Miaka Ouretto, président du FPI:« Peut-on considérer que le parlement issu de cette mascarade d’élection sera légitime ? Le FPI répond NON et NON»

Le 24 décembre 2011 par Partis politiques - Conférence de Presse
N 0 005 du 23 Décembre 2011
Déclaration liminaire du Président MIAKA Ourétto
Mesdames et messieurs les journalistes,

Miaka Ouretto, président du FPI.

Le 24 décembre 2011 par Partis politiques - Conférence de Presse
N 0 005 du 23 Décembre 2011
Déclaration liminaire du Président MIAKA Ourétto
Mesdames et messieurs les journalistes,

Je voudrais tout d’abord vous saluer et vous remercier d’avoir répondu à notre invitation.
Nous nous retrouvons pour la deuxième fois, en l’espace de deux semaines, à notre invitation, pour parler de l’avenir de la Côte d’Ivoire.
Le sujet de l’heure, vous vous en doutez certainement, en vaut la peine, car le monde entier nous regarde, nous écoute et nous suit.
C’est pourquoi,
Le F ront P opulaire I voirien, après ce qui s’est passé Dimanche 11 décembre 2011 et que les uns ont appelé élections et que nous, nous appelons mascarade, le FPI dis-je, se doit de monter, encore une fois, au créneau pour tenter d’éviter à notre pays une humiliation sans nom.
Plus de dix jours après cette mascarade, nous en sommes encore à chercher qui a gagné et à arranger, sans vergogne, le taux de participation alors que tous nous savons ce qu’il en est en réalité.
Doit-on continuer à privilégier la technologie électorale, à tripatouiller les résultats, à chercher coûte que coûte à avoir un parlement monocolore et quasiment ethno régionaliste ?
Doit-on continuer à fermer les yeux sur l’exclusion qui s’installe, insidieusement, dans notre pays et qui hypothèque gravement l’avenir de la Nation alors que l’on a prétendu avoir pris les armes pour massacrer les Ivoiriens au motif que l’on aurait été exclu ?
Comment a-t-on pu croire que le déséquilibre scandaleux de la CEI pouvait donner autre chose que ce que l’on constate malheureusement aujourd’hui et pour lequel le FPI avait depuis longtemps tiré la sonnette d’alarme ?
Comment a-ton pu naïvement croire que la déportation du président Laurent Gbagbo , à la veille d’une soi-disant élection, pouvait apporter la sérénité dans les cœurs des Ivoiriens alors qu’en réalité l’on espérait ainsi l’éliminer totalement de la scène politique ivoirienne ?
Comment a-t-on pu cyniquement envisager une consultation électorale alors que plus de 100.000 de nos concitoyens sont contraints à l’exil au mépris de notre Constitution et espérer que cela soit un fait banal ?
A quoi a-t-on pensé, quand des femmes et des hommes qui ont investi argent, énergie et leur vie entière dans une activité commerciale pour tenter d’échapper à l’indigence et rester dignes, sont pourchassés, voient leurs commerces et leurs bâtisses détruits au bulldozer, sans ménagement, pour faire place nette à l’on ne sait quel mirage ?
Comment les tenants du pouvoir actuel ont-ils pu penser raisonnablement que plus de 100.000 étudiants et plus de 30.000 nouveaux bacheliers, sans vision claire de leur avenir, pouvaient répondre à un appel de légitimation d’un pouvoir qui trucide l’Intelligentsia ?
Comment ! Comment ! Comment ! Nous continuons, mesdames et messieurs les journalistes, de nous interroger sur la quiétude que peut avoir un gouvernant quand plus de 400 fils de la Côte d’Ivoire ont vu leurs avoirs arbitrairement gelés, parfois même avec moins de 50.000 f CFA, soit
dollars US dans leur compte.
Comment ce pouvoir arrive-t-il à se convaincre qu’un parti comme le FPI , dont le champion à lui tout seul a totalisé au 1 er tour de la présidentielle, plus de 38% des voix, et qui donne un mot d’ordre clair de sanction civique, ne soit écouté et suivi par un peuple meurtri dans sa chair, dans son âme et dans son existence ? Et qu’en plus, on cherche par tous les moyens à infantiliser, ridiculiser et montrer du mépris et de la condescendance à ce parti ?
Mesdames et messieurs les journalistes,
Ce sont là autant de questions que nous nous posons légitimement en tant qu’acteurs incontournables de la vie de la Nation. Mais, nous soulevons, surtout, ces questions et ouvrons ce débat parce que le F ront P opulaire I voirien de Laurent Gbagbo sait par expérience que chaque fois que le peuple de Côte d’Ivoire s’est retrouvé dans la tourmente, il s’est tourné vers lui. Aujourd’hui encore, nous sommes conscients que nous constituons la seule alternative crédible et donc l’espoir de ce Peuple.
C’est pourquoi,
Le FPI s’étonne que ces questions, pourtant si simples, soient demeurées sans réponses et que l’on se soit entêté à aller à ces consultations qui se terminent malheureusement en queue de poisson.
Et pourtant,
Nous avons alerté les tenants actuels du pouvoir, interpellé l’opinion nationale et internationale. En vain.
Aujourd’hui, tous sont obligés de constater qu’un peuple opprimé, terrorisé, infantilisé et balkanisé, trouve toujours un ressort pour rebondir et dire non quand il le faut. Le Peuple de Côte d’Ivoire vient d’infliger un cinglant désaveu à M. Alassane Ouattara.
Ce message clair à cette gouvernance approximative et au mépris - sans fondement - affiché par la communauté internationale, doit interpeller les uns et les autres.
Chacun doit donc tirer humblement et avec honnêteté les conséquences. En toute responsabilité, sans que le ciel ne lui tombe sur la tête.
Au total, peut-on considérer que les élections législatives du 11 décembre 2011 sont régulières et légales ? Le FPI répond NON ! Et pour causes :
- Le découpage électoral a été fait en violation de la loi et nous l’avions déjà dénoncé,
- L’organisation du scrutin a été entachée de graves irrégularités, ainsi :
o de nombreuses personnes ont été autorisées à voter sans présenter de carte d’électeur ni de pièces d’identité ;
o dans de nombreux bureaux de vote, les votants sont le triple voire, le quadruple des inscrits ;
o les représentants de certains candidats n’ont pas eu droit au PV de dépouillement ;
o la campagne électorale a continué, même le jour du scrutin ; et l’on a pu voir des personnes munies de mégaphone et portant des tee-shirts à l’effigie de leur candidat, sillonner les quartiers pour appeler les populations à aller voter ;
o des éléments des FRCI obligeaient, par intimidation, les passants à aller voter. Mais, bien plus grave, le Chef de l’Etat lui-même, en désespoir de cause, s’est cru obligé de lancer des appels radio télévisés entre 12h00 et 14h00 pour demander à la population d’aller voter…
De même, peut-on considérer que le parlement issu de cette mascarade
d’élection sera légitime ? Là aussi, le FPI répond NON et NON .
L’indifférence totale et le mépris affichés par le Peuple vis-à-vis de ces élections sont éloquents.
Toutes les sources s’accordent aujourd’hui pour indiquer qu’en réalité, le taux de participation ne dépasse guère 10%. C’est du JAMAIS VU EN CÔTE D’IVOIRE !
C’est la légitimité même du pouvoir qui est ainsi remise en cause.
Pour le F ront P opulaire I voirien, il s’agit d’une véritable catastrophe. Il invite par conséquent le pouvoir à prendre les mesures courageuses et responsables suivantes :
1. Annuler purement et simplement ces législatives ;
2. Rembourser la caution des candidats ;
3. Procéder à la désignation d’un nouveau président de la CEI ,
acceptable pour tous ;
4. Ouvrir immédiatement une discussion franche avec le FPI , dénuée de toute morgue et devant aboutir à la mise en place de conditions idoines de réalisation de législatives véritablement ouvertes, justes, démocratiques et surtout crédibles et dont les vainqueurs auront la légitimité du Peuple de Côte d’Ivoire ;
5. Mettre un terme au climat et à l’environnement de terreur qui règnent dans les villes, villages et hameaux de la Côte d’Ivoire et qui exacerbent ainsi une insécurité rapprochée permanente.
Enfin,
Le Front P opulaire I voirien appelle la communauté internationale à ne pas se faire complice d’une désarticulation sociale en Côte d’Ivoire par son refus de voir la vérité en face.
Je vous remercie et me prête volontiers à vos éventuelles questions.
Fait à Abidjan, le 23 Décembre 2011

Le Président du FPI
MIAKA Ourétto