Les ex-barons de la filière café-cacao depuis la maca : «Notre choix, c’est Gbagbo»
Le jeudi 18 novembre 2010 par le Temps - En tant qu’Ivoirien, attaché au pays, ce qui arrive à la Côte d’Ivoire me concerne au premier chef. Je voudrais dire aux Ivoiriens
Le jeudi 18 novembre 2010 par le Temps - En tant qu’Ivoirien, attaché au pays, ce qui arrive à la Côte d’Ivoire me concerne au premier chef. Je voudrais dire aux Ivoiriens
que l’heure est grave au moment où se dessine la destinée de notre pays. Nous devons savoir raison gardée. Nous devons taire nos frustrations, nos querelles intestines et nos rancoeurs. Car, il s’agit de notre seul pays au monde. Il s’agit de notre dignité. C’est le message que nous les prisonniers avons donné le 31 octobre dernier lors du premier tour des élections. Le vote des prisonniers n’est pas su des Ivoiriens. Sur 2002 suffrages exprimés, le candidat Laurent Gbagbo a eu 1066 voix. Bédié a eu 541 et Alassane a eu 395. Il n’y a pas plus frustré qu’un prisonnier. Il n’y a pas un régime au monde qui bénéficie des largesses des prisonniers. Mais, en Côte d’Ivoire, nous avons voté massivement Laurent Gbagbo. Cela veut dire que, même frustrés, meurtris, enchaînés, affamés, les prisonniers de la Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan (Maca) ont choisi Laurent Gbagbo. C’est pourquoi, j’appelle les Ivoiriens de toutes les régions, de toutes les ethnies, de toute obédience politique, de toutes les conditions sociales, de taire toutes leurs frustrations, leur rancœur pour dire oui à la dignité de la Côte d’Ivoire. Je voudrais leur demander d’arrêter de condamner et de harceler nos frères Baoulé qui ont fait leur choix qui est aussi valable que le leur. Nous sommes dans un pays de liberté. Le vote étant un choix, nul ne peut en vouloir à son voisin parce qu’il a fait un choix différent du sien pour quelque raison qu’il soit. Que nos frères Guéré, Yacouba, Wobé, Gnamboua, Bété, Bakwé, Malinké, Alladjan…qui ont choisi au 1er tour Laurent Gbagbo acceptent que d’autres frères choisissent leur candidat. C’est cela la démocratie prônée par Laurent Gbagbo. Nous croyons fermement. Nous devons donc œuvrer à parfaire la démocratie. Notre devoir, c’est d’amener ceux des frères qui n’ont pas fait le choix que nous estimons bons à le faire au 2e tour. Nous devons donc aller vers le pays Baoulé du Grand Centre et ceux localisés dans les forêts de l’Ouest. J’appelle également les peuples du Nord, Senoufo, Koyaka, Malinké, Djimini, Tagbana… à se rallier à la cause de la Nation, en votant massivement comme nous. Je voudrais demander aux Ivoiriens pour ce deuxième tour, d’avoir du respect pour le Président Henri Konan Bédié. Il a assumé les hautes fonctions de l’Etat. Nous lui devons donc respect et de la considération. Il est un humain. Il prend des décisions qui tiennent compte de ses atouts et contraintes. En plus, il n’est responsable d’un seul bulletin de vote, le sien. Personne ne nous dira que Bédié est responsable du vote des militants et électeurs du Pdci. Nous sommes en démocratie. Chacun est libre de son choix. Que chaque Ivoirien et chaque électeur du Pdci regardent la Nation et le peuple pour faire son choix. Car, le scrutin du 28 novembre, correspond à un referendum entre le Oui, qui signifie. « Je suis pour la dignité, la Côte d’Ivoire des Ivoiriens pour les Ivoiriens, la souveraineté », et le Non qui signifie « Je veux que la Côte d’Ivoire soit encore gouvernée par les colons et obéissent par le choix des colons ». Je voudrais rassurer les Ivoiriens sur notre situation de détention. Nous constituons le signal qu’a voulu donner le Président de la République à la Nation et à la communauté nationale dans le cadre du rétablissement de la bonne gouvernance, dénommée « opération main propre». Nous avons été surpris et indignés par la manière dont cette opération a été conduite. De sorte à ce que tout responsable de structure soit conduit manu militari sans aucune enquête, ni audits contradictoires, de sorte que cela ressemblait à un délit de fonction, limité à trois postes, c’est-à-dire, Pca, Dg et Daaf. Nous ne pouvons que déplorer cela. Nous ne pouvons que déplorer cela pour la justice ivoirienne. Mais, nous sommes en Côte d’Ivoire. Nous n’avons qu’un seul pays. Et je fais confiance à la justice de mon pays. J’ai foi en ceux qui la dirigent, même si l’œuvre humaine n’est pas parfaite. Je plaide donc pour que mes frères et sœurs, co-détenus dans cette affaire gardent le calme, la sérénité et d’avoir la foi en Dieu. Je leur demande de communiquer cette foi à leurs parents, amis et à leurs familles pour qu’en définitive, cela soit une réalité pour l’élection de Laurent Gbagbo. Car, quand la maison brûle, il faut aider à éteindre le feu avant de chercher la place de son lit.
Propos recueillis par Joseph Atoumgbré