LA DROITE FRANCAISE ET SES ALLIES MANDINGUES
La position politique de Houphouët Boigny, homme d'Etat et philosophe politique africain vis à vis des fils du mandingue et de leurs alliés du Nord est à l'origine de la crise ivoirienne. Il refusa de faire de la Cote d'Ivoire la
La position politique de Houphouët Boigny, homme d'Etat et philosophe politique africain vis à vis des fils du mandingue et de leurs alliés du Nord est à l'origine de la crise ivoirienne. Il refusa de faire de la Cote d'Ivoire la
vache à lait des colonies de l'A.O.F. Il fut, dès cet instant, accusé d'avoir balkanisé l'Afrique et les Ivoiriens taxés de xénophobes. Qu'est ce qui poussa en réalité Houphouët à adopter une telle attitude politique? Les leaders politiques africains tels Modibo Keita, Senghor voulaient obtenir l'indépendance au sein d'une fédération africaine qui aurait fait pression sur la France afin d'obtenir la souveraineté de leurs pays respectifs. Houphouët, conscient du piège politique que leur tendait De Gaulle avait proposé la Loi cadre de 1956 dans le but d'obtenir l'autonomie de chaque colonie. La Cote d'Ivoire était un des pays dont les recettes permettaient aux français de réaliser les grands travaux dans les colonies les plus pauvres tels le Mali, le Burkina Faso etc... Houphouët était face à deux orientations politiques qui auraient ignoré les intérêts des Ivoiriens. La fédération proposée par Modibo Kéita aurait accordé une large place aux fils du Mandingue qui auraient été les plus nombreux au sein du Parlement. Partis du Mandé, le sud du Mali, les fils du Mandingue se retrouvent pratiquement dans toutes les colonies de l'Afrique Occidentale française (Burkina Faso, Mali, Guinée, Sénégal, Gambie, Cote d'Ivoire...). On aurait eu au sein du Parlement de la Fédération du Mali voulue par Modibo Keita peu de députés ivoiriens, capables de revendiquer les droits de leurs citoyens. La Fédération proposée par Senghor aurait quant à elle été un sous-ensemble de la République Fédérale française qui aurait regroupé toutes les colonies française autour de la France. Les colonies auraient été des départements français avec des citoyens français de catégorie A et les africains de catégorie B qui n'auraient pas bénéficié des mêmes droits que les français pour ne pas influencer la politique intérieure française. Dans les deux cas de figure les intérêts des Ivoiriens auraient été ignorés parce qu'ils étaient minoritaires au sein d'une fédération avec un pouvoir central. Face à ce dilemme, le génie politique Houphouët Boigny préféra une confédération (une Union entre les états africains qui sauvegardait leur souveraineté respective).
C'est dans un tel contexte que Houphouët eut à dire qu'il refusait de voir la Cote d'Ivoire être la vache à lait de ces fédérations. De Gaulle ne concéda aucune autonomie réelle aux colonies avec la Loi cadre de 1956, et soutint paradoxalement la construction de la fédération du Mali de Modibo Kéita et de Senghor. Le but de la France était de voir Senghor et non Modibo Kéita à la tête de la Fédération du Mali afin que la Fédération du Mali ne soit qu'une étape vers la construction de la République fédérale française. Face au refus des fils du Mandingue de voir Senghor un représentant de la France à la tête de la Fédération du Mali, De Gaulle refusa d'intervenir pour rétablir l'autorité à la tête de la Fédération africaine. La Droite française se servit pour la première fois de la cohésion, de l'unité, du nombre des fils du Mandingue pour atteindre leurs objectifs. Avec Alassane Ouattara, un fils du mandingue, à la tête d'un gouvernement du Nord en Cote d'Ivoire on assiste à une vengeance des fils du Mandingue, du Nord, sur les ivoiriens. Ils ont réussi là où les premiers leaders politiques ont échoué. On assiste à ce que craignait Houphouët: tous les secteurs stratégiques de la Nation ivoirienne sont confiés aux fils du Nord, les minorités ethniques ivoiriennes sont exclues de la vie politique, soutenus par la droite française décidée à mettre sur pied la République Fédérale française. Après avoir de nouveau utilisé la cohésion des fils du Mandingue dans le but d'installer un de leur fils, Sarkozy et les multinationales les affaiblissent en permettant que leurs armes envoyées en Lybie pour renverser Kadhafi se retrouvent précisément au Nord du Mali pour briser l'élan de leurs alliés du mandingue qui pensent, en réalité, soudanais, mandingue, et non français. Laurent Gbagbo qui, comme Houphouët, tenait à bâtir une nation ivoirienne est devenu lui aussi la risée de bon nombre de fils du mandingue (du Nord) qui pensent mandingue et non nation.
Que les fils du mandingue sachent que leur cohésion est leur force mais aussi leur faiblesse. Ils seront utilisés par leurs alliés de la droite française pour atteindre leurs objectifs, mais ils ne leur permettront jamais d'atteindre de construire un grand ensemble susceptible de tenir tête à la métropole. Houphouët eu raison de Modibo Keita et de Senghor, Laurent Gbagbo a raison des fils du Mandingue qui se retrouvent au Nord du Mali face à une crise qui affaiblira profondément le Mandingue.
Isaac Pierre BANGORET
(Ecrivain)