Mauvaise organisation, reports successifs des vols… / Hadj 2011 : les pèlerins crient leur ras-le-bol

Publié le jeudi 27 octobre 2011 | Nord-Sud - Une triste première en Côte d’Ivoire. Des dizaines de pèlerins ivoiriens et parents de pèlerins ont bloqué des rues des Deux-

Plateaux, hier, pour crier haro sur les reports successifs de leurs vols.

Musulmans ivoiriens en colère contre le gouvernement Ouattara pour la mauvaise organisation du Hadj 2011.

Publié le jeudi 27 octobre 2011 | Nord-Sud - Une triste première en Côte d’Ivoire. Des dizaines de pèlerins ivoiriens et parents de pèlerins ont bloqué des rues des Deux-

Plateaux, hier, pour crier haro sur les reports successifs de leurs vols.

Impossible de se rendre à Adjamé-Liberté en passant par le boulevard Mitterrand, hier matin. Ceux qui veulent contourner en passant par le lycée technique sont également refoulés. De fait, des dizaines de pèlerins et parents, aussi furieux qu’indignés, ont barricadé les voies à l’aide de tronc, d’arbre et de pierres. Hommes, fem¬mes, vieilles personnes, enfants, tous ont assiégé les deux voies qui passent devant et derrière la direction générale des cultes. Très actives, des femmes âgées sont assises sur la route à même le bitume. C’est un spectacle rare. Tous scandent : « on veut nos avions ; nos vols ont été reportés ; on nous a dit de retourner à la maison, alors que l’Arabie-Saoudite ferme ses frontières, dimanche ». Ils veulent comprendre ce qui se passe. Et c’est dans l’espoir de se faire entendre par Pascal Kouakou N’Guessan, le directeur général des cultes ou Mamadou Kourouma, le commissaire du hadj, qu’ils sont-là. Cependant, ces derniers sont introuvables, et impossible de les joindre. Dans l’indignation, des pèlerins assiègent les locaux de la direction générale des cultes. Ils ne trouvent aucun interlocuteur. Des journalistes qui les suivent, peu après, sont confrontés au même problème. L’atmosphère est explosive. Entre injures et protestations, les pèlerins ressortent des locaux. « On nous a caché la vérité : il n’y a pas d’avion. Le premier vol qui devrait partir, vendredi, est finalement parti, samedi. Lundi, le second vol est parti. Alors que nous étions tous entassés à l’aéroport, on nous a dit que seul le troisième vol partira ce soir (ndlr : mercredi) et qu’il fallait qu’on rentre chez nous», explique Ali Dagnogo, un pèlerin, dans la cinquantaine. Aucune autre information ne leur a été donnée quant à leur départ. Sur dix vols programmés, seuls trois ont pu être effectués. « En plus, ce sont les membres de la délégation présidentielle qui sont partis dans les premiers vols », ajoute Ibrahim Diallo, un autre candidat au pèlerinage 2011, qui risque de le rater. Pourtant, Daniel Bamba Cheick, le directeur de cabinet du ministre de l’Intérieur, se réjouissait du nombre-record de pèlerins cette année : 6.000. Pour l’instant, seuls moins de 2.000 d’entre eux sont assurés de fouler la terre sainte.

Raphaël Tanoh

Hadj 2011 : Le grand n’importe quoi. Carton rouge à l’organisation

Publié le jeudi 27 octobre 2011 | Nord-Sud

Est-ce le fait de vouloir trop bien faire ou simplement le résultat d’un mauvais fonctionnement longtemps décrié ? En tout cas, le hadj 2011 que tous voulaient réunificateur, voire symbolique après la grave crise que la Côte d’Ivoire a traversée, tourne au fiasco total. A quatre jours de la fin des vols vers l’Arabie-Saoudite, près de 4.000 pèlerins sont encore à Abidjan et ignorent leur sort. Cela à cause d’une mauvaise organisation. On ignore si la faute incombe au commissariat du hadj que dirige Mamadou Kourouma ou à la direction générale des cultes avec à sa tête Pascal Kouakou N’Guessan. Ce qui est sûr, c’est que la mauvaise organisation est apparue dès les premiers instants par le manque de communication. Ethiopian Airlines qui était censée assurer le transport des pèlerins ivoiriens devait transporter ceux du Burkina Faso puis du Togo avant de se rendre en Côte d’Ivoire. Mais à cause d’une panne, l’avion a été retardé. Les organisateurs qui savaient que le premier vol prévu vendredi, était compromis n’en ont pas informé les pèlerins. Nombreux d’entre eux, y compris des personnes du troisième âge, se sont donc rendus à l’aéroport et ont été contraints d’y passer la nuit sans comprendre pourquoi leur avion n’était pas là. Ils vont être les derniers informés de la situation. Mais pendant ce temps-là, les organisateurs ne prennent pas la pleine mesure des choses. Un charter sera loué dans la foulée pour assurer le premier vol, finalement reporté au samedi. Ethiopian Airlines n’est finalement disponible que lundi. Il effectuera un seul vol. Un autre vol est parti, hier, dans l’après-midi. Et, cet affréteur ne sera pas en mesure d’effectuer les deux vols par jour prévus dans le programme. Un chamboulement qui n’est pas sans conséquence. Mais, outre le problème d’avion, l’omission de dizaines de pèlerins sur les listes de vols montre combien les choses ont été faites avec légèreté au niveau du commissariat du hadj. A cela s’ajoute la mauvaise distribution des « ihrams » offertes gratuitement par le président de la République. Selon toute vraisemblance, c’est la manifestation d’une crise qui couvait longtemps au sein du commissariat du hadj. Une source très introduite, au sein de l’organisation, informe que le courant ne passe pas entre le commissaire du hadj, Mamadou Kourouma et Pascal Kouakou N’Guessan, le patron de la direction générale. Ce dernier n’aurait pas aimé que l’on confie l’organisation du hadj au premier.

R.T.