Objet de pillages par le régime Ouattara: La Petroci en cessation de payement

Par Aujourd'hui - Objet de pillages par le régime Ouattara, la Petroci en cessation de payement.

Alassane Ouattara. Image d'archives.

A Petroci, les apparences sont plus que trompeuses. Car le géant ivoirien, quasiment en cessation de payement, s’apprête à licencier des agents pour faire face, en particulier, à sa dette fournisseur. D’autant plus que cette situation le fragilise dans les consortiums chargés de la commercialisation des ressources pétrolières. Néanmoins, Petroci arrive tout de même à cadeauter le régime en achetant 150 voitures 4X4 destinées à la campagne de Ouattara et en offrant quelque 450 bouteilles de gaz à l’épouse du ministre de l’énergie pour qu’elle se montre généreuse à l’occasion de la fête des mères.

Généreux dehors, très avare à la maison. Les paroles du groupe Espoir 2000 pourraient bien être appliquées à Petroci, la société nationale d'opérations pétrolières de Côte d'Ivoire. Mais dans cette société, la culture du secret est un secret bien gardé et Wilkipedia a eu à peine de quoi documenter la bibliographie de l’entreprise. Tout au plus sait-on que Petroci est une société anonyme et, plus exactement une faîtière à participation financière publique et que son capital social est de 20 milliards de francs CFA. Cela dit, les chiffres ne parlent pas forcément d’euxmêmes à Petroci, car cette société a des urgences domestiques pas tout à fait à la hauteur de son statut. Englué dans des dettes fournisseurs, le fleuron ivoirien ne serait en effet pas loin de licencier une partie de ses 600 agents. Pour réaliser quelques économies et rester en vie. Le géant ivoirien a surtout du mal à assurer sa place dans les consortiums lorsqu’arrive le temps de partager le « Profit oil ». Cette acronyme signifie que lorsque un gisement de pétrel est découvert, ceux qui ont payé les frais de recherches se fassent rembourser. Généralement, ces derniers s’arrogent entre 70 et 80% de la production. Ainsi, les 20 ou 30% sont partagés entre le titulaire du permis, l’état et Petroci. La société nationale d'opérations pétrolières de Côte d'Ivoire (Petroci) a en effet deux missions essentielles : rechercher et explorer les gisements d'hydrocarbures mais aussi le transporter, le stocker et le vendre. Il doit également assurer la continuité et la sûreté des approvisionnements de la Côte d'Ivoire en hydrocarbures et produits dérivés et, en priorité, la constitution et la gestion de stocks de sécurité. Ainsi, toutes les opérations mobilières, financières et commerciales se rattachant directement ou indirectement aux produits pétroliers relève de sa responsabilité. C’est sans doute pour cela qu’il est l’une des entreprises de l’Etat qui reste dans le giron étatique malgré les pressions des partenaires internationaux… Petroci doit donc rapporter de l’argent à l’Etat et c’est lors du « Profit oil » que cette responsabilité devient alors des plus importantes. En effet, c’est à cette occasion qu’il faut partager les bénéfices de l’exploitation du pétrole. Pour ce faire, l’Etat se fait représenter dans le consortium à la fois par lui-même et par Petroci. Or, à part l’Etat qui ne débourse rien, tous ceux qui participent au consortium doivent payer l’équivalent de leur pourcentage en numéraires, afin de faire face aux dépenses d’exploitation et de commercialisation du pétrole. Or depuis trois mois, c’est devenu mission impossible pour le géant ivoirien qui n’arrive plus à payer sa quote-part parce que ses comptes ne sont pas suffisamment approvisionnés. Ainsi, de nombreuses concessions de gisements pétroliers sont commercialisées sans sa participation, car Petroci n’est plus toujours en mesure de libérer sa participation. Comment en est-on arrivé là ? Au vu des habitudes de l’entreprise, on peut aisément imaginer les gaspillages (lire texte ci-contre) organisés au profit des régimes et des hommes politiques. Si sous Laurent Gbagbo des rumeurs ont couru que cette société participait au financement de certains meetings de jeunes leaders proches de l’ancien président de la république, aujourd’hui Petroci est devenu la caisse noire du régime. Rien que pour qu’elle fasse plaisir à des femmes de sa cour lors de la dernière fête des mères, l’entreprise a dû sacrifier quelque 450 bouteilles de gaz pour les offrir à l’épouse du ministre Adama Toungara dont le mari est aussi le ministre de tutelle du holding ivoirien. Et pour la campagne électorale, l’entreprise n’y est pas allé de main morte dans son soutien au chef de l’Etat en place. Ainsi, depuis trois ou quatre mois, 150 voitures 4X4 ont été achetées par l’entreprise. Elles sont destinées à la campagne de Ouattara. De tout façon e raison des habitudes de l’entreprise, qui veut qu’il n’ya ait pas de voiture de service, aucune logique interne n’aurait pu justifier ces achats, si ce n’est la proximité avec la campagne électorale. Ce genre de cadeau montre avant tout que l’oir noir ne profite avant tout qu’à un petit groupe de privilégiés proches des régimes. Monnaie courante, ce type de dons constituent pourtant la fine partie immergée des monstrueuses déprédations qui ont sans doute rendu l’entreprise exsangue. Car selon des sources internes, des milliers de bons de carburant sont également distribués à la plupart des hiérarques, la plupart, ministres ou conseillers à la présidence prétextent diverses missions pour se faire ravitailler. Conséquence, ce que tous n’ont pas payé, en raison de leurs positions, c’est maintenant Petroci qui le paye cash.

Par Sévérine Blé

Aujourd’hui / N°904