"La secrétaire" de Mamadou Koulibaly lui écrit: "D’où vient-il alors que vous décidiez de vivre aujourd’hui dans cette pourriture institutionnelle et juridique?"

Le 30 avril 2011 par IVOIREBUSINESS - " Une société qui ruse avec ses propres principes est une société qui se condamne à mort. " Aimé Césaire

" Une paix conquise ou imposée par les uns, dans le mépris des autres, divise la nation contre elle-même. " Laurent Gbagbo

Mamadou Koulibaly président de l'assemblée nationale. De Tci.

Le 30 avril 2011 par IVOIREBUSINESS - " Une société qui ruse avec ses propres principes est une société qui se condamne à mort. " Aimé Césaire

" Une paix conquise ou imposée par les uns, dans le mépris des autres, divise la nation contre elle-même. " Laurent Gbagbo

Je n’ai jamais connu pareille journée que celle du jeudi 28 Avril 2011.
Il me fallait répondre à des coups de fil par-ci des emails par-là pour expliquer, rassurer ou justifier sur deux points majeurs :
L’audience de Mamadou Koulibaly au Golf avec le PICI (Président Installé par la Communauté Internationale) Alassane Dramane Ouattara.
- Sa lettre du Mercredi 27 Avril 2011.
Rassurez vous, je ne le connais ni d’Adam ni d’Eve. Je suis juste une dame folle de ce Monsieur, ce qui m’a value le sobriquet de "secrétaire de Mamadou Koulibaly" par mon entourage, tellement j’avais les mots à chaque fois pour expliquer tout ce qui venait de lui.
Je le considère comme mon mentor. Il est mon deuxième modèle politique en Cote d’ivoire après Laurent Gbagbo pour son courage et son franc parler.
Mais, aujourd’hui, je vous assure que j’y ai perdu de mon latin. Je cherche aussi à comprendre. Alors pour vous, je vais lui écrire.

Président, tout le monde entier a encore l’image de vous, claquant la porte de Linas Marcoussis pour dénoncer un coup d’Etat.
Les ivoiriens se souviennent encore de vous, toujours constant dans vos propos pour dénoncer la France, Ouattara et les rebelles.
Nous avons tous lu vos livres.
Il n’y a pas longtemps, vous demandiez une enquête sur les cadres de votre parti dans une opération mains propres.
Belle leçon de propreté. Car vous le disiez : « il ne faut pas considérer que Mamadou Koulibaly, c’est Monsieur propre. Mais (celui) qui aspire à la propreté ». (1)
C’est cette propreté intellectuelle qui fait de vous un homme respecté tant en Côte d’Ivoire qu’au-delà. Vous avez dit : « ce n’est pas parce que je suis pourri que je dois me contenter de vivre dans la pourriture ». (1) D’où vient-il alors que vous décidiez de vivre aujourd’hui dans cette pourriture institutionnelle et juridique? Nul n’ignore que ce qui vient de se passer en Côte d’ivoire est la fin du coup d’Etat le plus long de toute l’humanité mener par la France avec pour pion Alassane Dramane Ouattara.

Vous l’avez dit Président : « le monde ce n’est pas que la France, le monde ce n’est pas que l’Europe. Le monde c’est aussi l’Afrique ». (2) Aujourd’hui cette Afrique est bafouée. La France, l’Europe, l’Amérique refusent de respecter les institutions qu’Elle s’est librement donnée. L’Occident lui dénie son droit à la liberté, de choisir, de penser, d’agir. Et encore vous l’avez dénoncé en disant « nous voulons redevenir libre. Nous voulons avoir notre liberté de choix. Nous voulons être libre dans la mondialisation, comme nous ne l’avons jamais été sur le marché des esclaves ». (2) 50 après, la France est toujours là. Sarkozy est là. Il veut nous protéger des armes lourdes comme si nous lui avions dit que nous étions en danger. Il veut nous imposer sa démocratie des canons. Il veut être notre parrain, notre gourou, notre guide.
Vous l’avez rappelé à l’ordre en lui disant : « nous voulons que Sarkozy nous laisse faire, nous laisse passer.
Nous voulons que la France nous laisse faire, nous laisse passer.
Nous voulons que l’Europe nous laisse faire, nous laisse passer.
Nous voulons que le monde nous accueille comme nous sommes et non comme la France veut que nous voyions où comme l’Europe voudrait que nous soyons.
Nous voulons être libres de choisir nous même notre propre destin». (2)
Qu’est ce qui a pu bien changer entre temps pour que vous décidiez d’enfermer la vérité dans le puits de l’hypocrisie ?
Je veux comprendre parce que je sais qu’il y a une raison que j’ignore pour le moment. Aidez-moi à répondre à ceux qui me sollicitent.
L’Afrique verra ses 50 années à venir lui être volées par ces puissances néocolonialistes et leurs suppôts si vous nos élites décider d’enfermer la vérité dans le puits de l’hypocrisie car le silence des hommes de bien favorise à terme le triomphe du mal.

« Je veux la démocratie, je veux le droit. Je veux la justice ».(2) Vous dénonciez ainsi, Président, nos élites africaines parce qu’incapables de construire des Etats stables et modernes.
Mais Président, vous savez qu’il n’y a pas d’Etat, de République stable, et moderne sans loi, sans procédures.
Sinon à quoi servent nos Professeurs de droit dans nos amphithéâtres. Que vont-ils y enseigner ? Qu’une haute juridiction comme le Conseil Constitutionnel (la Cour Suprême aux USA) peut se dédire après avoir conféré à un résultat l’autorité de la chose jugée ?
Je veux comprendre.
Pour beaucoup, vous craignez pour votre vie. Je n’ose le croire parce que se serait une insulte à tous ces nombreux morts pour défendre cette légalité constitutionnelle que vous avez vous-même incarné sinon vous l’auriez dénoncé.
Le leader, c’est celui qui assume sa conviction même au prix de sa vie. Alors votre vie vaut-elle plus que tous ces ivoiriens, ces africains qui ont donné de leur vie depuis une décennie pour défendre la dignité de la Côte d’Ivoire voire de l’Afrique.
Je suppose que vous voulez négocier comme vous l’a appris de tout temps votre " mentor" le Président élu Laurent Gbagbo « asseyons nous et discutons » et c’est normal. Car ne nous leurrons pas, tout l’appareil étatique est aujourd’hui entre les mains du PICI (Président Installé par la Communauté Internationale) et les FRCI (Forces Rebelles qui Combattent les Ivoiriens). Et comme l’a dit Mao : « la négociation est quelque fois une phase nécessaire à la victoire ». Mais qu’elle ne se fasse pas à n’importe quel prix surtout celui de votre ambition personnel ou dans le déshonneur de nos disparus.

« Nous devons arrêter de tourner nos vues vers le passé et regarder l’avenir avec sérénité ». (2) comme vous le dites. Soit.
Mais que vaut l’avenir quand vos camarades de lutte sont égorgés, bastonnés, humiliés, emprisonnés, pourchassés. (Les photos parlent d’elles même). Votre leader même si les gens lui, prêtent tout le vocabulaire satanique aujourd’hui, n’avait jamais traqué les tenants du pouvoir et leurs chiens de champs bien au contraire ils ont de tout temps été choyé sur tous les plans.
Vous me direz que pour obtenir leur liberté, l’arrêt de toutes ces humiliations ou de leur traque, il faut s’asseoir et discuter. Soit.
Mais, Président n’oubliez pas que vous avez dit : « les libertés et les droits de l’homme ne se négocient pas ». Alors avant toute négociation de quelque nature que ce soit, exigez leur liberté et le respect de leur droit.
Nul n’est dupe et vous également. La France veut se servir de vous pour donner une légitimité à leur marionnette.
Président, vous êtes pour moi une icône à laquelle j’aurais voulu ne pas toucher de peur que la dorure ne me reste sur les doigts, mais souffrez que je vous dise aux grandes personnalités, grandes responsabilités, aux grandes responsabilités grandes décisions.
Je finirais mes propos par ceux de votre "maître" le Professeur Harris Memel-Fotê : « Dans notre environnement africain, le changement ne peut venir ni de la richesse ni de la force (armée), mais plutôt de l’intelligence, du respect de l’observance de nos lois.
Le problème Ouattara est un héritage du PDCI, c’est un péché originel. On ne liquide pas un héritage rapidement !
Mais notre point fort est que nous connaissons mieux le peuple, c’est la mère.
Notre logique est plus forte que celle de nos adversaires.
Nous devons continuer dans notre voie, même si devons y laisser notre peau. Il s’agit de planter si possible et laisser d’autres récolter». (3)

Je vous remercie Monsieur le Président.

Votre " secrétaire" Kouassi Aya Madeleine
(1) Frat-Mat du 30-06-2010
(2) Le Temps Hebdo N° 94 du 16 au 22 -06-2010
(3) L’enfant de Dedeku Sar Alex I-lemon