Paiement de la dette intérieure : Ouattara prolonge les souffrances des fournisseurs

Publié le lundi 23 juillet 2012 | Notre Voie - Les opérateurs économiques Ivoiriens n’en peuvent plus. Alassane Ouattara a décidé de payer leurs factures à la fin de l’année 2012. Il l’a

Publié le lundi 23 juillet 2012 | Notre Voie - Les opérateurs économiques Ivoiriens n’en peuvent plus. Alassane Ouattara a décidé de payer leurs factures à la fin de l’année 2012. Il l’a

annoncé, récemment, sur les antennes d’Africa 24, lors de l’interview qu’il a accordée à cette chaine de télévision pour faire le bilan de ses 13 mois de gestion de la Côte d’Ivoire. La dette intérieure, a-t-il dit, est d’environ 450 milliards F.cfa.
«Dans le dernier trimestre de l’année, nous commencerons à payer les vrais arriérés. Le montant n’est pas de 220 milliards Fcfa, il y a à peu près 450 milliards Fcfa d’arriérés au total », a-t-fait savoir. La moitié de ce montant, selon lui, concerne les arriérés privés, c'est-à-dire, les fournisseurs, les entreprises et l’autre moitié pour les établissements publics, les conseils généraux, les mairies, etc. « Mon ambition, c’est de faire en sorte que la croissance économique s’accélère. Et cette accélération demande à ce que les arriérés soient réglés. Mais il faut que ce soit réglé sur des bases équitables et transparentes », a-t-il avancé. Mais, comme il l’a reconnu, lui-même, s’il faut attendre le dernier trimestre de 2012 pour payer les arriérés, « la machine ne tournera pas ». Cependant, il estime que les fournisseurs ont surfacturé les coûts de leurs prestations. C’est pour cela qu’il a dit procéder à l’audit des factures qui, ajoute-il, va prendre fin dans les semaines à venir.
Mais, ce qu’oublie le chef de l’Etat, c’est que ce qu’il dit pose un problème de gouvernance. Car, les factures des fournisseurs doivent être payées, selon la réglementation, dans un délai de 90 jours après la prestation de l’opérateur. C’est dans cette logique que Madani Tall, directeur des Opérations de la Banque mondiale à Abidjan, lors du débat du Groupement des éditeurs de Côte d’Ivoire (Gepci), qui a eu lieu, récemment, à la salle des fêtes de l’hôtel Ivoire, a souhaité que les factures soient payées en 90 jours dans le cadre de la période post-PPTE.
En attendant, les fournisseurs broient du noir. Comment vont-ils exercer leurs activités et faire face à leurs engagements s’ils doivent attendre le dernier trimestre de 2012 pour voir leurs factures réglées ? En réalité, Ouattara ne disposant pas de ressources financières nécessaires pour payer ces factures, a jugé utile de leur donner rendez-vous en fin d’année. Il est bon de savoir qu’il avait décidé de ne pas payer les prestations d’opérateurs qui ont travaillé pour l’Etat ivoirien entre octobre 2010 et avril 2011. Estimant qu’il avait servi le régime Gbagbo. En réalité, Ouattara ne veut pas régler toute la dette intérieure. C’est la raison pour laquelle il parle d’audit et de surfacturation afin de réduire le montant à payer. Ses décisions et autres actions sur le terrain trahissent ce qu’il soutenait sur Africa 24 : « Je n’ai pas l’esprit de vengeance ni d’injustice. Je veux être équitable ». Encore, faudrait-il que la promesse de paiement des factures en fin d’année soit tenue.
Gré Faustin, président du Syndicat national des fournisseurs de l’Etat de Côte d’Ivoire (Synafeci), se dit convaincu de ce que ses membres ne sont pas concernés par les surfacturations. « Si c’est le cas, nous allons accompagner l’Etat dans l’audit des factures », a-t-il soutenu. Il dit ne pas comprendre pourquoi les autorités Ivoiriennes s’expriment sur les chaines étrangères pour un problème qui concerne la dette intérieure. « Nous demandons à l’Etat de payer les factures pour nous permettre de faire face à nos engagements », a-t-il conclu.

Gomon Edmond