MONNAIE: LA COTE D'IVOIRE VA T ELLE REALISER LE REVE AMERICAIN

Le 28 février 2011 par IvoireBusiness - La Cote d’Ivoire traverse une crise dite postélectorale qui s’est très vite muée en crise du système bancaire avec pour corollaire une

Specimens de la future monnaie ivoirienne, la MIR.

Le 28 février 2011 par IvoireBusiness - La Cote d’Ivoire traverse une crise dite postélectorale qui s’est très vite muée en crise du système bancaire avec pour corollaire une

crise de la dette. Dans la recherche d’une solution diplomatique,
l’Union Africaine (UA), qui compte relever le défit du fiasco «
volontaire »enregistré par la CEDEAO (Communaute des Etats de
l’Afrique de l’Ouest), tente tant bien que mal de trouver une issue «
contraignante » pour toutes les parties en conflit. Pendant ce temps,
la Cote d’Ivoire semble définitivement engagée dans la recherche d’une
solution
favorable au bon fonctionnement de l’économie. Ainsi lors de sa
dernière session du 24 Février 2011, l’Assemblée Nationale de Cote
d’Ivoire a « donné quitus au gouvernement de battre monnaie » et donc
de quitter l’UEMOA ( Union Monétaire Ouest Africaine) ». Une
interrogation cependant revient de façon récurrente à savoir la
soutenabilite de la dette publique. Ceci nous amène à dresser ici une
esquisse d’un éventuel système bancaire pour la Cote d’Ivoire en ce
sens que la création de la monnaie qui soutend la gestion d’une
politique
monétaire souveraine, n’a de limite que celle imposée par le niveau de
l’inflation et non la quantité de la dette publique contrairement à la
notion actuelle de dette public qui plombe le développement
socio-économique.

En effet, nous faisons ici suite à notre précédent article traitant de
la souveraineté monétaire en revenant plus largement sur les détails
d’un système bancaire qui ferait cas d’école dans le fonctionnement
de la finance internationale. Notons néanmoins que ce système n’est
pas nouveau du moins concernant le coté théorique car il est déjà sur
la table de la chambre des représentants du congres américain. Le
projet introduit par Dennis J. Kucinich a plus de chance de ne jamais
voir le jour vu la force de dissuasion du lobby financier aux
Etats-Unis. Par contre la Cote d’Ivoire pourrait sans beaucoup de
difficultés, avec bientôt 60% du système bancaire comme propriété de
l’état (vu la nationalisation de certaines filiales de banques
internationales), expérimenter avec succès cette nouvelle donne. La
Cote d’Ivoire peut réaliser ce rêve américain d’un pays monétairement
souverain qui se donne les capacités de créer le plein emploi, de
financer sans crainte la sécurité social et tout projet sensible tout
en minimisant le coût de la dette publique sur la base de son pouvoir
et son droit de créer et de réguler la masse monétaire selon ses
besoins. Le système en lui même est simple et tourne pour l’essentiel
autour de quelques points clés que nous avons bien voulu sélectionner
à savoir:

1. En cas d’insuffisance des recettes du gouvernement, comme c’est
souvent le cas, l’autorité monétaire a le pouvoir de combler le
déficit par une création monétaire directe (par la planche à billets)
en lieu et place d’un appel au marché financier. 2. La Cote d’Ivoire
devra payer la totalité de sa dette actuelle (y compris en dollars et
euro) en monnaie locale. 3. Toute création monétaire jugée appropriée
devrait le quitus du parlement ou commission crée dans ce sens. C’est
ici que le trésor public avec une équipe de quel que département
concerné, soumet au parlement pour approbation, les besoins en
investissement sur la base desquels l’autorité monétaire émettra la
quantité adéquate de monnaie en tenant compte du principe qui consiste
à contenir l’inflation ou la déflation. C’est ici que devra se poser
la question du financement de l’Assurance Maladie et l’octroie de
prêts sans intérêts aux conseils généraux par exemple. 4. Toute
réserves de devises tenues par les banques en Cote d’ Ivoire devraient
résider à la banque centrale en contrepartie de la monnaie locale. 5.
Le trésor public se donne le droit de constituer un fond à partir des
dépôts des banques commerciales qui servira entre autre de financer
les prêts à d’autres institutions financières. 6. La création
monétaire devient un attribut du seul gouvernement ivoirien. C’est à
dire que les banques commerciales n’auront plus le droit de créer de
la monnaie du moins comme elles le font actuellement. Le système de
crédit tel qu’il est aujourd’hui devrait donc disparaître pour laisser
la place à un système beaucoup plus souple où la banque centrale joue
un rôle plus prononcé dans la gestion de la dette publique quand les
banques commerciales voient leurs sources de prélèvement d’intérêts
de plus en plus contractées. Par exemple les banques commerciales
n’auront pas droit d’utiliser les dépôts pour financer les prêts ou
investissements. Elles retiendront néanmoins comme revenues, les
intérêts reçus au titre de prêts consentis aux clients à partir de
fonds propres (liés aux revenus ou aux contributions des
investisseurs) où à partir de dettes vis à vis de la banque centrale.
Les agios et autres bénéfices liés à la gestion des comptes bancaires
seront toujours à charge du client. 7. Un point aussi important est
que l’autorité monétaire devrait recommander au parlement le paiement
d’une aide sans taxe à tout ivoirien vivant sur le territoire national
en vue de donner un coup de pouce à la liquidité bancaire en
souffrance tout en relançant la consommation. Cela dit, nous faisons
remarquer que ce projet qui bouscule « l’incontournable finance
moderne » ferait le lit de la finance dite islamique en Cote
d’Ivoire. Il est ici nécessaire de préciser pour tous les croyants que
la finance islamique est juste un moyen de « contribuer au
développement » et n’est en rien liée à aucune promotion quelconque de
l’islam.
En effet, la « finance islamique » est basée sur les principes de
l’interdiction de l’intérêt et celui du partage de la responsabilité
sociale (wikipedia). Ceci dit, ce système n’est basé que sur les
critères de « faisabilité et de viabilité des projets » selon le
président de la banque islamique de développement. C’est un système
qui a d’un côté le pouvoir de freiner les effets de destruction
massive des richesses émanant de la finance moderne et de l’autre
d’apporter une certaine garantie de faire fonctionner une économie
réelle à travers les investissements dans des projets de développement
par opposition au financement d’une économie virtuelle à travers les
produits dérivés par exemple. La Cote d’Ivoire devrait pouvoir ce
doter d’un environnement juridique adéquat pour permettre à des
apporteurs de capitaux de pouvoir travailler dans la logique de la
finance
islamique. Même si le système ressemble à ce qu’on appelle les «
private equity », un système d’investissement en cours, il est à noter
une différence fondamentale en ce sens qu’ici les pertes et les gains
sont partagé équitablement quelle que soit l’apport en capital. La
Côte d’Ivoire pourrait aussi créer un fond d’investissement qui cadre
avec les principes de la finance islamique sans perdre d’un iota
l’attrait que le pays suscite pour les investisseurs de tout bord.
Gohou Danon
g.danon1@gmail.com