Les vérités de Simplice Allard : Justin Katinan Koné et les vrais cambrioleurs de banques

Le 12 septembre 2012 par Le Temps - S’il y a un homme qui trouble le sommeil du pouvoir d’Abidjan, c’est bien Justin Koné Katinan. Le Porte-

Koné Katinan pendant son procès à Accra.

Le 12 septembre 2012 par Le Temps - S’il y a un homme qui trouble le sommeil du pouvoir d’Abidjan, c’est bien Justin Koné Katinan. Le Porte-

parole du Président Gbagbo actuellement entre les mains de la justice ghanéenne qui refuse de le livrer aux autorités d’Abidjan pour rester conforme aux lois ghanéennes, a fini par se construire une renommée internationale, bien malgré lui. Le régime Ouattara lui en voulant pour avoir «cambriolé l’agence principale de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’ouest (Bceao)». Flash-back. Au plus fort de la crise électorale entre Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara, le dernier est blotti à l’hôtel du Golf son quartier général (Qg) de campagne. Alassane Ouattara alerte son réseau international – Union européenne-, qui enclenche un embargo sur les avoirs à la Bceao et banques commerciales de Côte d’Ivoire. L’embargo frappe également les produits agricoles dont le café et le cacao les deux principales productions du pays, et surtout les médicaments de première nécessité jusqu’aux génériques. La mesure étreint les populations ivoiriennes au point de les étouffer. Abidjan la capitale économique et les villes de l’intérieur enregistrent leurs premiers morts, la Pharmacie de la santé publique (Psp) n’arrivant plus à alimenter les hôpitaux publics et même les cliniques privées. C’est dans ce contexte que Laurent Gbagbo prend le problème à bras-le-corps. Il ordonne donc que les avoirs de l’Etat de Côte d’Ivoire au sein de l’Union monétaire ouest africaine (Uemoa) reviennent de droit à son pays. Les banques commerciales sont nationalisées, parmi elles se trouvent les plus importantes dans lesquelles l’Etat ivoirien procède traditionnellement aux virements des salaires de ses fonctionnaires et autres agents. L’affaire est rondement menée dans les règles de l’art, le gouvernement de Gbagbo prend soin d’y adjoindre les huissiers qui procèdent aux constats. 14 mois après la fin du conflit, d’où vient-il que son ministre chargé du Budget qui agissait à cette époque au nom de l’Etat de Côte d’Ivoire représenté au plus haut sommet, Laurent Gbagbo, qui n’a fait que défendre les intérêts de la nation en péril, soit poursuivi pour avoir « cambriolé l’agence principale de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’ouest (Bceao)» ? Voilà toute la question. Elle a tout son sens pour la simple raison que ce sont les « cambrioleurs des agences de la Bceao » qui s’érigent en accusateurs. Le régime Ouattara peut-il regarder les Ivoiriens droit dans les yeux et dire qui de Koné Katinan ou des excom- zones de l’ex-rébellion est passible de poursuite devant les juridictions nationales et sous régionales ? Qui a cambriolé les agences de la Bceao de Man, de Bouaké (23 septembre 2003) et de Korhogo, les établissements financiers et administrations – la Caisse autonome d’amortissement et la Trésorerie publique notamment, dont le montant est évalué entre 16 et 20 milliards de Fcfa (entre 24 et 30 millions d’euros)? Ne sont-ce pas ces anciens gardes du corps de Ouattara devenus chefs de guerre dans la partie centre-nord-ouest annexée du pays ? A ce propos voici ce que disait l’ancien Gouverneur de la Bceao Charles Konan Banny, joint au
téléphone par Jeune Afrique alors qu’il se trouvait à Guinée Bissau : «Quand bien même on n'aurait volé qu'un centime, je ne puis l'accepter. Cet argent appartient aux huit pays membres de l'Union économique monétaire ouest-africaine (Uemoa). Je ferai tout mon possible pour faire arrêter les responsables et les envoyer devant les tribunaux». Cette colère de Banny, aujourd’hui président de la Commission dialogue, vérité et réconciliation (Cdvr) est restée sans suite et sans effet. Prenez soin de vous et… d’autrui.

Simplice Allard