MOTION POUR UNE DIPLOMATIE A VISAGE HUMAIN EN COTE D’IVOIRE : A MONSIEUR LAURENT FABIUS MINISTRE DES AFFAIRES ETRANGERES DE LA REPUBLIQUE FRANCAISE
Chers camarades, Amis panafricanistes, Amis de la Côte d’ivoire, Défenseurs du droit de la liberté des peuples opprimés. Les élections présidentielles en France se sont achevées par la victoire du candidat
Chers camarades, Amis panafricanistes, Amis de la Côte d’ivoire, Défenseurs du droit de la liberté des peuples opprimés. Les élections présidentielles en France se sont achevées par la victoire du candidat
socialiste Monsieur François Hollande, changement que nous avons accueilli pour la plupart avec beaucoup d’enthousiasme. Quoi de plus normal quand on sait que cela sonnait la fin d’un régime qui avait causé de nombreuses victimes en Afrique et en Côte d’ivoire, désastres qui n’ont toujours pas fini de s’estomper. Si le nouveau locataire du Palais de Élysée a porté sa campagne sur le thème du changement à tout point de vue en voulant mener une politique plus juste pour une Présidence normale, les contours de sa politique internationale, principalement celle qui est menée en Afrique subsaharienne nous laisse sceptiques. Nous avons saisi sa volonté de retirer les troupes françaises d’Afghanistan avant la fin de l’année 2012, de poursuivre des relations avec l’axe sud de la méditerranée. Cependant , pas un mot sur la françafrique, cette boite de Pandore, source de tous les maux en Afrique , politique d’ingérence au service de réseaux mafieux, avec son cortège d’humiliation , de crimes impunis, d’assassinats politiques, et de guerres néocoloniales au service de la grandeur de la France . La formation du nouveau gouvernement est venue confirmer les réserves que nous émettions quant à la nature du changement tant exalté lors de la campagne présidentielle, changement qui doit aussi se faire pour les peuples longtemps opprimés, ces damnés de la terre que nous sommes, dans une posture moins humiliante, dans le strict respect de notre souveraineté et notre droit inaliénable à disposer de nous-mêmes. C’est en cela que nous avons décidé de porter nos doléances et inquiétudes à travers cette Motion au Premier responsable du Quai d’Orsay Monsieur Laurent Fabius.
MOTION POUR UNE DIPLOMATIE A VISAGE HUMAIN EN COTE D’IVOIRE :
A MONSIEUR LAURENT FABIUS MINISTRE DES AFFAIRES ETRANGERES DE LA REPUBLIQUE FRANCAISE
MONSIEUR LE MINSTRE,
Réalité incontournable de l’histoire, la guerre apparait par sa violence, nier le principe de la politique, fondée sur le dialogue et l’accord des intérêts entre Etats. La férocité dont elle fait preuve, semble témoigner d’une régression vers une époque sauvage, pré-politique, au point que certaines personnes, conscientes dans le développement de la civilisation, ont pu penser que la guerre serait bientôt dépassée. Malheureusement, à cette époque où l’on pouvait penser l’humanité éloignée de « la guerre de tous contre tous », elle est devenue « la continuation de la politique par d’autres moyens ». Le XXème siècle que l’on pouvait considérer comme le siècle des progrès techniques et scientifiques, a été un siècle de conflits, manifestation de la barbarie de l’homme., dressant les Nations les unes contre les autres , ou laissant s’affronter diverses idéologies opposées les unes aux autres. D’aucuns croyaient que cette longue période d’instabilité allait s’estomper par la création de l’Organisation des Nations Unies dont la charte mettait l’accent sur « le Droit des peuples à disposer d’eux-mêmes ». Cependant, c’est à un affrontement bipolaire que l’on a assisté entre les Etats-Unis et l’Ex-URSS, affrontement donnant lieu à des crises qui ont failli précipiter l’humanité dans le gouffre, crises qui ont connu leurs paroxysmes à Berlin, en Corée et à Cuba en 62, dans l’affaire dite « crise des missiles ». Le remodelage du monde après la chute du mûr de Berlin en Novembre 89, a mis fin aux régimes totalitaires et aux démocraties populaires et suscité de nombreux espoirs dans les pays du tiers-monde. L’idée d’un monde assurant la promotion de la démocratie et le respect des droits de l’Homme a habité à cette période les esprits. L’avènement du multipartisme en Afrique francophone, dont l’impulsion a été donnée par la conférence de la Baule sous les auspices du Président français Monsieur françois Mitterrand, a fait naitre beaucoup d’enthousiasme dans cette partie du monde. Cependant, moins d’un quart de siècle après ce bouleversement politique historique, le nouvel ordre mondial a miné les espoirs des peuples du tiers-monde, en les soumettant aux volitions des tenants du capitalisme, actions qui contestent leur souveraineté et leur désir d’émancipation tant espérée. Cette action nocive se manifeste de plusieurs manières : ingérences militaires, actions diplomatiques et autres pressions découlant d’un statut de Membre permanent au sein du Conseil de Sécurité, afin d’obscurcir non seulement l’horizon des peuples du tiers-monde, mais pour asseoir leur hégémonie sur ces peuples. Si nous avons ensemble combattu les régimes tels que le fascisme et le Nazisme, régimes qui bafouaient la dignité humaine et contestaient les droits inaliénables de la personne, ce n’est pas pour reproduire les mêmes reflexes qui ont failli en d’autres temps précipité l’humanité dans le gouffre. Les errements de la boiteuse SDN, restée impuissante face à l’ANSCHLUSS et à l’invasion de la Pologne, marquant le début de la seconde guerre mondiale, sont pour nous des souvenirs de sinistre mémoire. Il convient d’éviter que semblable évènement ne se reproduise aujourd’hui. La diplomatie doit pour cela se faire à visage humain. Malheureusement, la paix perpétuelle, ce vœu pieux, projet que nous reprenons aujourd’hui à notre compte, semble devenue rêve de pure chimère, aspiration illusoire, du fait d’une diplomatie française agressive, belliqueuse, menée par votre prédécesseur Monsieur Alain Juppé, diplomatie dont nous ne pouvons aujourd’hui nous accommoder, attestant la thèse de Robert Cooper sur l’ordre actuel des Nations : La Lybie, le Niger, le Mali et la Côte d’ivoire, pays aujourd’hui déconstruits, portent les stigmates de cette déconfiture causée par Alain Juppé.
Rappelant que, la Charte de l’Atlantique, rendue publique la 14 avril 1941, esquisse de l’architecture des institutions internationales, mettait l’accent sur l’autodétermination des peuples, l’une des lacunes de la SDN, afin d’éviter les mêmes erreurs qu’en 1919.
Rappelant que cette même Charte, souligne l’obligation de favoriser la jouissance par tous les Etats , grands ou petits , vainqueurs ou vaincus , de l’accès à égale condition à l’échange et aux matières premières nécessaires à leur épanouissement économique.
Rappelant qu’après la destruction finale de la tyrannie nazie, le monde libre espérait voir s’instaurer une paix qui offrirait à toutes les Nations les moyens de vivre en toute sécurité au sein de leurs propres frontières., et la nécessité du désarmement des Nations qui menacent ou peuvent menacer d’agression d’autres Nations hors de leurs frontières.
Rappelant que nos efforts respectifs doivent être concentrés sur la promotion de la démocratie d’une part, mais d’autre part sur le respect de notre souveraineté ainsi que le fonctionnement régulier de nos institutions.
Considérant que, l’Afrique, aujourd’hui encerclée de part et d’autre du continent, de Ceuta à Djibouti, par la présence de puissances étrangères.
Conscients du désastre que représente cette présence qui s’assimile à une occupation, situation qui plonge l’Afrique et ses nombreuses populations dans des conditions de vie pathétiques.
Rappelant que, dans un passé récent, l’implication directe de la France dans les affaires intérieures de la Côte d’ivoire, s’apparente à une recolonisation, avec les massacres causés par la Force Licorne et l’ONUCI, qui ont participé à la guerre aux côtés des rebelles, à la capture et au transfèrement du Président démocratiquement élu son excellence Laurent Gbagbo ; situation qui a entrainé des inimitiés entre les deux pays.
Conscients du fait que si rien n’est fait pour améliorer les rapports existant entre les deux pays qui ne sauraient être bafoués.
Soucieux du fait qu’une collaboration entre nos deux pays, dans le respect des principes chers à nos institutions et au droit international, est une nécessité absolue.
Il en résulte que, violer de tels principes, au nom et pour les intérêts de la France, pourrait nous plonger dans un engrenage ultérieur.
Considérant que, notre humble héritage, que nous ont légué nos prédécesseurs pour notre dignité, fruits de multiples et épiques luttes, doit être assuré sans des velléités d’ingérence, qui ont longtemps obscurci l’horizon de nos peuples.
Conscients du désastre causé par la diplomatie française sous votre prédécesseur, en Côte d’ivoire et en Afrique,
Sachant que, les actions de l’ONU et de la France, en Côte d’ivoire ont manqué à leurs obligations de neutralité et de maintien de l’ordre, participé aux massacres des populations civiles et militaires, au bombardement de la Résidence du Président Laurent Gbagbo, et détruit des millions de vie humaines perdues par cette guerre injuste.
Nous inscrivant dans la droite ligne de l’Américain Roger Nash Baldwin, fondateur de la ligue internationale des Droits de l’Homme, dont l’impulsion a été donnée en 1898 à l’occasion de l’Affaire Dreyfus.
Sachant que l’idéal du Président Churchill a mis l’accent sur le règne de la sécurité, de la justice entre les Nations, seule chance de créer la paix à travers le monde, et que dans cette optique, le règne de la raison doit mettre fin à la domination des Etats plus grands sur les plus petits.
Nous, Mouvements, Associations, Membres de la société Civile et Partis Politiques ivoiriens, demandons :
La fin de la subordination de la Cote d’ivoire par la France.
Le retrait des troupes françaises de la Côte d’ivoire.
Une nouvelle politique diplomatique qui mette l’accent sur le respect de notre souveraineté et notre indépendance vraie.
Fait à Paris le 25 mai 2012
MADAME CHRISTINE ZEKOU
PRESIDENTE DE LA COALITION
AIRD-CODESCI-CRI PANAFRICAIN-CRD-MER-MFUE-3 MILLES FEMMES-NPR