle que si M. Obama remportait nettement l'Ohio, la Floride (sud-est) ou la Virginie (est), l'élection basculerait en sa faveur dès le début de la soirée.
Un scénario cauchemardesque comme celui de 2000, quand un processus de recomptage contesté en Floride avait retardé d'un mois l'annonce du vainqueur, n'est pas non plus exclu par les deux équipes de campagne, qui ont dépêché des armées de juristes sur le terrain.
Les Américains votent aussi pour le Congrès
Le président, qui a fait campagne jusqu'à lundi soir dans le trio d'Etats-clé du Midwest, le Wisconsin (nord), l'Ohio et l'Iowa (centre), doit attendre les résultats à Chicago (Illinois, nord). Aucune activité publique n'est prévue avant son discours en soirée dans un palais des congrès au bord du lac Michigan, et son équipe a affirmé qu'il tuerait le temps en jouant au basket. Pour montrer l'exemple, M. Obama a déjà profité du vote anticipé fin octobre dans son ancien fief politique.
M. Romney, de son côté, va voter mardi à Belmont (Massachusetts), son lieu de résidence, et sa soirée électorale sera organisée dans la capitale de l'Etat, Boston. Mais il a décidé de faire campagne jusqu'à la dernière minute avec d'ultimes déplacements dans l'Ohio et en Pennsylvanie.
Depuis des semaines, M. Romney a tenté de s'emparer du thème du "changement" cher à M. Obama en 2008. "Le changement ne se mesure pas en discours, il se mesure en résultats. Et il y a quatre ans, le candidat Obama promettait de faire plein de choses, mais il a largement échoué", a dénoncé le républicain lundi soir à Columbus dans l'Ohio.
Quelques heures plus tôt, dans la même ville, le président, épaulé par les stars du rock Bruce Springsteen et du rap Jay-Z, a affirmé que "nous savons à quoi ressemble le changement, et ce qu'il (M. Romney) vend, ce n'en est pas".
Quel que soit le vainqueur, ses promesses risquent de se heurter au puissant Congrès.
La Chambre des représentants, dominée par les républicains, sera entièrement renouvelée mardi, tandis qu'un tiers des membres du Sénat, où les alliés de M. Obama sont majoritaires, remettront leur mandat en jeu. Les sondages prédisent un statu quo, ce qui serait aussi problématique pour M. Obama que pour M. Romney.
Mardi, les électeurs seront également appelés à se prononcer sur plus de 170 référendums locaux. La Floride pourrait ainsi interdire le financement des avortements avec des deniers publics.
En Californie, les électeurs doivent décider s'ils veulent, pour la première fois aux Etats-Unis, imposer l'étiquetage de produits OGM, tandis que le cannabis pourrait être légalisé, même à des fins récréatives, dans l'Oregon, le Colorado et l'Etat de Washington.

Par Stephen COLLINSON
NB: Le titre est de la rédaction.

Kogelo, le village des origines kényanes d'Obama prêt pour une longue nuit

KOGELO (Kenya) (AFP) - 06.11.2012 07:37

. En quatre ans, Kogelo, le village des origines kényanes de Barack Obama, a changé de visage et se prépare à une longue nuit. Pour, espère-t-on, voir le président américain réélu mercredi au point du jour.
Une route principale goudronnée, l'électricité, l'eau courante... En quatre ans, Kogelo, le village des origines kényanes de Barack Obama, a changé de visage et se prépare à une longue nuit. Pour, espère-t-on, voir le président américain réélu mercredi au point du jour.
A l'approche du scrutin, ce village de l'ouest du Kenya, niché dans les collines à une soixantaine de kilomètres du lac Victoria, a vu arriver des médias du monde entier. La télévision kényane installe son antenne satellitaire.
Sur la route qui relie la bourgade à la principale ville de la région, Kisumu, une banderole invite, pour 1.000 shillings minimum (quelque 9 euros), quelques privilégiés -- les billets sont limités -- à venir suivre "l'élection 2012 du président américain sur grand écran" au Kogelo Village Resort.
"Je vais regarder l'élection toute la nuit," assure Mary Manyala Ohito, travailleuse sanitaire. 1.000 shillings "c'est cher, mais je vais me le permettre," poursuit-elle.
Dans la cour de l'école primaire voisine, rebaptisée école Obama après une visite de celui qui n'était encore que sénateur en 2006, un écran géant devrait aussi être installé, cette fois en accès libre pour tous les habitants.
A Kogelo, vit encore Sarah Obama, la troisième femme du grand-père paternel de Barack Obama, 90 ans cette année. Le président des Etats-Unis n'a aucun lien de sang avec "Mama Sarah", mais a souvent fait savoir qu'il la considérait comme sa grand-mère.
A l'approche de l'élection, "Mama Sarah" reste cloîtrée dans sa maison, gardée par un policier 24 heures sur 24. Impossible de l'approcher pour l'instant, dit sa famille.
"Nous allons rester ensemble en famille à regarder (la télévision) jusqu'à ce que le résultat soit annoncé," dit simplement Said Hussein Obama, un oncle du président. Il y a quatre ans, se souvient un journaliste venu suivre depuis Kogelo l'élection d'Obama, il était difficile de trouver une boisson fraîche dans les échoppes du village, la télévision fonctionnait au générateur. L'internet est encore chaotique, mais les hôtels se développent désormais, qui offrent accès aux chaînes câblées.
De grands changements
"Il y a eu de grands changements ici (...) Maintenant nous avons l'eau (courante), l'électricité, un poste de police, la sécurité est meilleure," explique la gérante du Kogelo Village Resort, Dorothy Babu. Avant, Kogelo était "un village endormi," renchérit Mary Manyala Ohito, évoquant à son tour l'arrivée de "boda-boda", les motos-taxi kényans, et la professionnalisation des soins de santé, dans le village ces dernières années.
Le tourisme semble cependant encore loin d'avoir comblé les espérances. Le Kogelo Village Resort, ouvert il y a un peu moins d'un an, accueille encore surtout des participants à des séminaires, des écoles, des ONG qui désormais travaillent dans la région, reconnaît la gérante.
Après l'élection en 2008 de Barack Obama, Kogelo espérait pourtant devenir une étape incontournable du tourisme kényan, aux côtés des parcs nationaux, des stations balnéaires de l'Océan Indien.
Mais ici, la principale attraction, "Mama Sarah", est peu accessible et au-delà de la famille du président, "il n'y a pas encore grand chose à voir", dit Mme Babu, qui espère voir se créer bientôt une réserve animalière dans les environs.
"Beaucoup reste à faire," admet Said Hussein Obama. "Les gens veulent voir les origines du président et cela peut aider l'économie" locale, poursuit-il.
Mais "c'est au gouvernement d'être agressif dans sa façon de faire le marketing de cet endroit," estime-t-il, évoquant la possibilité d'intégrer Kogelo dans un circuit touristique de l'ouest du Kenya.
L'héritage Obama ? C'est indéniablement un plus, en terme d'image, même si le développement du village, assure-t-il, relève "entièrement d'un projet du gouvernement" kényan.
"Avec son élection, (Obama) a permis à Kogelo d'avoir un nom sur les cartes du monde entier," affirme son oncle. "Je ne pense pas que (le développement) aurait été possible si Barack n'avait pas été élu," poursuit-il.
Les habitants sont-ils un peu déçus de n'avoir pas revu le président depuis son élection? Mary Manyala Ohito préfère glisser qu'elle espère "qu'il va venir".
En quatre ans de mandat, Barack Obama n'est pas une fois revenu au Kenya. Il n'a visité qu'un pays africain, le Ghana.
"Peut-être que cette fois, s'il est réélu, il fera une tournée en Afrique," lance son oncle. "Je ne peux pas dire s'il viendra à Kogelo, mais (...) j'espère que le Kenya fera partie des pays qu'il visitera."

- Par Aude GENET