A la Une : la guerre financière en Côte d’Ivoire

Le 25 janvier 2011 | RFI - La presse abidjanaise s’interroge ce lundi matin sur les conséquences de l’éviction samedi du gouverneur de la

BCEAO, la Banque Centrale des Etats d’Afrique de l’Ouest, Philippe-Henry Dacoury-Tabley, favorable à Laurent Gbagbo. Désormais, Alassane Ouattara et ceux qu’il a désignés sont les seuls habilités à avoir accès aux comptes ivoiriens de la banque centrale ouest-africaine.
Alors quelles vont être les conséquences de cette nouvelle donne dans la partie de bras-de-fer entre les deux présidents ?

Siège de la Bceao à Abidjan.

Le 25 janvier 2011 | RFI - La presse abidjanaise s’interroge ce lundi matin sur les conséquences de l’éviction samedi du gouverneur de la

BCEAO, la Banque Centrale des Etats d’Afrique de l’Ouest, Philippe-Henry Dacoury-Tabley, favorable à Laurent Gbagbo. Désormais, Alassane Ouattara et ceux qu’il a désignés sont les seuls habilités à avoir accès aux comptes ivoiriens de la banque centrale ouest-africaine.
Alors quelles vont être les conséquences de cette nouvelle donne dans la partie de bras-de-fer entre les deux présidents ?

Pour la presse favorable à Ouattara, les choses sont claires. « Malgré les discours enflammés (…), Laurent Gbagbo et ses alliés glissent inexorablement vers l’asphyxie financière », estime Le Nouveau Réveil. Le Nouveau Réveil qui affirme en outre que le clan Gbagbo serait en train de préparer, « dans les plus brefs délais, le braquage des agences BCEAO en Côte d'Ivoire. »
Pour le quotidien Le Temps, à présent, journal pro-Gbagbo, « il ne faut pas céder à la panique. Toutes les dispositions sont prises par le gouvernement du Premier ministre Aké N’Gbo, pour assurer le fonctionnement régulier du système bancaire ivoirien. » Le Temps qui précise que « toutefois, sur le long terme, il va se poser un problème au niveau des devises, 50% des avoirs extérieurs de la Côte d’Ivoire étant séquestrés au Trésor français. » Et pour le quotidien pro-Gbagbo, « il va falloir songer à battre monnaie, certainement avec la création d’une banque centrale qui va commander les planches à billets. », En clair, sortir du système du Franc CFA.

Gbagbo a encore les leviers…

Soir Infos, quotidien indépendant, tente d’y voir un peu plus clair. Pour lui, il s’agit bien d’une « victoire d’Alassane Ouattara sur son adversaire Laurent Gbagbo, car les comptes du Trésor ivoirien domiciliés à la BCEAO ne sont pas vides. Selon des sources informées et concordantes, des centaines de milliards de Francs CFA y seraient enregistrés. (…) Et on s’attend à ce que, sur le terrain, poursuit Soir Infos, le perdant de l’UEMOA, qui n’a plus accès aux sous du Trésor public à la BCEAO, ne respecte pas les engagements de l’État de Côte d’Ivoire vis-à-vis de ses partenaires, notamment payer les salaires des fonctionnaires et autres agents de l’État. Au finish, Gbagbo devrait être affaibli et cueilli comme un fruit mûr. »

Seulement voilà, « il y a un hic, relève Soir Infos : l’opérationnalité du pouvoir des signatures BCEAO sur le terrain ivoirien. En effet, précise le journal, même si officiellement Alassane Ouattara a la puissance des signatures, dans la pratique, les leviers de l’économie nationale sont entre les mains de Laurent Gbagbo. Pour le moment, les régies financières de l’État de Côte d’Ivoire (douanes, impôts et trésor) sont à ses ordres. Les ports autonomes d’Abidjan et de San Pedro sont également gérés par lui. Cela signifie, conclut Soir Infos, que Laurent Gbagbo, aussi perdant qu’il soit, reste le mobilisateur des ressources financières de l’État de Côte d’Ivoire. »

La défiance de la rue !

En Tunisie, la pression s’accentue sur le gouvernement de transition…
« Criant leur détermination, constate le blog Tunisia Watch, des milliers de Tunisiens, dont des jeunes venus du centre frondeur et déshérité du pays, ont entamé hier dimanche à Tunis le siège du palais de la Kasbah, qui abrite le Premier ministre. Le peuple vient faire tomber le gouvernement, proclame une banderole accrochée aux grilles du bâtiment, témoignant de la défiance de la rue à l’égard des autorités de transition, dominées par des caciques de l’ancien régime. »

Et dans son éditorial ce matin, le journal Le Quotidien, s’interroge : « pourquoi un changement des ministres, faisant l’objet de sérieuses réserves populaires, n’a pas été opéré jusqu’à maintenant ? A quoi rime cette obstination à vouloir maintenir les mêmes profils, alors que les solutions de rechange existent ? (…) Il est clair que la transition vers un régime réellement démocratique ne se fera pas sans accroc, estime Le Quotidien. L’accouchement s’annonce difficile et au regard des enjeux, l’élite doit faire preuve de bon sens et de sagesse pour sortir le pays de l’ornière. »

Washington avait prédit l’explosion sociale ?

Et puis en Algérie, la presse indépendante est en ébullition après les dernières révélations du site WikiLeaks. De nouveaux télégrammes diplomatiques américains ont été publiés samedi. Des télégrammes qui concernent la présidentielle algérienne de 2009. Les diplomates américains en poste en Algérie s’alarment de l’usage de la « fraude » lors de ce scrutin et affirment que « le statu quo politique en Algérie accentue la désillusion des jeunes » et que « la stabilité du pays reste incertaine. »

« Washington avait prédit l’explosion sociale », s’exclame Liberté. « Simple hasard du calendrier ? La publication du dernier câble de WikiLeaks relatif à l’Algérie colle curieusement avec l’actualité chaude du pays et de la région », relève le journal. Et pour Liberté, il est clair que « les Américains qui, pourtant, écartent officiellement la thèse de la contagion de la Révolution de Jasmin, envoient des signaux clairs à Alger : les relations privilégiées ne peuvent constituer un chèque en blanc aux dirigeants algériens. À eux de trouver le moyen de renouer le dialogue avec leur peuple au risque de subir le même sort que le régime de Ben Ali. »

Par Frédéric Couteau