M. Ban Ki-moon, l’Onu a tué combien d’Ivoiriens? (Première partie)

Monsieur Ban Ki-moon, Secrétaire général de l’Organisation des nations unies (Onu), depuis que sept (07) soldats nigériens appelés en renfort

Monsieur Ban Ki-moon, Secrétaire général de l’Organisation des nations unies (Onu), depuis que sept (07) soldats nigériens appelés en renfort

par leurs alliées des Forces républicaines de Côte d’Ivoire (Frci) d’Alassane Dramane Ouattara ont trouvé la mort le 08 juin 2012 dans la région de Taï, l’Organisation des nations unies en Côte d’Ivoire (Onuci) est à nouveau sous les feux de l’actualité.
Resquiescat in pace ! Que chacun de ces soldats nigériens repose en paix ! Qui a ôté la vie à ces hommes qui n’avaient certainement pas demandé à venir mourir dans le bourbier sanglant créé par Ouattara en Côte d’Ivoire depuis l’enclenchement de son coup d’Etat le 19 septembre 2002 et dont la mafieuse « Cosa nostra » venue de Ouagadougou était le « noyau organisationnel » central (1) ? Interrogé par Christophe Boibouvier sur les auteurs de ces événements, Hervé Ladsous, chef des opérations de maintien de la paix de l'Onu, a déclaré : « Ecoutez… Une enquête est en cours. Je pense qu’on y verra totalement clair très vite. (Radio France internationale, vendredi 15 juin 2012). Une enquête objective sera-t-elle menée dans une région où les dozos et les mercenaires burkinabés Amadé Ourémi et Tiendrébéogo entretiennent de véritables armées étrangères au service d’Alassane Dramane Ouattara? On peut en douter dans le contexte historique actuel. Wait and see.
A la suite de ces événements, l’Onuci a opéré une montée en puissance de ses effectifs et de ses équipements (véhicules tactiques, hélicoptères de combats Mi24, etc.) dans la région de Taï. Dans la phase post-électorale de la crise qui perdure, la Force militaire de l’Onuci s’était également considérablement renforcée sur les plans logistique et opérationnel. A un point tel que les observateurs avertis n’avaient pas hésité à s’interroger sur les desseins inavoués de l’Onuci qui est censée être une « opération de maintien de la paix » créée en 2004 par la résolution 1528 du Conseil de sécurité des Nations unies.
La réponse a été apportée, non seulement sur le champ de bataille, mais également de la bouche même du général de division Abdul Hafiz, commandant de la Force militaire de l’Onuci. En effet, le mardi 16 mars 2011, le général Hafiz a démissionné. (Radio télévision ivoirienne, journal télévisée de 20 heures du 16 mars 2001). Pour expliquer sa décision, le général Hafiz a déclaré : «Nous ne sommes pas en Côte d’Ivoire pour tuer les Ivoiriens » et moi j’arrête parce que je ne veux pas demeurer dans « le faux.» (Le Temps, 21 mars 2011). La lettre et l’esprit des propos du général Hafiz signifient que la Force militaire de l’Onuci a tué des Ivoiriens et qu’elle va continuer à le faire.
La certitude est établie. Les puissances impérialistes, la France en tête, et leurs valets ont décidé, coûte que coûte, d’installer leur homme, Alassane Dramane Ouattara, à la tête de la Côte d’Ivoire. La Force militaire de l’Onuci et les militaires français de l’Opération Licorne sont installés dans le rôle des instruments de la réalisation de ce coup de force en abandonnant la posture de « forces impartiales » qui figure dans leurs missions, au commencement de leur déploiement le 04 avril 2004.
Dans ces conditions, la création des Frci par Alassane Dramane Ouattara le 17 mars 20011, c’est-à-dire au lendemain de la démission du général Hafiz, ne peut relever de la simple coïncidence. Il en est de même pour le remplacement du général Hafiz par le général togolais Berena Gnakoudé, un homme sorti tout droit de l’armée tribale que Gnassingbé Eyadéma a léguée à son fils Faure Gnassingbé.
La chronologie et le déroulement des événements meurtriers qui se sont produit les 15, 16 et 29 décembre 2010, puis les 11et 12 janvier 2011 dans les communes de Cocody et d’Abobo accréditent l’implication opérationnelle et logistique de la Force militaire de l’Onuci.
Le 15 décembre 2010, les rebelles attaquent un poste d’observation des Forces de défense et de sécurité (Fds) régulières - Forces armées nationales de Côte d’Ivoire (Fanci), Gendarmerie nationale, Police nationale - à Cocody, à la hauteur de la résidence de Madame Thérèse Houphouët-Boigny.

Le 16 décembre, les rebelles poursuivent leur offensive et attaquent les positions des Fds à l’arme lourde, avec l’appui logistique et opérationnel des soldats de l’Onuci dans l’optique d’installer à la Radio télévision ivoirienne (Rti) M. Brou Aka Pascal nommé par Ouattara comme directeur général. Ces attaques sont menées à partir de l’Hôtel du golf, quartier général de Ouattara et base militaire commune de l’Onuci et des rebelles des Forces armées des forces nouvelles (Fafn) dirigées par le général Soumaïla Bakayoko.
La Rti et des télévisions internationales ont diffusé des images insolites et accablantes de ces attaques. On y voit des soldats de l’Onuci combattre côte à côte avec les rebelles et l’on entend distinctement les ordres donnés en malinké (« A djigui, a djigui ! ») à un rebelle lanceur de roquette pour qu’il ne rate pas sa cible. Dés son installation à la tête de l’Etat, Ouattara a nommé le général Bakayoko, le chef de l’armée rebelle, au poste de chef d’état-major général des Frci.

Le maréchal des logis Rougbo Oscar Eviar et le soldat de 1ère classe Kablan John Arthur sont tués dans la deuxième attaque. Mais, M. Ban Ki-moon, combien de civils ont été tués dans ces offensives meurtrières des soldats de l’Onu dont les télévisions ont montré l’extrême excitation dans leur appui aux rebelles d’Alassane Dramane Ouattara?

Le même 16 décembre 2010, des rebelles lourdement armés associés à des militants du Rassemblement des houphouétistes (Rhdp), la coalition qui soutient Ouattara, attaquent violemment les forces de l’ordre dans la commune d’Abobo. Ces individus abattent froidement six (06) policiers. Ils incendient un immeuble et brûlent vif un militaire (01) devant sa famille.

Les soldats de l’Onuci, la prétendue « force impartiale », sont massivement présents dans la commune. Ils ne lèvent pas le petit doigt, même pour la protection des populations civiles. Le 29 décembre 2010, au PK 18 à Abobo, les soldats onusiens font usage d’armes à feu contre des civils. On dénombre plusieurs blessés dont Jacques M.O. et Marcellin Michel M. R. qui, grièvement touchés, sont évacués dans un centre de santé des armées.

Dans la nuit du 11 au 12 janvier 2011, toujours au PK 18, une patrouille des Fds en mission ordinaire de sécurisation des populations est prise dans une embuscade et violemment attaquée à l’arme lourde par les rebelles d’Alassane Dramane Ouattara. Le commissariat de police du 43ème arrondissement est également attaqué par des militants du Rhdp appuyés par des rebelles lourdement armés. Une patrouille de police en provenance du quartier « Derrière rails » est mitraillée par des individus à bord de trois taxis.
Coïncidence troublante, les rapports du commandement des Fds et les témoignages relayés par la presse indiquent qu’une colonne de huit (08) véhicules de l’Onuci dont deux (02) chars se trouvaient dans la zone pendant tous ces événements. Ils ont pris plus tard la direction Abobo-Anyama. Il convient de relever que les soldats de l’Onuci ont refusé de porter secours, dans une attitude de non assistance à personne en danger, à un agent de police agonisant au rond point d’Abobo, en face de la mairie.
Quinze (15) agents de police ont été assassinés dans ces événements à Abobo. Il s’agit de : lieutenant Gnaly Jules, adjudant-chef Fanny Brahima, sergent Abassoin Say Alcide, sergent Achy Achy Paul Pacôme, sergent Aney Louis Nogues, sergent N’guessan Sonan Abib, sergent Fally Youan Bénié Faustin, sergent Togore laba Théophile, sergent chef Atthos Komon Sylvain, sergent chef Diabagate Amadou, sergent stagiaire Yao Bi Houa André, sergent stagiaire Yada Blesse Jean Baptiste, sergent stagiaire Toure Sinenan Ibrahima, sergent Bohi Gnonssian David, sergent Gadji Koudjaro Jean Paul. Plusieurs civils ont été abattus par les rebelles de Ouattara. Ils font partie de ces multitudes de morts anonymes qui ne connaîtront jamais une digne sépulture.
M. Ban Ki-moon, aujourd’hui, je ne m’en tiendrai qu’à ces cinq jours où la Force militaire de l’Onuci était engagée avec les rebelles de Ouattara dans leurs basses œuvres à Cocody et à Abobo. Demain, je parlerai encore de Cocody, d’Abobo, mais aussi de Yopougon, de Port-Bouet, du Plateau, de Duékoué et du génocide des Wê, etc. Je n’oublierai pas les tapis de bombes déversés sur la résidence officielle du président Laurent Gbagbo et sur d’autres cibles militaires et civiles par les Mi24 de l’Onuci appuyés par les hélicoptères de combat des forces françaises de l’Opération Licorne.
M. Ban Ki-moon, d’ores et déjà, la question de savoir si l’Onu a tué des Ivoiriens ne se pose plus. Celle qui se pose est la suivante : combien d’Ivoiriennes et d’Ivoiriens ont été tués par les soldats surarmés, les chars, les hélicoptères, etc., de l’Onu qui ont déferlé sur les villes et les campagnes de Côte d’Ivoire ? M. Ban Ki-moon, combien d’enfants, de femmes et d’hommes l’Onu a massacrés en Côte d’Ivoire ? Combien ? Combien ?
Et où est donc passée la fameuse justice internationale ? En vérité, le peuple ivoirien, les peuples africains et les peuples du monde n’attendent rien de cette justice à double détente au service des puissants. En Côte d’Ivoire, elle vous frappe ou vous blanchit selon que vous soutenez le combat pour la liberté de Laurent Gbagbo ou que vous êtes un agent de l’impérialisme et de son serviteur Alassane Dramane Ouattara. Nil novi sub sole. Rien de nouveau sous le soleil.
Le général de Gaulle a dit que l’Onu est un « machin ». En Côte d’Ivoire, l’Onu est un « machin » qui tue. En toute impunité.
M. Ban Ki-moon, vous ne daignerez pas me répondre. Mais je reviendrai, ma plume à la main.
Respectueusement.

Deuxer Céi Angela. L’œil du juste
Ampliation. Bert Koenders, représentant spécial de Ban Ki-moon en Côte d’Ivoire.
(1) Deux de mes contributions sur le déroulement de la tentative de coup d’Etat du 19 septembre 2002 et sur la mise de la Côte d’Ivoire en coupe réglée par une véritable mafia, sous Ouattara, peuvent être consultées dans les dossiers de plusieurs sites de la résistance africaine. Elles s’intitulent Lettre ouverte à Hollande et à Obama (1 et 2).