Mission conjointe Fmi-Banque mondiale: La légèreté de la méthode française

Par Notre Voie - La légèreté de la méthode française.

La mission conjointe qu’effectuent actuellement le Fmi et la Banque mondiale laisse planer une suspicion légitime sur ses conclusions. Car, juste au sortir de la rencontre préparatoire avec la ministre en charge de l’Economie et des Finances, le chef de mission, Michel Lazare, s’est laissé aller à des commentaires élogieux sur l’économie ivoirienne. Il a tout de suite livré les conclusions de la mission sans avoir évalué le programme économique et financier, l’objet principal de son séjour en terre ivoirienne. «C’est une mission de revue du programme dans laquelle on fait le point sur l’évolution de l’économie ivoirienne en 2013 et les perspectives sur 2014 et le moyen terme. La croissance a été bonne en 2013 en Côte d’Ivoire et les perspectives satisfaisantes, avec la poursuite de la forte croissance du produit intérieur brut et une inflation modérée. L’exécution budgétaire est également satisfaisante avec des recettes dépassant l’objectif du programme et des dépenses plus faibles qu’attendues et tous les critères de performance et les repères indicatifs pour fin juin 2013 ont été respectés», a-t-il soutenu. Faisons d’abord remarquer que l’approche française incarnée par Michel Lazare est un peu trop laxiste, légère. Et donne aux missions qu’il dirige une allure de légitimation du corpus préalablement établi dans les officines du Fmi pour venir en aide à un ex-collègue en difficulté. Sinon comment peut-on donner les conclusions d’un programme qu’on n’a pas encore évalué ? A quoi vont servir les différentes rencontres avec les administrations concernées si les conclusions sont déjà connues ? A la différence de la méthode française, celle anglo- saxonne incarnée par Doris Ross, se contentait, lors des rencontres préliminaires, de souligner les raisons de la mission et d’indiquer la méthodologie à utiliser. Tout en rappelant, à chaque fois, que la mission sera conduite sans complaisance et sans a priori. Elle a toujours rappelé que les conclusions sont celles qui vont émaner des discussions franches avec les administrations concernées par le programme. Ce qui donnait du piment à ses missions et attisaient la curiosité de la presse. Par exemple, elle ne s’est jamais prononcée clairement sur l’issue de l’initiative Ppte (décision et achèvement), indiquant tout simplement que «ça va être possible d’y arriver». D’autre part, il est bon de rappeler que l’économie ivoirienne n’est pas si rayonnante que le présente Michel Lazare. Les principaux indicateurs économiques issus de la troisième revue 2013 fournis par le Fmi montrent que la situation dégradée des finances publiques.

Le vrai visage de l’économie ivoirienne

L’année 2013 a été marquée par une décélération de 1,8 point. Ce qui correspond à une réduction de la variation supplémentaire des richesses d’environ 226,8 milliards FCFA. Les recettes totales et les dons ont chuté de 37,8%. Et une note confidentielle du Fmi a même noté l’incapacité des régies financières à mobiliser les fonds nécessaires au bon fonctionnement de la trésorerie de l’Etat. Le solde budgétaire global est ressorti à -3,2%, ce qui traduit l’incapacité de l’Etat à maitriser son propre budget. Le déficit courant du compte extérieur s’est établi à -3,2%. La dette publique extérieure a augmenté de 8,13%, une croissance supérieure à la richesse nationale. L’inflation, qu’il dit maitrisée, s’accentue à 3,1%, dépassant la norme communautaire qui est de 3%. Les prêts non concessionnels se sont situés à 400 milliards FCFA, soit huit fois la capacité de la Côte d’Ivoire à s’endetter à des conditions hors norme de la Banque mondiale (également représentée au cours de cette mission). Où se situe donc la bonne tenue de l’économie ivoirienne ? Ce sont plutôt ces résultats que la mission devrait analyser et voir comment protéger le peuple ivoirien de l’inconnue dans laquelle le conduit inexorablement le régime Ouattara.
J-S Lia