Les femmes exigent le départ de l’Onuci
Publié le mardi 1 mars 2011 | Le Temps - Les femmes patriotes de Côte d’Ivoire, à travers un sit-in qui a débuté hier matin à la Riviera 3, et qui prendra fin dans cinq jours, exigent le départ de l’Onuci.
Publié le mardi 1 mars 2011 | Le Temps - Les femmes patriotes de Côte d’Ivoire, à travers un sit-in qui a débuté hier matin à la Riviera 3, et qui prendra fin dans cinq jours, exigent le départ de l’Onuci.
La Coordination des femmes patriotes de Côte d’Ivoire, avec à sa tête la ministre Géneviève Bro Grébé a décidé de durcir le ton dans sa volonté de faire partir l’Onuci. Hier matin, elles ont crié leur ras-le-bol devant le détachement de la force onusienne à la Riviera III. Qui, avec des grelots, qui avec des tam-tams, elles ont exprimé haut et fort leur détermination à œuvrer pacifiquement pour obliger l’Onuci à quitter la Côte d’Ivoire. Bien avant, elles se sont retrouvées dans la salle des fêtes de l’Hôtel communal de Yopougon. Les visages badigeonnés de caolin, rameau et autres branchages en main, les femmes venues de tout Abidjan ont, avant l’arrivée de Mme Bro, démontré à travers chants et danses, que plus rien ne peut les arrêter dans leur volonté. Mme Touré, la cinquantaine, ne cache pas sa joie de faire partie de ce qu’elle appelle «mouvement de libération». «Nous sommes prêtes à libérer notre pays. Nous sommes décidées à faire partir l’Onuci qui tue nos enfants, nos maris, nos parents, nos sœurs. Nous tenons à dire aux soldats de l’Onuci que nous ne voulons pas de guerre en Côte d’Ivoire». Quelques minutes plus tard, Mme Bro fait son entrée en compagnie de Mme Jeannette Koudou et bien d’autres femmes de haut rang. Après une prière œcuménique, elle s’adresse à «ses sœurs». «Je vous salue toutes pour votre mobilisation. Nous sommes ici pour dire non à la guerre en Côte d’Ivoire. Pour l’exprimer, ce n’est pas ici (à l’Hôtel communal, ndlr) que nous allons le faire. Nous irons à l’Onuci-Riviera III. Nous allons faire un sit-in pendant six jours. Nous allons nous organiser pour nous relayer». Le mot d’ordre de Mme Géneviève Bro Grébé est accueilli avec des hourras. Joignant l’acte à la parole, elles sortent de la salle et se rendent au lieu indiqué dans la discipline. Sur le site, elles sont toutes assises chantant des cantiques et chants religieux dans la discipline. Quelques instants plus tard, les soldats onusiens, plus précisément des Jordaniens et des Nigériens, campés derrière leur portail se concertent. Après leur conciliabule loin des femmes patriotes qui ne s’en occupaient guère, un d’entre eux, un Nigérien qui semblait être le maître des lieux, demande à parler à Mme Bro. L’air à la limite de l’impolitesse, il ordonne aux femmes de lever le camp. Le cas échéant, il emploiera la manière forte. Le Nigérien n’a pas gain de cause et replie en bon militaire. Après avoir consulté son collègue Jordanien, il revient à la charge. Cette fois-ci, Bro Grébé, avec à ses côtés, la ministre Christine Adjobi et une kyrielle de femmes, le rencontrent. Et lui confient tranquillement : «Nous sommes venues prier pour vous afin que vous quittiez notre pays. Nous sommes toutes prêtes à mourir pour notre pays, pour que notre pays retrouve la paix. Je suis la ministre Géneviève Bro Grébé. Nous ne bougerons pas d’ici». Il n’en fallait pas plus pour qu’elles chantent l’Abidjanaise sous le soleil de plomb qui semble les caresser. Mme Christine Adjobi, très en vue, ajoute pour sa part : «L’Onuci qui est une organisation censée préserver la paix en Côte d’Ivoire s’est transformée en adversaire. Elle tire sur des femmes, des jeunes aux mains nues. Nous sommes venues lui dire de partir de chez nous et qu’elle nous laisse résoudre notre problème nous-mêmes». Idem pour Mme Brigitte Adou. La cinquante révolue, elle embouche quasiment la même trompette. Le verbe haut, elle s’empresse de dire : «nous sommes ici, devant l’Onuci, pour dire que nous ne voulons plus d’elle chez nous. Parce que c’est elle qui arme et aide les rebelles qui nous font la guerre». Comme pour dire que la Coordination des femmes patriotes n’est pas prête à abdiquer dans sa démarche.
Eugène Djabia