L’ère Ouattara, ou la perte de la souveraineté de la Côte d’Ivoire : «c’est la France qui a payé les salaires des fonctionnaires ivoiriens» (François Fillon)
Le 20 juillet 2011 par IVOIREBUSINESS - Le 14 juillet dernier, au cours d’une conférence de presse conjointe d’Alassane Ouattara et de François Fillon, Premier Ministre de la
république Française, les ivoiriens médusés voyaient ressurgir un cauchemar duquel ils se croyaient sortis. Ils ont assisté avec stupeur à la perte du dernier brin de dignité qui restait à la Côte d’Ivoire en apprenant que «c’est la France qui a payé les salaires des fonctionnaires ivoiriens». Dixit François Fillon, Premier ministre de la France.
Le 20 juillet 2011 par IVOIREBUSINESS - Le 14 juillet dernier, au cours d’une conférence de presse conjointe d’Alassane Ouattara et de François Fillon, Premier Ministre de la
république Française, les ivoiriens médusés voyaient ressurgir un cauchemar duquel ils se croyaient sortis. Ils ont assisté avec stupeur à la perte du dernier brin de dignité qui restait à la Côte d’Ivoire en apprenant que «c’est la France qui a payé les salaires des fonctionnaires ivoiriens». Dixit François Fillon, Premier ministre de la France.
François Fillon, le VRP (Voyageur Représentant Placier) de Sarkozy est aussi et surtout venu finaliser les dernières modalités du partage du ‘’gâteau ivoire’’. Fait remarquable, il était à la tête d’une forte délégation d’hommes d’affaires français. Selon des observateurs occidentaux, l’heure du business a sonné en Eburnie.
Donnant les raisons ‘’officielles’’ de sa visite en Côte d’Ivoire, il a affirmé: « Ce que nous voulons nous, c’est aider la Côte d’Ivoire à assumer la plénitude de sa souveraineté ». En d’autres termes, la Côte d’Ivoire n’est pas à même, de garantir son autonomie et aurait encore besoin des services de l’ex-colonisateur. Il s’agit là, en fait, une autonomie, sous tutelle, maquillée par des prétextes fallacieux de ‘’coopération bilatérale’’ et autres ‘’relations fraternelles’’. Car comme l’a reconnu quelqu’un, les relations entre les Etats ne sont mues que par des intérêts, rien que des intérêts. Aussi, comment interpréterons-nous les prétentions soudaines de la France, surtout après la chute du régime du Président Gbagbo, à vouloir ‘’marquer’’ la Côte d’Ivoire comme un territoire reconquis en verrouillant des domaines aussi importants que la défense, la sécurité, la coopération économique, financière et diplomatique? Au point que les Etats-Unis s’en offusquent ?
Des questions pourtant légitimes que François Fillon a qualifié avec arrogance de ‘’logiciels dépassés’’. Pour bon nombre d’ivoiriens restés lucides, ce retour de la France, n’est en effet, ni plus ni moins, la renaissance de l’hégémonie française dans son ex-pré-carré, la Côte d’Ivoire.
Au-delà des discours policés et enrobés de mensonges, nous montrerons, dans notre analyse, comment la question de la souveraineté totale de la Côte d’Ivoire, est toujours valable et reste au cœur des aspirations du peuple ivoirien, et fascine inlassablement les jeunes générations africaines. Comment, par des procédés de plus en plus subtils et pernicieux, les puissances occidentales, notamment la France, entendent asseoir leur domination complète et durable dans ce pays.
Certes, la France se targue d’une part, d’avoir les moyens financiers, l’expertise et les outils nécessaires à la recherche et à l’exploitation des ressources naturelles de la Côte d’Ivoire. D’autre part, elle possède les infrastructures pour la transformation de ces ressources. Cependant, ces raisons sont-elles suffisantes pour qu’elle impose son dictat à la Côte d’Ivoire ? Et qu’elle continue de piller toutes les matières premières de ce pays, ne lui laissant que des miettes dont il devrait se contenter ?
Vous conviendrez avec nous que non ! L’idéal dans ce cas serait d’abord de refuser une telle contrainte et de faire jouer des appels d’offre, invitant ainsi de nouveaux partenaires économiques. Chose inconcevable pour les patrons d’entreprises françaises qui considèrent la Côte d’Ivoire comme leur chasse gardée ! Ceux qui ont essayé ont fini par subir le courroux de la France: Henri Konan Bédié dans son discours du 22 décembre 1999 à l’Assemblée Nationale, était loin d’imaginer qu’il prononçait les mots qui allaient sceller définitivement son sort et celui de son régime. Il pensait bien faire en dénonçant des mesures à lui imposées. Il affirmait notamment : « Au cours de ces années, on nous a imposé des conditions de gestion draconiennes, sans cesse renforcées » et encore: «Ce fardeau est trop lourd, trop injuste, trop aliénant. Il constitue un obstacle à la bonne gouvernance et à notre lutte contre la pauvreté». Laurent Gbagbo, quant à lui, n’a pas subi un meilleur destin. Sarkozy estimant que ce dernier « est résolu à se tourner vers des partenaires inhabituels », en l’occurrence, la Russie et la Chine.
Au regard de ce qui précède, comment Alassane pourrait-il ne pas privilégier les intérêts de la France en faisant d’elle le partenaire exclusif de la Côte d’Ivoire ? Lui si redevable à l’armée française pour son accession au pouvoir ? Selon des analystes français: «Aux yeux de Paris, Alassane Ouattara, ami personnel de Sarkozy, ancien directeur du Fmi, gestionnaire libéral, représente un interlocuteur beaucoup plus crédible que Gbagbo, le nationaliste ».
Ce n’est pas en vain que la France a déployé des moyens considérables pour intervenir en Côte d’Ivoire, au risque de se discréditer aux yeux d’une certaine opinion africaine qui réprouve l’interventionnisme occidental. La France est en passe, s’il elle ne l’est déjà, d’avoir le contrôle total du pays. On annonce à cet effet une signature prochaine d’accords de défense entre les deux pays. Et François Fillon ne manque pas d’ajouter : « La France restera solide en matière de sécurité aux côtés de la Côte d’Ivoire».
Si la France et les Etats-Unis s’impliquent à un tel degré en Côte d’Ivoire, c’est que l’enjeu en vaut certainement la peine. Selon des observateurs: «L’Afrique dispose globalement d’un potentiel de ressources naturelles encore inexploitées: diamant, or, uranium, bauxite, cuivre, cobalt, Coltrane et gaz. Il faut aussi et surtout compter avec le Golfe de Guinée (zone dont fait partie la Côte d’Ivoire ndlr) qui se présente aujourd’hui comme le centre d’intérêt des pays à la recherche de la sécurité énergétique dont font partie la France et les Etats-Unis».
En réalité, c’est surtout par instinct de survie. Quand on sait que l’arrivée des pays émergents, marque le début du déclin des puissances occidentales, qui n’ont quasiment plus de ressources naturelles propres à elles. La pérennisation de l’hégémonie française et américaine passe nécessairement par le maintient de l’Afrique et donc de la Côte d’Ivoire dans la pauvreté. Le tout, bien orchestré par l’endettement des pays pauvres pris dans la spirale infernale de l’octroi, de l’allègement et du remboursement de la dette et son corolaire de mesures d’austérités.
La démarche de la France et de ses alliés en Libye et en Côte d’Ivoire, rappelle les premières heures de la colonisation de l’Afrique, pendant lesquelles les occidentaux sont arrivés en Afrique et ont soumis les peuples africains par la force de leurs armes. Seulement, aujourd’hui, en ce 21ème siècle, le prétexte tout trouvé pour annexer la Côte d’Ivoire de Gbagbo ‘’l’insoumis’’ est l’argument de la protection des populations. Ils ont fait de l’argument des droits de l’homme un prétexte imparable en instrumentalisant des organisations et institutions internationales telles que l’ONU ou l’OTAN. Enfin, pour parachever et asseoir durablement leur œuvre de recolonisation, la France et les Etats-Unis évoquent des raisons de lutte contre la drogue et le terrorisme. En réalité, il s’agit ici de protéger surtout leurs investissements en Côte d’Ivoire. Ils ont intérêt à ce que ce régime dont ils ont favorisé l’arrivée au pouvoir reste stable pour continuer tranquillement et surement leur sale besogne. A savoir, piller les richesses de ce pays. Comme on peut le voir, les colons franco-américains n’ont pas renoncé à leur ambition de dominer le monde, et ce même, au détriment du peuple ivoirien.
Aujourd’hui, 40 ans après l’indépendance de leur pays, les ivoiriens ont mûris. Fini le temps des indépendances sous haute surveillance. Les ivoiriens ont de plus en plus soif de justice, ils tiennent au respect de leur dignité et surtout de leur liberté. Il suffit de se rappeler l’histoire récente de ce pays pour s’en rendre compte. Ils ne veulent plus être spoliés de leur autonomie. Même dans un contexte de mondialisation, ces ivoiriens n’entendent pas renoncer à leur combat pour la souveraineté. La Côte d’Ivoire avec toutes ses potentialités tendrait à devenir un pays émergent, à même de traiter d’égal à égal avec la France et les Etats Unis, à l’image de l’Afrique du Sud ou de la Chine.
Mais Alassane Ouattara, le sous-préfet de Sarkozy, bombardé Président de la république, selon le bon vouloir de la France, tel un extra-terrestre, reste totalement déconnecté des réalités de ce peuple. Bien plus, il nargue les ivoiriens en affirmant : « les chiens aboient la caravane passe », ne trouvant rien de mieux à dire face aux accusations l’indexant de favoriser le retour du colon. Un tel affront ne saurait d’avantage être toléré par les ivoiriens épris de justice. Oui, la Côte d’Ivoire a les moyens d’assurer son propre développement : elle en a les ressources et les hommes dont l’expertise n’est plus à prouver. Pourvu qu’elle remporte la lutte contre le néo-colonialisme et l’hégémonie des puissances étrangères, telles que la France, qui empêchent l’émergence et la promotion d’une véritable démocratie en Côte d’Ivoire et ailleurs sur le continent Africain.
Marc Micaël