Malversations dans le café-cacao Procès des ex-barons : on reprend tout à zéro

Publié le mardi 13 mars 2012 | Nord-Sud - Après plusieurs démarrages avortés à cause d’une organisation chaotique, le procès pour malversations présumées dans le secteur

café-cacao reprend au tribunal correctionnel d’Abidjan-Plateau.

Cabosses de cacao et tablette de chocolat.

Publié le mardi 13 mars 2012 | Nord-Sud - Après plusieurs démarrages avortés à cause d’une organisation chaotique, le procès pour malversations présumées dans le secteur

café-cacao reprend au tribunal correctionnel d’Abidjan-Plateau.

Le procès des ex- dirigeants de la filière café-cacao reprend ce matin. Les témoins, les principaux accusés et autres sachants dans cette affaire, viendront dire leur part de vérité. Mais, la tâche s’annonce plutôt difficile dans la mesure où la procédure a été mise à zéro, la quasi-totalité des documents ayant disparu des tiroirs des magistrats en charge du dossier, à la suite de la crise postélectorale. Le juge Ahmed Coulibaly espère bien en finir rapidement avec cette affaire qui traîne en longueur.

Achat de l’usine Fulton, point déclencheur
En effet, c’est en octobre 2007, à la demande de l’ex-président Laurent Gbagbo, qu’une enquête s’est ouverte sur les prétendus détournements qui ont eu lieu dans le secteur café-cacao, pilier de l’économie ivoirienne. Avant cette enquête, plusieurs scandales avaient rythmé la gestion des quatre principales structures mises en place à la faveur de la libéralisation de la filière. A savoir, le Fonds de développement et de promotion du café-cacao (Fdpcc), le Fonds de régulation et de contrôle(Frc), l’Autorité de régulation et de contrôle du café-cacao (Arcc) et la Bourse café-cacao (Bcc). Mais c’est surtout le scandale de l’achat de l’usine Fulton, à Atlanta, aux Etats-Unis une unité de transformation du cacao non fonctionnelle achetée à près de 100 milliards Fcfa, qui va servir de point déclencheur d’un procès qui se poursuit aujourd’hui. Face à la levée de boucliers des planteurs et sous la pression des bailleurs de fonds, le gouvernement de cette époque n’a eu pour seule alternative que d’ouvrir une enquête. Celle-ci va déboucher sur l’arrestation, en juin 2008, de 25 dirigeants des différentes structures de gestion sur un total de 30. Ainsi, des personnalités telles que Henri Amouzou, Tapé Doh, Angeline Kili… sont arrêtées et écrouées à la Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan(Maca). Après deux ans et demi d’emprisonnement, au cours desquels plusieurs audits ont été réalisés, un premier procès va enfin être programmé.

Plusieurs reports et différents juges pour la même affaire
C’est le 8 septembre 2010 qu’était prévue la première audience. Mais sous la houlette du président du tribunal, Alain Pohan, ce procès est renvoyé d’abord au 16 novembre, ensuite au 14 décembre et enfin en janvier 2011. Ces différentes audiences n’ont jamais pu se tenir. Mais, en janvier 2011, en pleine crise post-électorale, une liberté provisoire est accordée à ces détenus de haut rang. Pour l’opinion, cette liberté provisoire est davantage politique que judiciaire. Il s’agissait pour l’ex-chef de l’Etat, confronté à d’énormes difficultés suite à sa tentative de confiscation du pouvoir, de tenter une décrispation. Après la crise socio-politique, il y a eu encore plusieurs autres reports. Le dernier en date est celui du jeudi 08 mars. Le nouveau juge commis à cet effet, Ahmed Coulibaly, demande quelques jours pour mieux s’imprégner du dossier. Ce matin, les populations se demandent si cette fois-ci, cette affaire connaîtra un début de dénouement. En effet, dans leur quête d’atteindre le point d’achèvement de l’initiative PPTE, les autorités actuelles ambitionnent d’instaurer une nouvelle gestion au sein de la filière café-cacao. Dans ce sens, une réforme est en cours. Les anciennes structures ont été dissoutes au profit du Conseil de café-cacao (Ccc). En outre, une volonté manifeste de faire de la transparence un crédo est perceptible. Incontestablement, l’Etat qui s’en sortira grandi vis-à -vis des bailleurs de fonds et de l’opinion y gagne. De même que les ex- dirigeants qui rêvent de voir leurs avoirs dégelés et souhaitent retrouver leur liberté définitive, attendent aussi la fin de ce cauchemar. C’est dire que dans l’intérêt de tous, la vérité doit être sue sur les prétendus détournements de deniers publics.

Ahua K.