Liberté provisoire / Comment les pro-Gbagbo sont arrivés, hier : Ce que certains ont exigé
Publié le samedi 12 novembre 2011 | Soir Info - Il est 15 h 30, ce vendredi 11 novembre 2011, quand nous arrivons à l’hôtel Ibis au Plateau. Fait remarquable : une dizaine de policiers y sont postés. Une
Publié le samedi 12 novembre 2011 | Soir Info - Il est 15 h 30, ce vendredi 11 novembre 2011, quand nous arrivons à l’hôtel Ibis au Plateau. Fait remarquable : une dizaine de policiers y sont postés. Une
source nous avait soufflé, à la mi-journée, que cet hôtel allait accueillir les prisonniers pro-Gbagbo élargis, mercredi 9 novembre 2011, par la justice ivoirienne. Elle avait la bonne information puisqu’à 16 h 03, un véhicule Pick-up double cabine de marque Mitsubishi de couleur blanche gare. On y voit descendre l’ex-ministre, Gnamien Yao, l’ex-conseiller économique et social, Diabaté Bêh, le Secrétaire général de l’Université de Cocody, Bolou Bi Toto Jérôme. Coulibaly Gervais, l’ex-porte-parole de Laurent Gbagbo, Assiélou Florent, Secrétaire général de l’Union des nouvelles générations (Ung)…leur font les accolades. L’émotion est grande. La joie aussi. Ils montent ensemble au premier étage de l’hôtel Ibis à la salle Bougainvilier. Après les échanges, ils redescendent pour prendre leurs bagages dans le pick-up. Ils disent au revoir au commissaire Coulibaly membre des Forces républicaines de Côte d’Ivoire (Frci) et son élément qui les ont conduits jusqu’à Abidjan. Dix minutes plus tard, un deuxième véhicule Pick-up double cabine de marque Mitsubishi, de couleur vert treillis immatriculé Frci 01 10009 et estampillé Atchengué arrive en trombe. Les deux phares allumés. Gui Boni Sinsin Roland et Boguhet Serge Michel, cameraman à la Rti, descendent. Ils ont le sourire. Ils sont accompagnés par deux éléments des Frci. Ils montent eux-aussi au premier étage. Ils remplissent tous des fiches pour occuper des chambres à l’hôtel Ibis. Les ex-détenus s’enferment, par la suite, dans la salle Bougainvilier, pour une réunion avec Coulibaly Gervais et ses collaboratrices, Mmes Boeté et Marie Chantal Djédjé. Dans le hall, où nous attendons l’arrivée du « contingent » de Boundiali, nous voyons Gui Boni Sinsin Roland sortir de l’hôtel. Il rejoint des proches à l’extérieur et s’engouffre dans une voiture et quitte les lieux. Serge Boguhet, habillé dans un jean et un polo, avec une serviette au coup, passe dans le hall. Nous échangeons avec lui. C’est là qu’un collègue de la Rti lui apprend qu’il fait partie des licenciés de la Rti. Il dit ne pas en faire un problème et sort des lieux avec son collègue. Tour à tour, Diabaté Bêh, Gnamien Yao, Bolou Bi Toto viennent échanger avec des connaissances dans le hall. Approché, Diabaté Bêh, qui a gardé la barbichette, déclare être heureux de se retrouver en liberté. Sans plus. Bolou Bi Toto embrasse sa fille née alors qu’il était en prison à Bouna sous le regard affectif de son épouse. Le temps passe et le nombre de personnes (parents des libérés, hommes et femmes de média) présentes aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur de l’hôtel augmente. Les coups de fil que les uns et les autres passent révèlent que les ex-détenus de Boundiali sont sur l’autoroute. 19 h 25, un car de la compagnie CK Abidjan-Korhogo arrive. Il est immatriculé 8873 CV 03.Tout le monde s’approche. Des éléments des Frci descendent. Par les vitres, on reconnait les visages : Danièle Boni Claverie, Ouégnin Georges Armand Alexis, Dogbo Djéréké Raphaël, Bohui Komé Armand… Ce sont effectivement les prisonniers de Boundiali. Les amis, parents et connaissances, au bas du car, exultent. Mais les occupants du car tardent à descendre. Renseignement pris, certains ne veulent pas mettre pied à l’hôtel Ibis où des chambres leur ont été réservées. Les éléments des Frci laissent les portières du car fermées. Des chaudes discussions s’engagent entre les ex-prisonniers, leurs avocats conduits par Me Hervé Gouaméné et les Frci. Des policiers postés devant l’hôtel Ibis montent à bord du car. Et soudain, une personne ouvre la portière arrière du car. Un élément des Frci d’élever la voix : « Qui a ouvri par derrière?». Et un autre de répondre : « C’est moi qui ai ouvri ». On attend les éclats de rire à l’intérieur comme à l’extérieur du car. Comme si cela ne suffisait pas, un autre soldat Frci, présent dans le car, lance à 19 h 47: « Il faut appeler lui… ». Finalement, les portières s’ouvrent. Et c’est l’extase…Danièle Boni Claverie, en présence d’un avocat, exprime son « émotion », souhaitant que le pouvoir libère les autres prisonniers pour « une réconciliation effective ». Au moment où elle faisait sa déclaration, ses ex-co-détenus prenaient leurs bagages, avec ceux qui sont venus les accueillir, pour quitter les lieux. Sans entrer à l’hôtel Ibis. Aux dernières nouvelles, ce sont trois ex-prisonniers de Bouna qui y sont restés.
SYLLA A