Le ministre d’Etat, ministre du Plan et du développement, Mabri Toikeusse, président de l’Udpci : « La famille Rhdp est solide »

Publié le samedi 24 décembre 2011 | Le Nouveau Réveil - Le docteur Abdallah Mabri Toikeusse est l’actuel ministre du Plan et du Développement de Côte d’Ivoire. Il est aussi et surtout le président de l’Union

pour la Démocratie et la Paix en Côte d’Ivoire (UDPCI) et membre de la conférence des présidents du Rassemblement des Houphouëtistes pour la Démocratie et la Paix (RHDP). Au sortir des élections législatives, dont la gestion semble quelque peu secouer la maison commune, Mabri a bien voulu donner sa position sur tous les grands sujets de l’heure.

Mabri Touakeusse.

Publié le samedi 24 décembre 2011 | Le Nouveau Réveil - Le docteur Abdallah Mabri Toikeusse est l’actuel ministre du Plan et du Développement de Côte d’Ivoire. Il est aussi et surtout le président de l’Union

pour la Démocratie et la Paix en Côte d’Ivoire (UDPCI) et membre de la conférence des présidents du Rassemblement des Houphouëtistes pour la Démocratie et la Paix (RHDP). Au sortir des élections législatives, dont la gestion semble quelque peu secouer la maison commune, Mabri a bien voulu donner sa position sur tous les grands sujets de l’heure.

Monsieur. le président, nous sortons des élections législatives. Quel bilan faites-vous de ce scrutin ? Et quelles sont les leçons que vous en tirez ?
Je voudrais d’abord me féliciter de ce que l’Udpci ait pris part à cette campagne et à cette élection. Nous avons présenté 48 candidats et sur les 48, nous avons eu donc 7 élus. Nous avons aussi un indépendant proche de nous, qui est élu, donc nous nous en tirons avec 8 députés, sur les 48 circonscriptions que nous avons visées. Je voudrais dire que nous n’avons pas à rougir de ces résultats. C’est important que nous soyons candidats et c’est important que nous remportions des sièges. Nous avons aujourd’hui quelques recours en annulation au Conseil constitutionnel. Nous attendons que les résultats des travaux du Conseil soient rendus. Et nous espérons que notre recours aura donc l’attention du Conseil constitutionnel. Au-delà de tout, je voudrais dire qu’en terme de pourcentage par rapport au nombre de candidats présentés, nous sommes encouragés à continuer le combat. Nous avons réalisé de bons scores, dans certaines circonscriptions où nous n’avons pas gagné. Et cela aussi est encourageant. Je voudrais ici donc féliciter tous ceux qui ont fait acte de candidature sous la bannière de l’Udpci, et encourager ceux qui n’ont pas eu la chance de rentrer à l’hémicycle. Et dire à ceux qui y entrent, que c’est un destin nouveau qui s’ouvre pour eux. Je voudrais leur apporter tout mon soutien au cours du mandat législatif, qui n’est toujours pas un mandat facile. Parce qu’il y a beaucoup de confusions entre le rôle du député et celui des autres élus, sur le terrain par rapport aux types d’interventions qu’ils peuvent apporter. Nous sommes satisfaits et nous ferons le bilan très bientôt au niveau du parti, et sur cette base-là, nous allons voir comment nous nous réorganiserons pour les échéances à venir.
Au plan national, cette élection a eu lieu avec un taux de participation qui est très loin du taux que nous avons connu lors de la présidentielle. Mais comme cela a déjà été dit, ce n’est pas la première fois que nous enregistrons un tel taux, au niveau des législatives. Ce qui est important, c’est que cette institution, l’Assemblée nationale, ait donc les moyens de se mettre en place. Et le premier moyen ici, c’est donc l’élection des députés. Nous attendons donc que le parlement fasse sa session inaugurale et rentre en session ordinaire pour examiner tous les textes que le président de la République et le gouvernement voudront faire examiner. Bien entendu, il va avoir des initiatives au niveau des parlementaires. Cela participe donc de la normalisation de la vie nationale, politique et institutionnelle. Il faut donc s’en féliciter et pour moi donc, le bilan des élections législatives est positif.

Monsieur le président, quand vous dites donc que vous êtes satisfaits, s’agit-il uniquement des résultats obtenus ou de tout le déroulement de l’élection. Parce que nous savons que les grincements de dents n’ont pas manqué dans la conduite même du scrutin, surtout à l’Ouest ?
Je voudrais dire qu’il n’y a pas d’élections sans que nous n’ayons des recours en annulation et d’autres requêtes auprès de l’instance compétente, pour pouvoir examiner les réclamations par rapport aux élections. Dans le cas présent, il y a eu donc de nombreux recours. Nous avons tous suivi le communiqué du Conseil constitutionnel, qui invite les personnes et élus concernés à venir donner des réponses. Pour notre cas, nous avons quatre candidats qui ont fait des recours en annulation, et nous avons de l’autre côté, deux élus, contre lesquels, il y a des recours également. Donc, nous sommes concernés. Je pense que cela participe d’un état de droit et de la démocratie. Il faut l’accepter ainsi. Je ne crois pas qu’il y ait une seule élection, en tout cas dans les pays de démocratie, où il n’y a pas de plainte par la suite. Pas parce que l’élection aurait été très mauvaise ou très parfaite. Mais il y a toujours cela, nous, nous souhaitons avoir raison et donc obtenir sur les circonscriptions où nous avons des recours, la reprise des élections, et nous allons nous conformer à la décision qui sera prise par le Conseil constitutionnel.

Parlant de contestation des résultats, le cas de Bloléquin est beaucoup plus médiatique, quel est votre avis là-dessus ?
Je ne sais pas s’il est plus médiatisé que d’autres, parce que moi je n’ai rien pour mesurer le degré de médiatisation. Je sais que notre candidat à Bloléquin a fait un recours en annulation. Evidemment, la presse aussi l’approche, il est connu aussi de la presse, donc les gens auraient tendance à l’approcher. Il répondra peut-être qu’il ne peut pas fuir les questions de la presse, mais je pense qu’il est normal que chacun communique, lorsqu’il se sent concerné par une situation.

Toujours au niveau des contestations, ça se passe entre les partis politiques du Rhdp. Est-ce que ça ne va pas mettre en mal la cohésion du Rassemblement des Houphouétistes ?
Si nous avons eu des élections où des candidats du Rhdp se sont affrontés entre eux, je ne sais pas pourquoi les recours en annulation, en reprise des élections, vont donc entrainer des problèmes au sein de la famille. Je voudrais dire que cette famille est solide. Nous avons nos problèmes, qui sont quelques fois des problèmes internes. C’est dans toutes les familles que ça se passe. Ce qu’il faut comprendre, c’est que ce qui nous lie est plus fort, que ce qui nous éloigne les uns des autres et ce n’est pas une échéance électorale, qui va entamer la cohésion au niveau de la famille. Evidemment, lorsqu’on a eu un affrontement sous le parti unique, il y avait donc eu en 80 et 85 des élections, ça a laissé des traces. Quand le Pdci était passé aux primaires, ça a laissé des traces. Donc c’est comme cela partout. Moi, ça ne m’inquiète pas outre mesure. Même si je sais qu’il faut faire des efforts de rassemblement et de rapprocher les positions et de jouer le rôle qui me revient aux côtés de mes aînés, pour que la famille soit davantage solide, se structure pour que dans les semaines à venir, on ne parle plus de candidatures multiples, mais de candidatures unique au sein du Rhdp.

N’empêche que l’un des présidents de la conférence du Rhdp, en l’occurrence, le ministre Anaky, déclare dans la presse que le Rhdp est mort de sa belle mort ?
Non, je ne sais pas dans quelles circonstances et en quels termes, Anaky a dit cela. Comme je n’ai pas échangé avec lui, vous m’autoriserez à ne pas répondre à un président du Rhdp, dans les colonnes de la presse. Je voudrais simplement dire qu’Anaky est quelqu’un qui a foi en le Rhdp, foi en la Côte d’Ivoire, et je sais que bientôt, nous nous retrouverons pour parler du Rhdp et de la Côte d’Ivoire, ensemble.

On a qualifié ces élections d’élections de sortie de crise, et le Fpi qui compte quand même, n’y a pas participé. Pensez-vous vraiment que la sortie de crise, c’est pour bientôt en Côte d’Ivoire ?
Ecoutez, le Rdr n’est pas allé aux élections législatives en 2000, ensuite est allé aux élections locales. Nous avons trouvé les moyens au plan national avec la compréhension des uns et des autres, d’impliquer tous les acteurs majeurs dans cette politique nationale, dans le processus qui était en cours. Aujourd’hui, le processus concerne la réconciliation et la cohésion. Le président de la République, les leaders des grands partis et tous ceux qui comptent, avec nos frères du Fpi, trouveront le moyen de faire avancer la Côte d’Ivoire sur le chemin de la réconciliation et de la cohésion. La vie politique et la vie nationale ne se limitent pas aux élections législatives. Je regrette que le Fpi n’ait pu prendre part aux élections. Mon avis aurait été qu’il était bon pour eux d’être là. Mais ceci dit, d’ici quelques semaines, nous avons les élections locales et si les réformes vont dans ce sens, nous aurons beaucoup plus tard les sénatoriales. Et il n’y a pas de raisons que le Fpi, en ce moment-là, ne comprenne pas l’importance de prendre part aux différents scrutins, avec tous les autres, pour que nous puissions construire une Côte d’Ivoire de démocratie et de paix.

Monsieur le président, avec la fin de ces élections législatives, pointe le nez de la rentrée parlementaire, mais en même temps également, un éventuel remaniement du gouvernement. A ce sujet, il y a comme un petit jeu entre celui qui doit occuper le perchoir du Parlement et celui qui doit occuper la Primature. Quel est votre avis là-dessus ?
Je ne sais pas s’il y a un jeu et je n’en suis pas informé. Ce que je voudrais dire, c’est que l’Assemblée nationale doit fonctionner avec un président. Donc, lors de la session inaugurale, l’ordre du jour, ce sera l’élection du président de l’Assemblée et du bureau. Ensuite, la mise en place des différentes commissions. En ce moment là, à l’intérieur du Rhdp, nous verrons qui sera donc capable d’animer cette Assemblée, de diriger les travaux qui aboutiront à des réformes importantes. Réformes qui doivent soutenir la politique du Président Alassane Ouattara, et nous déciderons ensemble de mettre en place cette équipe-là qui va donc diriger l’Assemblée nationale. Quant à la question de la Primature, ça relève du Pr, qui s’est entretenu à plusieurs reprises avec son aîné du Rhdp sur cette question. Et je pense qu’ils trouveront la formule pour que nous continuions à toujours servir la Côte d’Ivoire, à relancer notre économie nationale, à travailler pour la sécurité et la paix et le rassemblement de tous les Ivoiriens. Donc, je ne pense pas qu’il y ait un jeu et je pense que c’est une affaire sérieuse. J’ai foi que les présidents Ouattara et Bédié nous donneront les moyens de continuer déjà ce que nous faisons si bien.

Monsieur le président, vous êtes également ministre du Plan et du développement. Quelques mois après la prise du pouvoir du président Ouattara et à l’orée de l’année nouvelle, qu’est-ce qui nous permet de dire que la Côte d’Ivoire est relancée ?
Les signes sont palpables, physiquement, nous voyons que les changements sont notables, notamment au niveau d’Abidjan. La question de la salubrité et celle de l’éclairage public, mais aussi au niveau de la structuration de l’Etat, le secteur privé se met à nouveau à souffler. La dette intérieure est en train d’être traitée, même si nous ne sommes pas encore à un niveau de satisfaction totale. La vie reprend, vous voyez. C’est vrai que nous sommes habitués aux embouteillages, mais l’embouteillage en cette fin d’année est exceptionnel au niveau du Plateau et d’Abidjan en général. Cela montre que les choses sont en train de reprendre. Au niveau du transport aérien, tous les vols en direction d’Abidjan sont pleins. Les investisseurs se succèdent, vous ne voyez que ceux qui vont rendre visite au président de la République et au Premier ministre. Mais ils sont nombreux ceux qui viennent, qui commencent à retrouver confiance en la Côte d’Ivoire. Notre taux de croissance est projeté pour être au-delà de 7 à 8%, l’année prochaine. Les partenaires sont tous en train de reprendre leur coopération avec nous. C’est une bonne chose pour la Côte d’Ivoire, qui relance son économie, qui fait reculer les frontières de la pauvreté, en créant des emplois. Le président de la République s’est engagé à créer 200.000 emplois. Les indications montrent que nous sommes sur la bonne voie, même si la sortie de crise post-électorale ne nous a pas permis déjà en 2011, de réaliser les objectifs. Au plan diplomatique, notre pays se repositionne. Je pense que les choses vont de mieux en mieux et nous sommes aujourd’hui en train de finaliser le Plan national de développement, (Pnd) qui sera donc adopté par le gouvernement dans le mois de janvier. Ce sera donc la référence pour l’action gouvernementale pour les quatre prochaines années. Je pense que c’est une évolution notable et je m’en réjouis.

Quels seront les grands axes prioritaires de ce Plan national de développement ?
Ce plan national prend en compte les priorités gouvernementales telles que définies par le chef de l’Etat et le Premier ministre. Il s’agit des questions de défense et de sécurité, prioritairement, tout sera mis en œuvre pour la réforme de l’armée, pour le renforcement de la sécurité des personnes et des biens, au plan national. Ensuite, nous travaillons à la cohésion. Là-dessus, le plan national va renforcer les actions déjà en cours, au-delà de la Commission dialogue-vérité et réconciliation. Et puis, il y a le vaste chantier de la reconstruction, engagé tant au niveau des infrastructures de base du secteur privé, que des secteurs importants de la justice. Donc, ce plan également permettra de mettre en œuvre les promesses du président de la République, visant à l’emploi.

En se donnant les moyens de créer l’emploi au niveau de l’Etat, au niveau du secteur privé, mais également par le développement de l’auto-emploi. Donc, le plan est une orientation globale, c’est sur le plan que va s’appuyer chaque année le budget de l’Etat, pour que tous au niveau des infrastructures économiques, que des infrastructures sociales de base, mais aussi de l’ensemble des secteurs, nous puissions avoir la boussole nécessaire, qui nous assurera au cours de la deuxième législature de tendre vers la Côte d’Ivoire, pays émergent

En attendant la rentrée parlementaire prévue en avril 2012, comment est-ce que l’Etat va fonctionner, si l’on n’a pas d’une part la loi de finances, et d’autre part, les preuves du budget ?
Vous savez, la loi de finances est votée chaque année par le Parlement, à défaut il est pris par ordonnance. Nous sommes en train d’examiner actuellement le budget, au niveau du gouvernement. Je pense que la Côte d’Ivoire disposera d’un budget pour 2012, dès la semaine prochaine. Ceci dit, une fois que tout sera terminé au niveau des élections législatives, notamment au niveau des recours pour le Conseil constitutionnel, les résultats définitifs seront publiés. Et à partir de ce moment, l’initiative revient au président de la République, de convoquer donc les députés, à l’occasion de la session inaugurale pour élire le président de la l’Assemblée nationale. Une fois que cela est fait, le gouvernement a donc la possibilité de déposer des textes, tout comme l’Assemblée en aura l’initiative. Donc je crois que le travail en cours au niveau du Conseil constitutionnel est le plus important, une fois ce sera terminé, le reste suivra.

Vous avez été également désigné vice-président du Comité d’organisation de la visite du chef de l’Etat à l’Ouest. Où en est-on ?
Vous savez très bien que la visite était initialement prévue pour se dérouler en octobre. Le président, après avoir entendu notre premier rapport, nous a instruit à régler un certain nombre de problèmes, notamment la réhabilitation des infrastructures sociales de base, mais la réhabilitation et l’équipement des bureaux et résidences du corps préfectoral. Il y a également la question de la sécurisation qui est en cours, et qui devrait donc être renforcée. Ce sont ces questions qui ont donc conduit au report de la première visite d’Etat du président de la République. Et le président Alassane Ouattara continue donc d’arrêter le principe de réserver sa première visite à la région de l’Ouest. Nous avons travaillé avec le Programme présidentiel d’urgence (Ppu) avec le corps préfectoral. Nous avons interagi avec l’ensemble des partenaires au développement, qui sont sur le terrain, qui ont quelques initiatives dans le sens de la normalisation de l’Ouest. Et je suis en train de proposer de rencontrer le Premier ministre, à l’effet de convoquer le Comité d’organisation, après les fêtes de fin d’année, pour que nous puissions faire le bilan de tout ce qui a été engagé. Et sur cette base-là, faire une projection de date au président de la République, qui viendra donc à l’Ouest avec déjà des premiers acquis, sur lesquels nous aurons travaillé. Il viendra ensuite pour indiquer à toutes les populations de l’Ouest qui ont souffert de la guerre, ce qui est prévu au niveau de l’Etat pour le développement de cette région. C’est un véritable plan de reconstruction et de développement qu’il faut mettre en place. Et au niveau du ministère, mais au niveau du gouvernement entier, sous la houlette du Premier ministre, nous allons y travailler.
Interview réalisée par Eddy Péhé et Liah Ignace

Coll : HT (stagiaire)