L’arrestation du Sg du Fpi livre ses secrets: Ouattara fait d’Akoun son bouclier contre Soro

Le 10 mars 2012 par Notre voie - De la Côte d’Ivoire comme de l’étranger, les questions continuent de fuser : « Pourquoi Alassane Dramane Ouattara a-t-il fait arrêter Laurent Akoun ? ». Car, 48h après l’interpellation suivie de

Laurent Akoun.

Le 10 mars 2012 par Notre voie - De la Côte d’Ivoire comme de l’étranger, les questions continuent de fuser : « Pourquoi Alassane Dramane Ouattara a-t-il fait arrêter Laurent Akoun ? ». Car, 48h après l’interpellation suivie de

libération du Secrétaire général du Front populaire ivoirien (Fpi, parti fondé par le Président Gbagbo), personne n’arrive encore à s’expliquer ce que le nouveau chef de l’Etat a fait subir au collaborateur de Sylvain Miaka Ouretto, ce jeudi 8 mars 2012, de 14h40min à 22h30min. Dans des circonstances floues et outrageantes, Laurent Akoun a passé toute l’après-midi et une bonne partie de la soirée du jeudi à la Direction de la Surveillance du Territoire (Dst). Alors qu’il rentrait d’un séjour au Ghana où il était allé saluer les cadres exilés de son parti, M. Akoun a été interpellé à l’aéroport international Félix Houphouët-Boigny de Port-Bouët et conduit dans les locaux de la Dst à Cocody. La scène de son arrestation a été vécue par ses proches collaborateurs, MM. Tchéidé Jean Gervais, Secrétaire national aux Finances, et Tapé Kipré, Secrétaire national chargé des Elections, partis l’accueillir à l’aéroport. De la Dst, Akoun a été libéré « parce que, selon les sources policières, aucune charge n’a été retenue contre lui ». Mais ses téléphones cellulaires et son ordinateur portable ont été confisqués par la Dst. Avant de lui être restitués, hier, vendredi.
Selon des sources proches de l’aéroport, le régime Ouattara semblait reprocher au Secrétaire général du Fpi d’avoir séjourné « trop longtemps à Accra », c’est-à-dire du 2 au 8 mars 2012. Laurent Akoun était soupçonné d’avoir effectué le voyage d’Accra « pour chercher de l’argent », ce qui signifiait, pour Ouattara et ses proches, que le Fpi de Laurent Gbagbo rechercherait des fonds pour acheter des armes afin de les déstabiliser. Des soupçons en totale contradiction avec les vrais les motifs du voyage de Laurent Akoun à Accra, puisque selon M. Jean-Gervais Tchéidé, le Secrétaire général du Fpi a fait le déplacement au pays de John Attah Mills « le plus officiellement du monde pour échanger avec les cadres et militants exilés au Ghana pour leur rendre compte des activités menées par le parti sur le terrain et recueillir leurs avis et suggestions sur la vie du Fpi en Côte d’Ivoire ». Du coup, les craintes de coup d’Etat ne pouvaient justifier cette arrestation.
Laurent Akoun est un vieux cadre de ce pays, syndicaliste bien connu. Au moment où il enclenchait la lutte pacifique, sous la féroce répression de feu Houphouët-Boigny, pour la démocratie en Côte d’Ivoire, les plus hauts dignitaires du régime actuel rasaient les murs ou trichaient avec des nationalités étrangères pour bâtir leurs égoïstes personnes. Ils sont donc mal placés pour soupçonner Akoun d’être un comploteur. Et pourtant, Laurent Akoun a été arrêté. Pour des raisons bien simples.
N’oublions pas, au moment de cette arrestation, Guillaume Soro Kigbafori achevait de rendre sa démission en tant que Premier ministre d’Alassane Dramane Ouattara. En principe, cette démission, selon des sources dignes de foi, devrait être suivie de la nomination du nouveau Premier ministre issu du Pdci-Rda, le principal allié du Rdr de Ouattara au sein du Rhdp, la coalition politique autour de la rébellion armée de 2002. Toute la presse nationale et internationale a même avancé le nom de Jeannot Ahoussou Kouadio, actuel ministre d’Etat, ministre de la Justice, l’homme qui a eu le culot d’ériger l’appartenance familiale en délit pénale en Côte d’Ivoire pour incarcérer Michel Gbagbo « parce qu’il est le fils de Laurent Gbagbo ». Bref, ce nouveau Premier ministre déjà trouvé devrait être nommé après la démission de Soro. Et pourtant, Soro a démissionné mais point de remplaçant. Curieux, non ?
Selon nos sources, sous les discours faussement rassurants, Alassane Dramane Ouattara était rongé par une crainte de soulèvement des ex-rebelles toujours contrôlés en majorité par Soro. Le chef de l’Etat et son entourage étaient convaincus d’une probable colère des ex-rebelles qui voient leur chef quitter la Primature sans qu’aucune des promesses faites à leur endroit, en cas de victoire militaire sur Laurent Gbagbo, ne soit tenue. C’est pourquoi, à l’approche du remaniement ministériel, Alassane Dramane Ouattara a d’abord renforcé sa sécurité personnelle (révélation de La Lettre du Continent) alors qu’il crie partout que le pays a retrouvé la paix. Ensuite, sur conseil de ses «sécurocrates», Ouattara a éloigné l’ancien Com’Zone (chef rebelle) Chérif Ousmane, commandant en second de la Garde présidentielle, en le réexpédiant dans sa zone à Bouaké pour «traquer les coupeurs de routes», ses anciens éléments abandonnés à eux-mêmes et qui nuisent pour se nourrir. Troisième acte, Ouattara a trouvé, pour les autres anciens Com’Zones, un regroupement à l’effet de «formation professionnelle» au 43ème Bima. Ce «séminaire de formation» a été administré par les militaires français et à l’intérieur du camp militaire français de Port-Bouët.
C’est dans cet environnement hyper-aseptisé contre les ex-chefs rebelles mais non totalement rassurant pour Ouattara, que Soro a rendu sa démission. Laurent Akoun rentrant d’Accra est venu, selon nos sources, «perturber un environnement sous haute surveillance». Ordre aurait été donné de le garder, le temps pour Ouattara et son petit monde de «rattrapés» tribaux et ethniques de s’assurer que leur dispositif sécuritaire ne pouvait prendre un coup.
A 22h30 min, le jeudi 8 mars, Akoun a été libéré par la Dst. Il n’aura été qu’un bouclier humain. Voilà à quoi peut ressembler un Etat gouverné par des anciens opposants qui ont passé le clair de leur temps à perpétrer des coups d’Etat. Car, parvenus au pouvoir, terrorisés par leur propre passé de financiers de rébellion armée, ils soupçonnent tout le monde de vouloir suivre leur exemple.

César Etou in Notre Voie

cesaretou2002@yahoo.fr

METTRE LES EXILES POLITIQUES SUR ECOUTE

Le 10 mars 2012 par Notre voie - C’est une vieille pratique de la Dst, selon les
confidences d’une source policière qui a requis l’anonymat. « On a pris son ordinateur et ses téléphones portables pour enregistrer les messages et les contacts de tous les exilés politiques Fpi et Lmp vivant au Ghana et ailleurs. L’objectif, c’est de les mettre sous écoute ». Ces propos de notre source démontrent bien l’état de frilosité qui a gagné le régime Ouattara installé, dans des conditions catastrophiques, le 11 avril dernier, par l’armée française. « Le Pouvoir pense qu’un coup d’Etat se prépare à partir du Ghana ou du Libéria alors il nous met la pression pour fouiller partout », poursuit notre source. Avant d’ajouter que la Dst travaille avec les services de la présidence ivoirienne qui sont aidés par la Dgse française (le contre-espionnage français) concernant la mise sous écoute des opposants au pouvoir Ouattara. Où sommes-nous ? Sous la dictature de Sékou Touré ou celle de l’autre…d’à-côté ?

Didier Depry