Ouattara sous pression…: Réunion secrète entre Soro et des ex-chefs de guerre. Ce qu’ils ont décidé
Le 12 octobre 2012 par LG Infos - Les ex-chefs de guerre, qui ont combattu au plus fort de la rébellion de 2002, ne cessent de resserrer l’étau autour de leur hiérarchie, pour se mettre à l’abri d’éventuels ennuis judiciaires. L’amorce du procès des
Le 12 octobre 2012 par LG Infos - Les ex-chefs de guerre, qui ont combattu au plus fort de la rébellion de 2002, ne cessent de resserrer l’étau autour de leur hiérarchie, pour se mettre à l’abri d’éventuels ennuis judiciaires. L’amorce du procès des
militaires proches de Gbagbo, depuis le mardi 2 octobre 2012, leur a certainement donné à réfléchir. Outre la réunion de crise tenue au Camp commando d’Abobo, le mardi 18 septembre dernier, au cours de laquelle les supérieurs hiérarchiques et les soldats mécontents, n’ont pas manqué d’asséner des vérités crues à qui veut les entendre, une autre rencontre, cette fois à huis clos, a réuni Soro et des ex-chefs de guerre, pour mettre les points sur les “i”, bien avant la tenue de la 2e session ordinaire du parlement ivoirien. Au cours de cette assise de vérité entre titans combattants d’hier, le ton était plutôt musclé, avec en prime, la carte de la fermeté. A en croire notre informateur, les grands chefs ou leur représentant ont vertement sommé Ouattara de prendre ses responsabilités.
Une pression et une sommation qui en disent long sur la peur et la psychose qui rongent la quiétude des soldats vainqueurs qui ne veulent pas se laisser prendre par une trahison qu’ils suspectent venir, de la part des hauts gradés. En réplique, l’hôte du jour leur a conseillé patience et sérénité, promettant de peser de tout son poids pour non seulement, obtenir des nominations à des postes de responsabilités importantes, à l’instar de celles de Tuo Fozié, Messemba Koné et Ousmane Coulibaly, nommés préfets, respectivement à Bouna, Guiglo et San Pedro. Mais aussi, il leur a rappelé qu’il ne les lâcherait jamais, quoiqu’il advienne, car revendiquet-il, le pouvoir actuel ne peut survivre sans leurs présence et soutien. Il ira plus loin, pour laisser entendre à ses lieutenants de la cause, qu’il susciterait des textes réglementaires, pour les protéger de toutes mauvaises surprises, en sa qualité de premier député du pays. S’inspirant certainement du régime Guéi, qui a imposé à la Constitution ivoirienne, une clause protectrice qui confère une immunité pénale et civile en faveur des putschistes, notamment l’article 132. Pour ainsi dire, le régime Ouattara est à la croisée des chemins.
Les calculs semblent se compliquer, quant au traitement à réserver à ces patentés seigneurs de guerre qui ont fait les beaux jours de la rébellion qui a endeuillé la Côte d’Ivoire durant dix ans. Qui ne cessent d’ébruiter, haut et fort, et à qui veut les entendre, leur part active dans l’avènement au pouvoir de l’homme fort d’Abidjan. Et que la place dorée qu’humecte Ouattara, avec toutes les senteurs encensées, est le fruit de leur dur labeur. A ce titre, ils exigent reconnaissance et protection de la part de celui qu’ils ont fait roi. En d’autres termes, ils ont joué leur partition, reste à l’autre camp de jouer la sienne, pour ne pas dire arborer son bouclier protecteur. Sentant leur inéluctable traque judiciaire prochaine, ces infortunés qui ne savent plus à quel Saint se vouer, manoeuvrent, bec et ongles, pour passer les mailles de la justice internationale.
Laquelle justice, à travers la Résolution 2062 du 26 juillet 2012, adoptée par le Conseil de sécurité à sa 6817e séance, le 26 juillet 2012 , demande au régime ivoirien, de livrer, pieds et mains liés, tous ceux qui ont les mains maculées de sang de victimes innocentes. «Prenant note que, sur la base de la déclaration présentée par la Côte d’Ivoire acceptant la juridiction de la Cour pénale internationale, la Chambre préliminaire a autorisé le Procureur de la Cour pénale internationale à ouvrir une enquête sur les crimes relevant de la compétence de la Cour qui auraient été commis en Côte d’Ivoire depuis le 28 novembre 2010, y compris les crimes de guerre et les crimes contre l’humanité, et que la Chambre préliminaire a décidé par la suite d’étendre l’enquête en Côte d’Ivoire aux crimes qui auraient été commis depuis le 19 septembre 2002. Prie instamment le gouvernement ivoirien de veiller le plus rapidement possible à ce que, quels que soient leur statut ou leur appartenance politique, tous les auteurs de violations graves des Droits de l’Homme ou d’atteintes au droit international humanitaire, soient traduits en justice, comme le lui imposent ses obligations internationales. Demande à l’Onuci, dans la mesure où cela est compatible avec ses attributions et responsabilités, de continuer à appuyer les efforts déployés aux niveaux national et international pour traduire en justice les auteurs de violations graves des Droits de l’Homme et du droit international humanitaire commises en Côte d’Ivoire, quels que soient leur statut ou leur appartenance politique», étale le communiqué. Comme on le constate, le compte à rebours est bien enclenché pour ces ex-seigneurs de guerre.
Tous ces aventuriers qui ont pris part aux combats ne sont plus enclins à attendre sous un soleil de plomb, des promesses jamais tenues et n’arrivent plus à contenir leur impatience. Ils veulent désormais des parapluies anti-Cpi. Tout comme, nous nous souvenons que le vendredi 16 mars 2012, ils avaient déjà débrayé pour se faire entendre au camp Commando d’Abobo et réclamer leur statut. Le moins qu’on puisse dire, l’épreuve de vérité est en train de prendre corps, de façon irréversible. Ouattara est pris dans l’étau des pressions de l’Onu et de celles de ses propres hommes. Il faudra choisir entre ces deux réalités incontournables. Lesquelles de ces sommations feront mouche dans cette bataille de survie? La pression qu’exercent ces hommes pour leur salut, aura-til raison du régime ivoirien qui se caractérise par sa frilosité? Les jours qui s’égrènent nous situeront.
Marcel Dezogno