Littérature / 50 ans d’indépendance de la République de Côte d’Ivoire - 14 nouvellistes font le bilan de la Nation ivoirienne

‘’50 ans d’indépendance de la République de Côte d’Ivoire’’ est un ouvrage de 14 nouvelles édité par le groupe Fraternité Matin. Ce second recueil écrit par des amateurs (des lettres) ivoiriens

retrace, pour certains, la vie de la Côte d’Ivoire semée d’embûches, et pour d’autres, l’espoir qui renaît grâce à ses fils persévérants. Le tout dans un langage familier.

‘’50 ans d’indépendance de la République de Côte d’Ivoire’’ est un ouvrage de 14 nouvelles édité par le groupe Fraternité Matin. Ce second recueil écrit par des amateurs (des lettres) ivoiriens

retrace, pour certains, la vie de la Côte d’Ivoire semée d’embûches, et pour d’autres, l’espoir qui renaît grâce à ses fils persévérants. Le tout dans un langage familier.

‘’Pour le meilleur et pour…le prix’’, plante le décor sur le bilan qu’exigent les 50 années d’indépendance de la Côte d’Ivoire. Cette nouvelle dépeint la guerre qu’à connu ce pays de paix, d’amour et d’hospitalité dirigé par feu le Président Félix Houphouët-Boigny. Nombreux sont les Ivoiriens qui ‘’pleurent’’, aujourd’hui, sa disparition. Parmi eux, se trouve Ayoliait, instituteur qui, nostalgique, ne peut retenir ses larmes quant il se rappelle cette «belle époque». « Ah, le bon vieux temps ! Me reviennent les faveurs à nous accordées au collège : bourse, internat (…) et les fêtes tournantes d’indépendance, fêtes au cours desquelles nous, collégiens, défilions dans nos tenues bleu et blanc ! Et encore ! Et encore… ! », se souvient-t-il le visage pensif d’où descendit une larme qu’il essuya aussitôt. Un souvenir douloureux, mais rempli d’espoir que les 14 nouvellistes – entre autres Ebakpolé Patrice, Gobou Yodé Francis, katié Ama et Tanoh Ahou Laetitia Sandrine – ont tenu à faire revivre aux lecteurs. Ainsi, le ‘’cinquantième anniversaire de Yendi’’ recherche-t-il le point majeur qui a conduit la Côte d’Ivoire dans la crise qu’elle traverse. «Qu’est ce qui nous divise tant pour que nous nous handicapions en permanence ? », s’interroge Gobou Yodé Francis (page 29) à travers son personnage Zoumdaly, le chef stratège. Malgré la sagesse que distille Sérélé, le griot, aucun des antagonistes – en l’occurrence Zoumdaly, l’actuel chef de Yendi, l’ancien chef NZué et l’ancien chef des notables Almamy – ne veut céder à la paix pour qu’ensemble tous puissent organiser le ‘’cinquantième anniversaire de Yendi’’. Chacun croyant être le détenteur de la ‘’vérité’’, parce que se réclamant fils de Dia le père fondateur de Yendi, ce gros village cosmopolite et hospitalier. «Pour préserver la paix et la cohésion sociale, j’ai fait bâtir des fondations, des Temples, des édifices religieux qui comptent parmi les plus prestigieux au monde ; (…) je le sais, tout dans mon œuvre, n’a pas été parfaite », reconnaît le père fondateur (ligne 9 de la page 44). Qui admet que la construction de sa contrée a suscité un tel brassage qu’il serait difficile d’être rigide dans la définition «de ce que nous sommes nous-mêmes». Pour réussir ce que Dia le père appelle «examen de passage» dans la paix, il faudra renoncer à toute logique d’affrontement, au rejet systématique de l’autre, du fait des multiples métissages. Il exhorte avec insistance ses fils à favoriser la cohésion sociale. «Il vous reviendra, à vous la nouvelle génération, d’assurer l’intégration de tous, dans la rigueur et dans l’esprit des lois, et en veillant toujours à préserver la paix», recommande le père fondateur. La reconstruction de la Côte d’Ivoire dans la paix est possible. ‘’Oui ! Côte d’Ivoire, 50 ans après, tes enfants te redonnent espoir’’, s’exclame Kouakou Marcel, un jeune instituteur qui se demande cependant «à quel moment depuis les indépendances, la Côte d’Ivoire avait-elle perdu le fil conducteur du développement pour tomber dans l’immobilisme ? ». Il se rendra compte que c’est l’égoïsme qui a conduit son ‘’cher pays’’ dans la perdition. Sans se laisser gagner par le découragement, il décide, à sa manière, d’apporter sa pierre pour la reconstruction de la Côte d’Ivoire. D’abord, par la discipline, le respect des engagements vis-à-vis de la patrie. Car, indique-t-il, «lorsqu’on travaille pour son pays, on ne se rend pas au bureau à 10 heures. Lorsqu’on travaille pour son pays, on n’exige pas de ses concitoyens de l’argent pour faire son devoir. Lorsqu’on travaille pour son pays surtout si ce pays est pauvre, l’emploi doit devenir un sacerdoce » (page 53). Une interpellation qui est d’ailleurs de mise dans les 240 pages que compte le recueil sur les ‘’50 ans d’indépendance de la République de Côte d’Ivoire’’.
P. Tanoh