Justice / Après 3 mois de détention à la Maca : Hermann Aboa entame sa révolution

Publié le lundi 17 octobre 2011 | L'intelligent d'Abidjan - Arrêté le jeudi 21 juillet 2011 alors qu’il tentait d’introduire une requête en vue du dégel de ses avoirs, le journaliste de la Rti,

Hermann Aboa lors de son transfert à la Maca.

Publié le lundi 17 octobre 2011 | L'intelligent d'Abidjan - Arrêté le jeudi 21 juillet 2011 alors qu’il tentait d’introduire une requête en vue du dégel de ses avoirs, le journaliste de la Rti,

Hermann Aboa croupit depuis maintenant trois (03) mois derrière les barreaux. A la Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan (Maca) où il est détenu depuis son transfert du camp d’Agban, l’ancienne vedette de l’émission télévisée « Raison d’Etat » mène sa première et dure expérience de prisonnier. Le crâne rasé, de longues moustaches qui lui pendent tout autour des lèvres et une barbe abondante qui le rend quasi méconnaissable, le journaliste fait ‘’sa révolution’’. Une révolution à la Hermann Aboa ! Bien loin de celle de Mamadou Koulibaly, du moment où il s’était lui aussi laissé ‘’envahir’’ le visage par la barbe. Petit à petit, Hermann tente de s’adapter à l’univers carcéral de Yopougon qu’il n’avait pas prévu. Mais que faire si c’est le prix à payer pour avoir fait son travail avec fougue ? En attendant, Hermann Aboa préfère la vie carcérale de la Maca à celle qu’il vivait en exil au Ghana, loin de sa famille, des parents, des amis et de la Côte d’Ivoire, son pays. Il vient non seulement de prendre 8 kilos de plus, mais aussi se sent beaucoup plus mieux dans sa peau et dans l’esprit aujourd’hui. Las qu’il était de vivre une vie de ‘’fugitif’’ et d’être hors du processus de reconstruction et de réconciliation. L’univers carcéral n’est certes pas un lieu de résidence à conseiller à quelqu’un, mais au moins, étant là-bas, il a la possibilité de voir son épouse, ses 2 enfants, ses parents et ses proches. Mais aussi et surtout d’être en contact direct avec ses compatriotes et la Côte d’Ivoire tout entière. Quand ce ne sont pas des jours de visite, Hermann Aboa partage ses journées entre lecture, écriture et jeu de scrabble. Le livre qu’il lit actuellement est un ouvrage d’Ingrid Betancourt intitulé « Même le silence a une fin ». Dans ce livre de 700 pages qui retrace les années de captivité de l’ex-otage franco-colombienne des FARC, il trouve un remontant. Et comme il aura, lui aussi, une histoire à raconter dès sa sortie de prison, un témoignage à faire sur la crise postélectorale ivoirienne, ses 2 mois d’exil ghanéen, son retour au pays suite au discours rassembleur du Président de la République Alassane Ouattara lors de son investiture du 21 mai 2011 à Yamoussoukro, son arrestation et son incarcération qui dure maintenant plus de 3 mois, Hermann Aboa est chaque jour à l’épreuve de l’écriture. De jour comme de nuit, il essaie de concevoir afin d’énoncer clairement à la postérité son témoignage d’une crise qui l’a conduit dans les profondeurs d’une geôle. Son bouquin sera un condensé des vicissitudes intervenues dans sa vie depuis le 28 novembre 2010 jusqu’à sa vie de « captif ». La réconciliation, il y tient tellement et il demande pardon pour toutes les personnes décédées lors de la douloureuse crise postélectorale. Son rêve le plus ardent, c’est de recouvrer très rapidement la liberté et se mettre au service de la République. Le journalisme étant une passion pour lui, retrouver les téléspectateurs est une exigence. Et si vous voulez connaître son vœu secret, sachez que c’est de faire une interview avec le Président Alassane Ouattara et plusieurs leaders politiques de premiers plans dès sa remise en liberté. Ce sera ainsi son plus beau cadeau à la nation ivoirienne. Et le signe que la réconciliation si chère au chef de l’Etat est effectif. Le Comité ivoirien de protection des journalistes (Cipj) continuer de plaider pour sa mise en liberté provisoire ‘’jusqu’à ce que toutes les charges retenues contre lui soient clairement avérées’’. De façon officielle, Hermann Aboa est incarcéré pour atteinte à la défense nationale et à la sûreté de l’Etat, participation à un mouvement insurrectionnel et atteinte à l’ordre public. Le journaliste n’a jamais été auditionné pour tout ce qui lui est reproché. Il souhaiterait d’ailleurs que cela se fasse très rapidement afin de lever toute équivoque sur sa culpabilité présumée, et sa situation judiciaire.

David Yala