Pour ne pas qu’ils découvrent à Abidjan la vérité sur la crise : Sarkozy empêche le voyage des députés UMP

Publié le lundi 7 février 2011 | Notre Voie - Annoncée samedi dernier, l’arrivée à Abidjan d’une délégation de députés UMP, parti dirigé par le chef de l’Etat français, Nicolas Sarkozy, n’a pu se réaliser.

Le Président français Nicolas Sarkozy, lors de ses voeux aux armées.

Selon une source diplomatique occidentale, la non-venue en terre ivoirienne de ces députés UMP, est liée à un ordre provenant de l’Elysée, présidence française.

Nicolas Sarkozy s’est radicalement opposé à ce voyage sur Abidjan. Au motif qu’il n’en était pas officiellement informé. Il s’en serait ouvert à la direction de l’UMP qui aurait rétorqué qu’elle n’en savait rien non plus. Face à la pression de Sarkozy et de la direction de l’UMP, les députés Jean-François Mancel (député UMP de l’Oise, rapporteur général du budget au ministère des Affaires étrangères, ancien secrétaire général du RPR), Cécile Dumoulin (député UMP de Manta la Jolie, adjoint au maire) et Yves Censi (député UMP de l’Aveyron, vice-président de la commission
des finances de l’Assemblée nationale, spécialiste de l’Afrique) ont produit, la mort dans l’âme, un communiqué qu’ils ont transmis à l’AFP, samedi. Dans lequel ils renoncent à leur voyage sur la Côte d’Ivoire. Parce que, disent-ils, le cabinet du Président Laurent Gbagbo en a fait «une information intempestive» et a publié «un programme de travail qui paraissait déséquilibré». Ces députés UMP ont visiblement donné l’impression que la présidence ivoirienne voulait faire de la récupération de ce voyage. Argument tout à fait fallacieux.

Jointe hier par téléphone, une source proche de la présidence ivoirienne s’est dite surprise de ce communiqué. «Ce n’est pas nous qui avons sollicité ce voyage. Ces députés UMP ont voulu venir à Abidjan pour s’informer sur la réalité de la crise.

Puisque l’Elysée et les médias français ne donnent pas la vraie information sur la crise à l’opinion française. Nous avons simplement pris des dispositions pratiques pour faciliter leur arrivée en Côte d’Ivoire et signaler leur venue à l’opinion ivoirienne à travers la presse. Il n’y avait rien à cacher».

De leur côté, les députés UMP, Jean-François Mancel, Yves Censi, Cécile Dumoulu, Yves Jego (député-maire de Montreau-Fault Yonne, conseiller régional d’Ile de France, président de la communauté des communes des Deux Fleuves et ancien secrétaire d’Etat chargé de l’Outre-mer dans le gouvernement Fillon 2) et Jean-Michel Fourgous (député des Yvelines) ainsi que François Mattei (journaliste et écrivain, ancien directeur de France Soir) avaient voulu secret, a-t-on appris de sources concordantes, ce voyage sur Abidjan. Qu’ils ont perçu comme une «mission» pour découvrir la vérité sur la crise post-électorale en Côte d’Ivoire.

En informer à leur retour certains responsables politiques à Paris d’autant que l’UMP tout comme le gouvernement français se trouvent divisés sur la question ivoirienne.

La position de Nicolas Sarkozy en faveur d’Alassane Ouattara devient de plus en plus un «disque rayé».

Toujours selon nos sources, au terme de leur «mission» à Abidjan, du samedi dernier à aujourd’hui lundi, les députés UMP devraient rencontrer, le jeudi 10 février prochain, le ministre français chargé de la Coopération, Henri de Raincourt, pour lui faire le compte-rendu. Peut-on croire que Sarkozy ne savait rien de cette «mission secrète» ? Seule assurément, la présidence ivoirienne ignorait tout de la dimension «secrète» de ce voyage de ces députés UMP. Elel a alors en toute
bonne foi, produit un communiqué de presse, vendredi dernier.

Didier Depry
didierdepri@yahoo.fr