LAURENT GBAGBO À LA CPI: "NOUS AVONS BESOIN DE DÉMOCRATIE EN AFRIQUE"

Le 25 mars 2013 par Correspondance particulière - "NOUS AVONS BESOIN DE DÉMOCRATIE EN AFRIQUE"

Le président Laurent Gbagbo, face aux juges de la CPI, tint des propos qui
indiquent aux Africains la solution politique pour sortir des guerres, des crises que
traverse notre continent: «Nous avons besoin de démocratie en Afrique...». Bien
que déclaré vainqueur des élections présidentielles par la Cour Constitutionnelle de
son pays, ce président africain a été écroué à la CPI par Alassane Ouattara, vainqueur
de la guerre contre les forces armées nationales ivoiriennes, grâce à l'appui de l'armée
française et de l'ancien président français Sarkosy mis en examen, pour abus de
faiblesse, dans l'affaire Bettencourt. Pour comprendre l'utilité de la démocratie en
Afrique, plus précisément en Côte d'Ivoire, il nous faut appréhender, et analyser la
politique de Sarkosy, le président français qui a installé de force son ami Alassane
Ouattara à la tête de la Côte d'Ivoire. Sa vision politique est en fait assez simple: tout
doit concourir au bien-être matériel, cependant le pouvoir politique, celui des
institutions doit être aux mains de l'élite qui conçoit et prévoit l'avenir, car le peuple
ne sait rien des priorités du moment. Convaincu du caractère pragmatique de sa
vision politique, Sarkosy a toujours oeuvré afin de soumettre à l'élite politique aussi
bien la police, l'armée, que les magistrats. Le lexique de la langue française, la
francophonie se doivent aussi d'accompagner son idéologie politique; il appelle à
juste titre putschistes les soldats africains qui défendent les institutions de leur pays,
et non les intérêts de l'élite politique de la droite française soumise aux
multinationales. Le mensonge, la manipulation de l'histoire deviennent dès cet instant
légitimes, quand ils permettent de justifier et de consolider ce nouvel ordre mondial
dont il tient à être le pionnier. Ayant tissé avec le procureur Ocampo des rapports
assez étroits durant la crise ivoirienne, la procureure Bensouda qui a succédé à ce
dernier semble être acquise, elle-aussi, au courant politique de l'ancien président
français, puisque cette dernière affirme, par exemple, continuer de poursuivre
Kenyatta, le président démocratiquement élu du Kenya. Une telle attitude confirme
les doutes émises par certains pays, quant au rôle de la CPI qui pourrait devenir,
quelques fois, un obstacle à l'unité nationale. Comment en effet poursuivre un
président élu de manière démocratique par le peuple prêt à tourner la triste page de
son histoire? La violation des droits de l'homme sous Alassane Ouattara qui semble
ne pas retenir l'attention de la procureure Bensouda nous porte à penser que la justice
internationale serait au service de l'élite politique, et du monde de la Finance comme
le désirent Sarkosy et ses partisans. On se servirait de cette justice pour installer des
leaders politiques que l'on désire à la tête des nations africaines, puisque Alassane
Ouattara et ses partisans ne sont inquiétés ni par la CPI, ni par l'ONU. La vision
politique de Sarkosy et de ses partisans qui foulent au pied les valeurs morales,
discréditent le travail abattu par le juge Gentil, par la justice française, pour assouvir
leurs ambitions politiques et matérielles est une menace pour la société française. Le
président Hollande, face à cette dérive de sa société, a justement mis son mandat sous
la bannière de la moralisation de la vie politique, de la justice, de l'éducation. Le
président Laurent Gbagbo, en homme politique averti, farouche adversaire de la
Françafrique, a de son côté, très vite compris que les Africains ne peuvent sortir de
cette impasse politique suscitée par la droite française qu'en s'accrochant au pouvoir
que lui confère les institutions de son pays, afin de jeter les bases d'une nation
ivoirienne démocratique. Quelle importance revêtent en fait les institutions dans la
construction d'une démocratie? Saint-Just (1767-1794) affirme que les institutions
sont la garantie du gouvernement d'un peuple libre contre la corruption des
moeurs, et la garantie du peuple et du citoyen contre la corruption du
gouvernement. Elles permettent aux citoyens de résister à l'injustice, elles forcent
les magistrats et la jeunesse à la vertu. Elles étouffent les passions criminelles,
donnent le courage et la frugalité aux hommes. Elles garantissent la liberté
publique, font régner la justice. Elles mettent l'union dans les familles, l'amitié
parmi les citoyens. Elles mettent l'intérêt public à la place de tous les autres
intérêts, elles permettent de former, en un mot, une PATRIE. Les institutions sous
Alassane Ouattara à savoir le Parlement, la Cour constitutionnelle, la Cour suprême,
le gouvernement etc... doivent être jugés à partir de ces critères. Le fait de vouloir
faire des ponctions sur le salaire des fonctionnaires grévistes (des instituteurs), de
garder des hommes en prison pendant vingt mois sans jugement sont parmi tant
d'autres exemples, des faits qui démontrent que les institutions sous Alassane
Ouattara empêchent les Ivoiriens de résister à l'injustice, elles n'étouffent pas les
passions criminelles, elles l'encouragent plutôt puisque la politique du gouvernement
est fondée sur le rattrapage ethnique qui ne permet pas l'union dans les familles, et
l'amitié parmi les citoyens. L'intérêt public n'est pas mis à la place des autres intérêts
puisqu'on nie, par exemple, le droit de vote des partisans du président Laurent
Gbagbo, en refusant de recompter les voies des élections présidentielles, en les
excluant des municipales. Ce combat du président Laurent Gbagbo doit être le nôtre
et celui de l'Église, qui ne peut être neutre puisque nous nous devons tous d'opérer un
choix entre la voie large de la corruption et celle étroite de la justice, du service. Ce
combat a besoin de la société civile et de toutes les institutions de notre pays.
Soutenir des hommes qui ont choisi de défendre la justice, la vérité, n'est pas en
contradiction avec le message évangélique transmis par l'Église, Gardienne des
vertus. Nous pouvons, dans un tel contexte, parler non de la théologie de la libération
mais de celle de la sanctification, puisque la vérité sanctifie l'homme en illuminant
son esprit, en forgeant la résistance de tout citoyen à la corruption, à l'injustice.
Chacun de nous se doit, en effet, d'adhérer à la vérité, dans le but de bâtir un pays
plus juste. Se demander, par exemple, qui a gagné les élections présidentielles
ivoiriennes est un préalable si nous voulons construire une nation démocratique, et
concéder à nos institutions leur indépendance. Toutes les institutions se doivent de
comprendre que la démocratie est l'unique solution politique, comme l'affirme le
président Laurent Gbagbo, pour résoudre la crise ivoirienne, et les crises politiques
africaines. «Sans les institutions» affirme Saint-Just, «la force d'une république
repose ou sur le mérite des fragiles mortels, ou sur des moyens précaires. C'est
pourquoi, de tout temps, la politique des voisins d'un peuple libre, s'ils étaient
jaloux de sa prospérité, s'est efforcée de corrompre ou de faire proscrire les
hommes dont les talents ou les vertus pouvaient être utiles à leur pays». A travers
les propos de ce philosophe politique du XVIII e siècle, nous comprenons tout l'enjeu
de la crise ivoirienne. Jaloux de la prospérité de la Côte d'Ivoire, l'on s'évertue à
corrompre, à proscrire ses dignes fils dont les talents sont utiles au développement
d'une véritable démocratie. Laurent Gbagbo à la Haye, des intellectuels ivoiriens
assassinés ou en prison est, du point de vue des sciences politiques et de Saint Just, le
dénouement logique d'un complot international. Malgré le dossier vide du ministère
public ivoirien et de Sarkosy, la CPI s'obstine à garder dans ses geôles un innocent et
à fermer les yeux sur les violations flagrantes des droits de l'homme en Côte d'Ivoire.
Les institutions ont pour vocation d'imposer à l'autoritarisme des dirigeants, au
tribalisme des limites, elles sont si précieuses pour toute démocratie qu'elles ont
besoin d'être protégées par une armée républicaine comme au Mali.

Une contribution par Isaac Pierre BANGORET (Écrivain)