Présidence de l'UMP : Copé et Fillon revendiquent tous deux la victoire dans la confusion

Le Monde.fr | 19.11.2012 - La situation : les deux camps revendiquent la victoire, un recomptage intégral en cours. Un peu avant minuit, chacun des deux candidats a

Jean François Copé dimanche soir au siège de l'UMP. Reuters/Benoït Tessier.

Le Monde.fr | 19.11.2012 - La situation : les deux camps revendiquent la victoire, un recomptage intégral en cours. Un peu avant minuit, chacun des deux candidats a

revendiqué la victoire par un faible écart de voix, dimanche 18 novembre : selon Jean-François Copé, qui a fait un véritable discours de victoire, il aurait gagné par un peu plus de 1 000 voix d'écart, avec une participation supérieure à 50%, dans un scrutin où 300 000 militants étaient appelés à voter.
François Fillon, qui est venu quelques minutes plus tard face à la presse, estime pour sa part qu'il a gagné par 224 voix d'avance et qu'il "ne se laissera pas voler la victoire". L'ancien premier ministre reproche à son adversaire de ne pas avoir attendu le verdict de la Commission d'Organisation et de Contrôle des Opérations Électorales de l'UMP, qui devait normalement proclamer le résultat.
Confusion totale. Les informations sur les résultats ne sont parvenus à la presse que de manière partielle. Impossible, donc, de dire qui a raison entre les deux camps, notamment en raison des votes par correpondance des militants des DOM et de l'étranger.
Selon les résultats transmis par les fédérations, Jean-François Copé serait en tête dans le sud-est, le grand ouest, le lyonnais, la région parisienne. François Fillon ferait de bons scores en Bretagne et dans l'ouest, en Drôme-Ardèche ou dans l'Est.
L'argument principal du camp Fillon est celui d'un "coup de force" de Jean-François Copé. Ce dernier a en effet été lui-même annoncer sa victoire dans la soirée, sans prendre la peine d'appeler son adversaire pour le prévenir. Un "putsch médiatique"
Dans les deux camps, on se fie à ses propres comptages qu'on juge "certains". Selon plusieurs sources, la COCOE aurait demandé un recomptage total des voix, département par département.
Soupçons de fraude. Derrière ces attaques, des soupçons de fraude agités par les deux camps. Dès dimanche après-midi, les partisans de M. Copé ont prévenu de cas suspects à Nice, notamment dans le premier bureau de vote de cette ville, dont le maire, M. Estrosi, est un soutien de François Fillon. Dans ce bureau, le nombre de votants était deux fois supérieur au nombre de signatures sur la liste d'émargement. Après nombre de recomptages, en fin de soirée, le bureau donnait finalement la victoire à François Fillon, d'une seule voix.
Le camp Fillon, resté quelque peu silencieux au début de la soirée alors que les partisans de M. Copé multipliaient les interventions dans les médias, a évoqué vers 22 heures d'autres soupçons de fraude, cette fois en faveur de leur adversaire. "Nous formulerons un certain nombre de contestations, bien supérieures à celles de Jean-François Copé", a lancé le député UMP Bernard Debré. Jérôme Chartier, soutien de M. Fillon, citait ainsi des cas dans les Bouches-du-Rhône, la Haute Garonne... D'autres cas ont aussi été cités, notamment à Boulogne.
Critiques contre le camp Copé. Au-delà de la fraude, le camp Fillon dénonce la désorganisation du vote, et évoque en filigrane des cas où tout aurait été organisé pour favorisé Jean-François Copé. L'ancienne ministre Valérie Pécresse évoque ainsi un bureau de vote pro-Fillon à Neuilly si petit qu'il fallait "2h45 en moyenne" aux militants pour voter. Les partisans de François Fillon ont multiplié les déclarations contre la revendication de victoire de M. Copé.

Sur Twitter, les partisans des deux candidats se sont affrontés parfois avec virulence, à l'image du député Lionel Tardy (pro-Fillon), qui a interpellé vertement l'ex députée (copéiste) Valérie Rosso-Debord.

Rosso-Debord Valerie @VRossoDebord 18 Nov 12
#UMP etrange à Nice 1178 bulletins pour 590 signatures ....les morts ont voté ??

Lionel TARDY @DeputeTardy
@VRossoDebord ... arrêtez de vous enfoncer et de raconter des conneries avec@SebastienHuyghe

UMP: ACCUSATIONS D'IRREGULARITES A NICE, DANS LES BOUCHES-DU-RHÔNE...

Le Monde.fr | 18.11.2012 à 22h32 • Mis à jour le 19.11.2012 à 01h20

L'équipe de Jean-François Copé a annoncé, dimanche 18 novembre au soir qu'elle allait saisir la commission interne chargée de veiller au bon déroulement de l'élection du président de l'UMP pour des "irrégularités" commises à Nice, fief des fillonistes Christian Estrosi et Eric Ciotti.
Dans la foulée, le camp Fillon a démenti toute irrégularité à Nice et pointé en retour d'autres fraudes dans les Bouches-du-Rhône, à Toulouse, annonçant aussi une saisine de la commission interne.

Nice. "Nous allons saisir la Cocoe [commission électorale] pour des irrégularités dans la 1e circonscription des Alpes-Maritimes", où 1 178 bulletins auraient été comptabilisés pour 590 émargements et "nous demandons solennellement à François Fillon de mettre de l'ordre dans son équipe", a déclaré à la presse Marc-Philippe Daubresse, soutien de M. Copé.

Nice-Matin @Nice_Matin
On compte et on recompte dans la 1ere circo de #Nice06. Au premier comptage, 1178 bulletins pour 590 signatures #electionUMP

18 Nov 12

"Les chiffres sont totalement faux", a répondu au Monde Eric Ciotti, député de cette circonscription et lieutenant de M. Fillon. Après plusieurs recomptages, BFMTV a annoncé que l'écart n'était plus que de 90 voix entre les signatures et les voix décomptées après les contestations du camp Copé. Mais les partisans du maire de Meaux n'en démordent pas et dénoncent des fraudes, à l'image de Roger Karoutchi, sénateur des Hauts-de-Seine.
Paris 16e arrondissement de Paris. Le camp Copé a également dénoncé des irrégularités dans le deuxième bureau de vote du 16e arrondissement à Paris, affirmant qu'il y avait 40 voix d'écart entre les émargements et les bulletins dans l'urne.
Mais dans la foulée, Bernard Debré, filloniste du 16e arrondissement de Paris, a nié toute fraude. Et relancé d'autres accusations d'iirégularités.
Bouches-du-Rhône et Toulouse. Jérôme Chartier, député filloniste, s'est extrait du QG de l'ancien premier ministre pour lancer une contre-attaque. "Nous avons observé des irrégularités dans plusieurs départements. Dans les Bouches-du-Rhône il y avait des distributions de procurations de façon anormale. A Toulouse il y avait plus de votants que de listes d'émargement. Ce sont deux exemples parmi d'autres", a-t-il dit sur BFMTV, annonçant des recours.

Par Samuel Laurent